Une inscription en latin datant du XVIe siècle et gravée sur le mur d’un musée turc a provoqué mardi une controverse politique, la presse accusant le gouvernement islamo-conservateur de vouloir la faire effacer en estimant qu’il s’agit d’une atteinte à la religion.
Selon les journaux, le ministère de la Culture a ordonné par écrit aux autorités locales de Bodrum (ouest) de faire effacer l’inscription « Inde deus abest (là où dieu est absent) », gravée par les chevaliers de Saint-Jean à l’entrée du cachot de la citadelle médiévale dominant la ville balnéaire.
Le ministère, ont précisé les journaux, aurait estimé que l’inscription n’avait aucune valeur historique.
Le ministre de la Culture et du Tourisme Atilla Koç a mis en doute l’authenticité de l’épigraphe lors d’une conférence de presse mardi, et annoncé qu’une enquête avait été ouverte sur son origine. Il a exclu que l’inscription soit effacée avant la fin de l’enquête.
Mais l’ancien directeur du musée, Oguz Alpözen, cité par les grands journaux Hürriyet et Sabah, a accusé le parti de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, de vouloir se débarrasser de l’inscription pour des raisons politiques.
« L’inscription est authentique. Le Refah (parti politique interdit sur les cendres duquel l’AKP a été fondé, ndlr) avait également voulu l’effacer car selon eux dieu est omniprésent », a souligné l’archéologue.
« Censure d’une inscription de 500 ans », titrait de son côté le quotidien Sabah.
La citadelle de Bodrum abrite un important musée d’archéologie sous-marine où des épaves de bateaux sont exposées. L’une de ses deux tours fut utilisée comme prison (chambre des tortures) entre 1513 et 1522.