Dans la cité des réfugiés

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«Monde clos» de Christos Chryssopoulos fourmille d’histoires insolites ou tragiques, ancrées dans la spécificité d’Athènes, ville d’asile.

Titre: Monde clos

Auteur: Christos Chryssopoulos

Editeur: Actes Sud

Autres informations: Trad. d’Anne-Laure Brisac. 208 p.

Isabelle Martin, Samedi 31 mars 2007

«Most people are other people», cette citation liminaire d’Oscar Wilde (à qui d’autres auteurs anglo-saxons font écho au fil des chapitres) donne le ton légèrement décalé de ce roman. On le doit à un auteur né en 1968, qui a fait des études d’économie et de sociologie avant de se tourner vers la traduction de l’anglais et la critique littéraire. Paru aux Editions Kastaniotis en 2002, Monde clos est ancré dans ce qui fait peut-être la spécificité d’Athènes (même si elle n’est jamais nommée): être une ville de réfugiés depuis la terrible année 1922, qui vit l’arrivée de 130000 Grecs fuyant les provinces d’Asie Mineure à l’issue désastreuse de la guerre contre la Turquie. Après la guerre civile qui suivit la Seconde Guerre mondiale, l’exode rural a pris le relais, si bien que la capitale rassemble aujourd’hui la moitié de la population du pays.

Description de photos, dialogue entre deux adolescents, portraits, récits de vie, histoire en sept jours, scènes de rue, confession imaginaire: pour dépeindre «la ruche labyrinthique, anarchique, laide» de la cité des réfugiés et ses générations d’habitants (le plus âgé est né en 1880, les plus jeunes sont lycéens), Christos Chryssopoulos multiplie les approches, traque les histoires insolites et parfois terribles. Comme pour démentir cette observation qu’«ici, dans la cité des réfugiés, chacun pourrait facilement être n’importe qui d’autre». Comment oublier par exemple l’histoire de Celui qui a marché? Inlassablement répétée, avec les mêmes mots, c’est l’histoire «devenue canonique, comme les textes sacrés», d’un vieil homme revêche et bizarre qui l’a vécue jadis, quand il était un très jeune détenu dans un camp dirigé par un commandant pervers.

Il y a aussi l’histoire des deux frères Giorgios et Giorgios, qui s’éprennent de la même femme et mènent une paisible vie à trois, puis à deux lorsque Nadia meurt; celle de la fragile Olga, qui met le feu à son lit pour tenter d’échapper à un père incestueux; ou celle d’une robe noire portée par une femme qui a vu l’homme qu’elle aimait se vider de son sang à ses pieds, frappé à coups de couteau tandis qu’il l’embrassait. D’autres, apparemment plus banales, doivent leur climat d’étrangeté au regard distancié du narrateur écrivain, qui note que «la cité des réfugiés est un lieu difficile pour s’aimer. Les gens ici sont fatigués, la vie s’immisce entre eux et les sépare en deux, comme un couteau tranchant».

raffi
Author: raffi

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