Danser sur les braises, un rite religieux qui perdure en Grèce du Nord

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Se jeter pieds nus sur des braises avec des icônes sous les bras et osciller au rythme du tambour et de la lyre. Cette tradition ancienne se perpétue en Grèce du Nord, mélange de rite chrétien orthodoxe et de paganisme.

La plupart des « Anastenaridès », ceux qui marchent sur le feu, sont des descendants des familles grecques contraintes à l’issue des guerres balkaniques du début du XXe siècle de quitter leurs villages de Thrace orientale, au sud de la Bulgarie, pour s’installer en Grèce, à Lagadas et les villages alentour.

Ils font renaître cette tradition trois fois par an, dont le 21 mai, jour de la Saint-Constantin et de la Sainte-Hélène, l’une des fêtes les plus célèbres du calendrier orthodoxe grec.

Les préparatifs commencent la veille: icônes, étoffes brodées, ex-voto attachés sur des foulards rouges, objets précieux de certaines familles, sont déposés devant l’iconostase, située au fond de la pièce principale du local des Anastenaridès, surnommé « konaki ».

Les musiciens prennent place et se mettent à chanter un air folklorique thracien qui évoque les exploits guerriers et la bravoure des héros byzantins.

Après avoir prié, les participants se mettent à danser à l’improviste, en avançant ou reculant à petits pas, certains brandissant des icônes.

Le lendemain matin, l’eau sera bénie, un veau de neuf mois et trois petits agneaux seront égorgés dans la cour du « konaki » pour être cuits pour le dîner, prévu tard dans la nuit, après la danse sur les braises, point culminant de la cérémonie.

Cette année les orages printaniers n’ont permis l’allumage du feu qu’à minuit. Les braises ont rapidement été transformées en amas de cendres grises et la danse avec les icônes a duré à peine une demi-heure.

Mais les fidèles ne s’inquiètent pas, le rituel dure trois jours et la danse sur les braises va reprendre la nuit du 23 mai.

« Ca fait 30 ans que j’y participe et je n’ai pas du tout mal (…) car notre Dieu là-haut est à nos côtés », affirme Georgia Hatzibouzini, une femme âgée qui remet ses chaussures après avoir marché sur les cendres brûlantes.

« Personne ne peut expliquer les vraies origines de cette tradition, nous avons été initiés par nos familles », explique Yorgos Mélikis, l’un des organisateurs du rituel, auquel il participe depuis 40 ans, après avoir l’avoir expérimenté pour la première fois à l’âge de 12 ans.

L’une des nombreuses versions expliquant ce rite affirme qu’une église grecque a été incendiée au XIIe siècle dans un village en Bulgarie et que les fidèles avaient pénétré dans les flammes pour sauver les icônes.

Mais d’autres font remonter cette tradition à l’Antiquité.

« La cérémonie a des racines très anciennes, du temps où l’on adorait le soleil, le feu. J’y vois un sens purificateur (…) une force interne pour la maîtrise du feu, un élément païen », dit Miranda Terzopoulou, une ethnologue, initiée ces dernières années à ce rite comme des dizaines de nouveaux adeptes attirés par cette tradition.

L’Eglise orthodoxe de Grèce avait jadis qualifiée « d’hérétique » ce rituel, et les popes sont rares à y participer.

« L’Eglise a dit que nous avions le diable au corps et que nous brandissions les icônes pour faire la fête », se rappelle M. Mélikis.

raffi
Author: raffi

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