Les cinq hommes sont accusés d’insulte aux institutions judiciaires et de tentative d’influencer la justice pour avoir dénoncé dans leurs colonnes la décision d’un tribunal interdisant l’organisation, en septembre 2005, d’une conférence sur les Arméniens dans l’empire Ottoman.
La réunion d’intellectuels a finalement eu lieu avec un jour de retard, le gouvernement turc encourageant même sa tenue en allant jusqu’à suggérer aux organisateurs le moyen de contourner l’ordre du tribunal.
Ismet Berkan, Erol Katircioglu, Haluk Sahin et Murat Belge, du quotidien libéral Radikal, ainsi que Hasan Cemal, du journal à grand tirage Milliyet, n’en risquent pas moins de six mois à 10 ans de prison pour leurs prises de positions.
Pour Hasan Cemal « je n’ai fait qu’employer mon droit d’expression en écrivant que la tenue de cette conférence scientifique était nécessaire et que la décision du tribunal nuisait au fonctionnement de la démocratie ».
L’éditorialiste a appelé le gouvernement à encourager un « changement de mentalité » chez les juges, en les obligeant notamment à prendre en compte dans leurs décisions les pistes tracées par la Cour européenne des droits de l’Homme.
Il a également enjoint les autorités de réformer l’article 301 du nouveau code pénal, entré en application en juin 2005, qui punit les insultes à l’identité turque ainsi qu’à diverses institutions d’Etat et a servi de bases aux poursuites lancées contre lui et plusieurs autres intellectuels.
Selon un rapport publié vendredi par le Réseau de communication indépendante (BIA), une organisation non gouvernementale de défense de la liberté d’expression et des droits des journalistes, 29 écrivains, journalistes et éditeurs sont ou ont été poursuivis sur la base de l’article 301.