Une enquête du journal israélien Haaretz basée sur les données aéronautiques disponibles montre que 92 avions-cargos de la compagnie azérie Silk Way Airlines ont atterri à la base aérienne d’Ovda en Israël au cours des sept dernières années.
Ainsi des quantités importantes d’armes ont été exportées vers l’Azerbaïdjan par 92 vols depuis la base militaire israélienne selon l’enquête de Haaretz.
« Au cours des deux dernières décennies, Israël a eu une alliance stratégique avec l’Azerbaïdjan. Israël vend des armes pour des milliards de dollars au pays à majorité chiite, et en retour, selon des sources, l’Azerbaïdjan approvisionne Israël en pétrole et assure son accès à l’Iran » a déclaré la source, selon 1lurer.am.
Selon des médias étrangers, l’Azerbaïdjan a autorisé le Mossad à installer une unité sur son territoire pour surveiller les événements en Iran, voisin du sud de l’Azerbaïdjan, et a même préparé un aéroport destiné à aider Israël s’il décide d’attaquer les installations nucléaires iraniennes. Les rapports vieux de deux ans indiquent que des agents du Mossad, qui ont volé les archives nucléaires iraniennes, les ont passées en contrebande en Israël via le territoire de l’Azerbaïdjan. Selon des rapports officiels d’Azerbaïdjan, Israël vend depuis des années à Bakou les systèmes d’armes les plus avancés, notamment des missiles balistiques, des systèmes de défense aérienne et de guerre électronique, des drones kamikazes et autres.
Silk Way est l’une des plus grandes compagnies aériennes de fret en Asie et, selon des documents officiels, elle sert de sous-traitant pour divers ministères de la Défense à travers le monde. La compagnie opère trois vols par semaine entre Bakou et l’aéroport international Ben Gourion avec des avions cargo Boeing 747, et l’année dernière était le troisième plus grand transporteur de fret étranger à Ben Gourion en volume.
Selon les données présentées pour la première fois, les avions IL-76 de la compagnie ont atterri à l’aéroport d’Ovda au moins 92 fois depuis 2016. Silk Way est l’une des rares compagnies aériennes à atterrir à Ovda. Silk Way a même été au centre d’un rapport d’enquête des médias tchèques en 2018, qui alléguait que des armes interdites à la vente en Azerbaïdjan avaient été expédiées vers ce pays dans le cadre d’un accord 24 heures sur 24 via Israël, malgré l’embargo sur les armes.
Les avions Silk Way ont atterri à Ovda près de 100 fois. Les données montrent une augmentation des vols vers Bakou, en particulier à la mi-2016, 2020 et fin 2021.
Le fait que les deux pays voient l’Iran comme une menace directe n’a fait que renforcer la relation. L’Azerbaïdjan a déclaré son indépendance en octobre 1991 et Israël, l’un des premiers pays à reconnaître la nouvelle nation, a ouvert une ambassade à Bakou en 1993.
L’économie de l’Azerbaïdjan repose principalement sur le pétrole et le gaz et, dans le cadre de son alliance stratégique, il est devenu le plus grand fournisseur de pétrole d’Israël. Selon les estimations, environ la moitié du pétrole importé par Israël provient d’Azerbaïdjan.
Dans les premières années de l’indépendance, l’Arménie et l’Azerbaïdjan comptaient sur les arsenaux soviétiques, mais depuis 2016, selon l’Institut international pour la paix de Stockholm, la situation a changé, et maintenant Israël est responsable de près de 70 % des armes de l’Azerbaïdjan.
De nombreux rapports officiels, déclarations et vidéos d’Azerbaïdjan montrent qu’Israël a exporté vers ce pays une très grande variété d’armes, des fusils Tavor aux systèmes les plus sophistiqués tels que les radars, les défenses aériennes, les missiles antichars, les missiles balistiques, les navires, un grande variété de drones à des fins de reconnaissance et d’attaque. Des entreprises israéliennes ont également fourni une technologie d’espionnage avancée.
« Les armes israéliennes ont joué un rôle important lors de la reprise des combats contre l’Arménie entre les deux pays lors de la guerre des quatre jours d’avril 2016 et en particulier lors de la deuxième guerre du Haut-Karabakh en 2020, ainsi que lors des batailles de 2022. L’utilisation d’armes de haute technologie et de haute précision par les forces armées azerbaïdjanaises, y compris celles fabriquées en Israël, en particulier des drones, a joué un rôle important dans la réussite militaire. Je suis convaincu que nos relations bilatérales seront encore renforcées et approfondies dans divers domaines après la guerre patriotique » a déclaré le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Jeyhun Bayramov dans une interview au journal « Israel Hayom » en avril 2021.
Lors de la visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Bakou en 2016, Aliyev a révélé que les deux pays avaient déjà signé des contrats pour acheter environ 5 milliards de dollars d' »équipements de défense ».
Israël et l’Azerbaïdjan ont fait passer leur relation au niveau supérieur en 2011 avec un accord massif de 1,6 milliard de dollars qui comprenait une batterie de missiles Barak pour intercepter des avions et des missiles, ainsi que des drones Searcher et Heron de l’industrie aérospatiale israélienne. Il a été rapporté que vers la fin de la deuxième guerre du Haut-Karabakh en 2020, la batterie « Barak » a été touchée par le missile balistique « Iskander » lancé par l’Arménie.
En 2017, l’Azerbaïdjan a acquis des véhicules aériens sans pilote Hermes 900 avancés d’Elbit Systems et des missiles balistiques LORA d’une portée de 430 kilomètres depuis IAI. En 2018, Aliyev a ouvert une base militaire où se trouvent des missiles LORA, à environ 430 km d’Erevan, la capitale de l’Arménie. Au moins un missile LORA a été tiré pendant la guerre de 2020 et aurait touché un pont sur lequel l’Arménie fournissait des armes et du matériel à ses forces au Haut-Karabakh. Des missiles Spike plus avancés ont été envoyés en 2019 et 2020. « En plus des systèmes d’armes israéliens, la Turquie a fourni ses drones Bayraktar TB2, qui ont joué un rôle majeur dans la frappe des cibles arméniennes », écrit le journal.
En octobre 2022, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz s’est rendu en Azerbaïdjan et a rencontré Aliyev. Dans un communiqué officiel, Gantz a déclaré que sa visite portait sur des questions de sécurité et politiques, ainsi que sur l’approfondissement de la coopération entre les deux pays. À cette époque, il n’a pas été publié qu’un mois avant la visite de Gantz, Yair Kulas, le chef de l’Administration israélienne des exportations de défense (SIBAT), a effectué une visite privée en Azerbaïdjan et a rencontré le ministre responsable de l’industrie de la défense de la république.
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé avoir discuté de l’élargissement de la coopération avec l’industrie de la défense d’Israël. Après un certain temps, l’Azerbaïdjan a officiellement annoncé qu’il ouvrirait bientôt une ambassade en Israël pour la première fois, qualifiant cela d’« étape historique ».
« Après cette visite, la tension entre l’Azerbaïdjan et son voisin l’Iran s’est intensifiée. Sur la base des preuves du Haut-Karabakh, les relations de l’Azerbaïdjan avec l’Arménie ont de nouveau atteint un point d’ébullition, et un autre conflit violent pourrait se préparer » conclut Haaretz.
Dans le même temps, sept autres avions azerbaïdjanais ont atterri sur la base aérienne « Ovda ». Après un séjour et un chargement de deux heures, les avions sont revenus à Bakou, conclut le journal. Source Artsakhpress
Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan
Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora
