Les responsables de l’aviation civile arménienne ont exprimé de sérieuses réserves concernant les conclusions de l’enquête préliminaire russe sur le crash de l’appareil des lignes régulières arméniennes qui avait fait 113 morts en mai dernier, au large de Sotchi, dans le sud de la Russie. Citant ces conclusions, mettant en cause le pilote, le ministre russe des transports Igor Levitin avait déclaré en juillet dernier que l’équipage de l’Airbus A-320 arménien aurait perdu le contrôle de l’appareil alors qu’il faisait une deuxième tentative pour atterrir à Sotchi, sur les rivages russes de la mer Noire. Ces conclusions avaient été avalisées par la Commission interétatique de l’aviation (ICA) basée à Moscou, un organe dépendant de la CEI qui avait lui aussi enquêté sur l’accident le plus grave de l’histoire de l’aviation arménienne. Le département de l’aviation civile du gouvernement arménien avait à l’époque accepté le verdict, tout en soulignant que l’hypothèse d’une erreur humaine ne répondait pas à toutes les questions soulevées par l’accident. Ces doutes semblent avoir pris le dessus, puisque le département arménien dirigé par Artyom Movsisian a remis la semaine dernière à l’ICA un rapport de six pages remettant en cause certaines des conclusions des enquêteurs russes. En particulier, le rapport reproche aux Russes de ne pas avoir pris en compte les failles de l’aéroport de Sotchi concernant la « détection des conditions météorologiques dangereuses », qui semblent avoir été à l’origine de l’échec de la première tentative d’atterrissage de l’appareil appartenant à la compagnie nationale arménienne Armavia. Le dirigeant de cette compagnie, Mikhaïl Baghdassarian, insiste sur le fait que l’A-320 aurait pu éviter le crash s’il n’avait pas reçu l’ordre à la dernière minute de s’éloigner de l’aéroport pour tenter un deuxième atterrissage. M. Baghdassarian, citoyen russe d’origine arménienne, a rejeté le verdict de l’ICA et demandé une « enquête indépendante ». Le département arménien de l’aviation civile conteste aussi les reproches implicites des enquêteurs russes selon lesquels Armavia n’aurait pas suffisamment entraîné ses pilotes, dont ils remettent en cause le niveau professionnel.
