La principale entreprise textile d’Arménie prévoit de licencier certains de ses 3 000 travailleurs ou de réduire leurs salaires en raison de l’appréciation significative de la monnaie nationale, le dram, qui a commencé peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Comme le rouble russe, le dram s’est affaibli par rapport au dollar américain et à l’euro au lendemain de l’invasion, mais s’est fortement redressé dans les mois qui ont suivi. Depuis le début de la guerre, le 24 février, le dram s’est renforcé de 13 % par rapport au dollar et de 22 % par rapport à l’euro, au total.
La monnaie arménienne a été stimulée par la relative stabilité macroéconomique de la Russie, premier partenaire commercial de l’Arménie, ainsi que par l’arrivée de milliers de Russes, pour la plupart de la classe moyenne. Son appréciation continue suscite des inquiétudes croissantes de la part des entreprises arméniennes orientées vers les marchés occidentaux et autres marchés non russes.
Parmi elles, Gloria, la plus grande usine textile du pays, située dans la ville de Vanadzor, au nord du pays. Son propriétaire, Bagrat Darbinian, s’est plaint mardi que Gloria a été durement touchée par la hausse du dram car elle vend l’essentiel des vêtements qu’elle fabrique en Europe.
M. Darbinian a déclaré qu’il devait réduire les coûts de production pour compenser la perte de revenus. Il a indiqué qu’il avait déjà demandé aux travailleurs de l’entreprise d’accepter une réduction de 30 % de leurs salaires, sous peine d’être mis en congé sans solde ou de perdre purement et simplement leur emploi.
« J’ai honte d’entrer dans nos unités de production », a déclaré M. Darbinian au service arménien de RFE/RL. « Les gens ne sont déjà pas beaucoup payés et je veux réduire leurs salaires. Mais il n’y a pas d’autre issue. »
L’homme d’affaires, qui affirme avoir investi 5 millions de dollars dans l’usine au cours des trois dernières années, a déclaré avoir déjà fait appel au gouvernement et à la Banque centrale d’Arménie pour aider à affaiblir le dram.
Les autorités reçoivent des demandes similaires de la part d’autres entrepreneurs et chefs d’entreprise orientés vers l’exportation, notamment des représentants de sociétés de logiciels arméniennes.
Le gouverneur de la banque centrale, Martin Galstian, a clairement indiqué mardi que la banque ne réduira pas les taux d’intérêt et n’interviendra pas sur le marché monétaire national pour réduire la valeur du dram. M. Galstian a déclaré que le renforcement du dram atténue quelque peu les pressions inflationnistes sur l’économie arménienne, aggravées par la guerre en Ukraine.
« En affaiblissant artificiellement le dram, nous créerions une situation inflationniste encore plus grave qui toucherait tous les citoyens, y compris les exportateurs », a-t-il déclaré aux journalistes.
M. Galstian a également fait valoir que le renforcement du dram rend de nombreuses matières premières importées moins chères pour les exportateurs.
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