Les deux principaux syndicats de magistrats français ont dénoncé aujourd’hui la « parodie de procès » et la « condamnation infondée » de leur confrère turc Murat Arslan à dix ans de prison, et appelé l’Europe à peser pour faire cesser les violations des droits fondamentaux en Turquie.
« Le Syndicat de la magistrature et l’Union syndicale des magistrats dénoncent avec force l’arrestation injustifiée de Murat Arslan, son incarcération abusive et sa condamnation infondée » vendredi par « un tribunal turc soumis au pouvoir politique », dans un communiqué commun, diffusé sur Twitter. Ils appellent « les autorités internationales et en particulier l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’Homme à peser pour qu’une situation plus démocratique et respectueuse des droits de tout citoyen soit rétablie dans ce pays, à faire cesser immédiatement les violations graves des droits fondamentaux et à obtenir la libération de toutes les personnes détenues pour motifs politiques en Turquie ».
Murat Arslan, un ancien rapporteur de la cour constitutionnelle turque, a reçu en 2017 le prix des droits de l’Homme Vaclav Havel du Conseil de l’Europe, qui avait rendu hommage à son engagement en faveur de « l’indépendance de la magistrature ». Murat Arslan, qui a notamment présidé l’Association des juges et des procureurs (YARSAV), une ONG critique envers le gouvernement turc et dissoute après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, a été révoqué puis arrêté en octobre 2016. Il a été accusé par les autorités d’être lié à la mouvance du prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen – ce qu’il nie.
Dans un message adressé à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), qui décerne le prix, Murat Arslan avait présenté la Turquie comme une « prison, au sein de laquelle les voix des militants des droits de l’Homme sont étouffées ». Ankara avait lui jugé « inacceptable » l’attribution du prix Vaclav Havel à un magistrat accusé de « terrorisme » dans son pays.