La police anti-émeute a procédé à au moins 18 arrestations mercredi 27 avril, alors qu’elle s’affrontait à des militants de l’opposition qui organisaient des manifestations de faible ampleur à Erevan pour tenter d’obtenir le soutien de la population à la tentative de l’opposition de renverser le Premier ministre Nikol Pachinian.
Les deux principales alliances de l’opposition arménienne ont lancé les protestations lundi avant les manifestations antigouvernementales de masse qu’elles ont prévues. Elles affirment que l’éviction de M. Pachinian empêcherait l’Azerbaïdjan de bénéficier des concessions importantes qu’il a prévues.
Pour la troisième journée consécutive, des groupes de membres et de partisans de l’opposition ont organisé des « marches de sensibilisation », bloqué des rues et pénétré dans des campus universitaires à Erevan.
La circulation dans l’une de ces rues a été perturbée pendant plusieurs minutes. La police anti-émeute l’a débloquée par la force, arrêtant au passage plusieurs manifestants.
La police arménienne a indiqué par la suite que 18 militants de l’opposition avaient été arrêtés dans différents quartiers de la ville en début d’après-midi.
Onze autres personnes ont été arrêtées mardi. Trois d’entre eux sont restés en garde à vue le lendemain, risquant d’être accusés de « hooliganisme ». La police n’a pas précisé pour quel motif exact ils pouvaient être poursuivis.
Benik Galstian, un avocat représentant les détenus, a déclaré que lui aussi ne sait pas pourquoi ils n’ont pas été libérés. Il a déclaré avoir demandé à un tribunal d’Erevan d’ordonner leur libération.
Gegham Manukian, un législateur de l’opposition qui a rendu visite aux militants en détention dans la matinée, a dénoncé la procédure pénale comme étant « absurde ».
« L’un des gars a été arrêté la nuit dernière au motif qu’il se soustrayait à une enquête criminelle », a déclaré Manukian au service arménien de RFE/RL. « En fait, il s’est précipité au Comité d’enquête immédiatement après qu’on lui ait téléphoné pendant la manifestation ».
Pendant ce temps, deux groupes d’autres opposants ont continué à marcher vers Erevan depuis les provinces d’Ararat (sud) et de Tavush (nord). L’un d’eux était dirigé par Anna Grigorian, un autre législateur affilié à l’alliance d’opposition Hayastan.
Mme Grigorian s’est dite encouragée par leur accueil dans les villages d’Ararat situés le long d’une autoroute menant à la capitale arménienne. « Le moral est au beau fixe, car nous nous battons pour une idée, et cette unité nous mènera à la victoire », a-t-elle déclaré.
Hayastan et l’autre bloc d’opposition, Pativ Unem, ont prévu leur premier rassemblement pour ce dimanche. Ils ont déjà rassemblé conjointement des milliers de partisans sur la place de la Liberté à Erevan le 5 avril pour mettre en garde M. Pachinian contre un accord visant à rétablir le contrôle de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh.
Le lendemain, le Premier ministre a rencontré le président azerbaïdjanais Ilham Aliev à Bruxelles pour des entretiens organisés par le président du Conseil européen Charles Michel.
S’exprimant devant le Parlement le 13 avril, M. Pachinian a déclaré que la communauté internationale faisait pression sur l’Arménie pour qu’elle revienne sur ses exigences concernant le statut du Karabakh et reconnaisse l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. Il a signalé l’intention d’Erevan de faire de telles concessions à Bakou.
Les élus pro-gouvernementaux maintiennent que Pachinian n’a pas appelé à la restauration du contrôle azerbaïdjanais sur le Karabakh. Ils ont accusé l’opposition d’exploiter la question pour tenter de prendre le pouvoir.
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