Diaspora turque sous tension

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Les immigrés turcs sont attachés à la Belgique. Plutôt pessimistes sur l’avenir de leur pays d’accueil, ils ont tendance à idéaliser la Turquie.

Les émeutes nationalistes de jeunes turcs, en décembre 2007, n’ont pas débuté par hasard à Saint-Josse et à Schaerbeek. Une vaste enquête menée par une équipe de l’université Bilgi d’Istanbul, à la demande de la Fondation Roi Baudouin, souligne le caractère plus conservateur, précarisé et replié sur soi des Turcs bruxellois. « Ici, nous sommes privés des goûts qui existent en Turquie, dit un jeune Schaerbeekois de 16 ans.

Les Belges pensent qu’en Europe il y a le bonheur, l’argent, mais, au contraire, tout y est plus difficile. Ce n’est pas le genre de vie que je veux. L’endroit où nous vivons est très désordonné. Il y a de la crasse, le cadre de vie n’est pas bien. Tout le monde court après l’argent. »

A gauche en Belgique, à droite en Turquie

Forte de 200 000 âmes, la communauté turque de Belgique est aussi diverse que peut l’être la Turquie, avec sa mosaïque de peuples et de religions réunie sous la férule d’un Etat fort. Aux yeux de 48 % des Belgo-Turcs, l’armée turque reste l’institution la plus fiable de leur pays, bien avant les mosquées (17 %). En revanche, en Belgique, ils plébiscitent les services de santé et de sécurité sociale (47,8 %) et attachent un crédit moindre aux mosquées (21,8 %), bien que 46 % d’entre eux se déclarent pratiquants. La laïcité de la Turquie moderne a laissé des traces : 68 % des Belgo-Turcs sont favorables à la séparation de la religion et de l’Etat…

L’enquête présente d’autres paradoxes. Si la majorité des personnes interrogées ont la nationalité belge (74, 5 %) ou envisagent de l’obtenir (13, 8 %), elles se décrivent surtout comme Turcs (40,6 %) ou comme Turcs musulmans (31 %). Leur attachement à la Belgique n’est, ce- pendant, pas discutable. Beaucoup y associent le « confort de vie », le respect des droits sociaux et de la propriété privée. Logiquement, ils soutiennent les partis socialistes francophone et flamand (41 %), le CD&V tirant son épingle du jeu (13,5 %) en Flandre.

Mais, en Turquie, les Belgo-Turcs préfèrent l’AKP (41 %), le parti islamiste dit modéré. Le parti d’extrême droite MHP (Loups gris) ne recueillerait, en Turquie, que 8 % de leurs suffrages, en dépit de l’activisme de ce mouvement à Bruxelles et à Anvers.

Les chercheurs de l’université Bilgi décrivent une diaspora très vivante, mais à cheval sur deux mondes. Plutôt pessimiste à propos de l’avenir de son pays d’accueil (30 %) et convaincue de l’avenir radieux de la Turquie (65 %), cette immigration connaît une « tension croissante » entre deux groupes : ceux qui s’adaptent aux normes ambiantes et les autres, souvent précarisés, qui ont tendance à idéaliser leur identité turque.

Marie-Cécile Royen

LE VIF

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Author: raffi

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