Dick Cheney au Kazakhstan pour le Grand Jeu de l’énergie en Asie centrale

Se Propager

La visite du vice-président américain Dick Cheney début mai au Kazakhstan a été l’occasion pour Washington de placer ses pions en Asie centrale, au coeur d’un vaste jeu géopolitique avec à la clé le contrôle de l’accès aux ressources d’hydrocarbures de la région.

« C’est le Grand Jeu du 21 ème siècle en Asie centrale, il va essayer de convaincre les Kazakhs d’exporter les ressources de la Caspienne vers l’ouest, pour faire barrage à la Chine », tout en coupant court au quasi monopole de la Russie sur les routes des hydrocarbures, observe Chris Weafer, stratège de la banque Alfa à Moscou.

Washington avait en effet intérêt à encourager le développement de l’industrie des hydrocarbures au Kazakhstan, l’un des rare pays au monde à disposer de capacités d’extraction en réserve, et au Turkménistan, aux grandes réserves de gaz, pour alimenter le marché mondial et contenir ainsi les cours des hydrocarbures.

Dick Cheney a mis en garde la Russie contre toute pression politique qu’elle pourrait exercer grâce à son contrôle sur les gazoducs et oléoducs dans l’espace post-soviétique.

« Il n’y a pas de cause légitime qui puisse justifier l’utilisation du gaz et du pétrole comme instruments de manipulation et de chantage », a affirmé le vice-président américain à Vilnius.

Le faucon américain, qui a parlé énergie avec le président kazakh, l’autoritaire Noursoultan Nazarbaïev, a dû insister sur une diversification des voies d’exportation hors de l’emprise russe.

Notamment le renforcement de l’oléoduc existant CTC entre le gisement kazakh de Tengiz et le port russe de Novorossiïsk, qui est contrôlé par un consortium comprenant plusieurs société américaines.

Les Etats-Unis veulent aussi convaincre le Kazakhstan de se raccrocher à l’oléoduc BTC et au gazoduc attenant qui relient déjà Bakou, sur la côte ouest de la Caspienne en Azerbaïdjan, à la Turquie en passant par la Géorgie, en évitant la Russie.

Le Kazakhstan avait déjà donné son accord pour livrer ses ressources pétrolières par tanker vers Bakou, de l’autre côté de la Caspienne, mais Astana évoque désormais la construction d’un gazoduc sous la Caspienne qui formerait un nouveau couloir d’exportation vers l’Europe.

Ce gazoduc, au coût estimé à 5 milliards de dollars, a justement été évoqué par le commissaire européen à l’Energie Andris Piebalgs avec le ministre de l’Energie kazakh Bakhtykoja Izmoukhambetov dans la capitale kazakhe.

« Nous soutenons la création d’un quatrième corridor pour le transport de gaz vers les pays européens », a dit M. Piebalgs selon l’agence Interfax.

La participation indispensable à ce projet de l’Azerbaïdjan a sans doute été évoquée lors d’une visite du président azerbaïdjanais Ilham Aliev à Washington.

Cependant pour les analystes de la Deutsche Bank UFG à Moscou, « le gazoduc transcaspien ne devrait pas être construit pendant cette décennie ».

Et pour Christopher Weafer ce projet, encore très hypothétique, « pourrait être appuyé par l’Union européenne dans le seul but de faire pression sur la Russie » et parvenir à obtenir de meilleurs termes pour ses échanges gaziers avec Moscou.

Entre temps, Moscou a déjà fait entendre sa mauvaise humeur face aux tentatives de court-circuiter le quasi-monopole sur les ressources gazières d’Asie centrale qu’a mis en place le géant gazier Gazprom et dans une moindre mesure le contrôle russe sur les routes du pétrole.

« On essaie de nous freiner sous le moindre prétexte ou bien au Nord, ou bien au Sud, ou bien à l’Ouest », avait déclaré Vladimir Poutine fin avril.

Pendant ce temps, Pékin, dont la soif d’énergie va toujours croissante, a déjà remporté une partie puisque le premier oléoduc transfrontalier vers son territoire a été mis en service depuis l’est du Kazakhstan.

Sergueï Lavrov rejette les critiques de Dick Cheney

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a raillé le vice-président américain Dick Cheney pour ses critiques acerbes de la Russie en laissant entendre que le haut responsable américain était mal informé. « Je pensais qu’une personne occupant un poste aussi élevé à la tête de l’Etat disposerait de toute l’information objective nécessaire mais il a apparemment été trompé par ses conseillers et assistants », a ironisé M. Lavrov dans un communiqué. « La Russie veut être et est en train de devenir une démocratie souveraine, forte et stable », a déclaré le ministre. « La démocratie est nécessaire non seulement à l’intérieur d’un Etat mais aussi sur la scène internationale », a ajouté M. Lavrov plus loin dans son communiqué.

M. Lavrov a rétorqué qu’en 40 ans, ni l’Union soviétique ni la Russie n’avaient rompu de contrat d’approvisionnement en énergie. « Nous avons entendu des commentaires similaires de la bouche d’hommes politiques de rang inférieur mais le vice-président américain devrait disposer de cette information », a-t-il lancé.

Des experts estiment qu’en durcissant le ton face au Kremlin, via Cheney, M. Bush entend prendre ses marques avant le sommet de Saint-Pétersbourg et pousser les Russes à prendre des mesures pour éviter un fiasco sur ce thème lors de la réunion des 15-17 juillet.

Mais ils ajoutent que Washington risque aussi de s’aliéner Moscou. « Le discours de Cheney (..) a sans aucun doute toutes les chances d’irriter le Kremlin, et à mon avis a peu de chance d’obtenir les résultats voulus », déclare Stephen Larrabee, spécialiste de la sécurité européenne à la Rand Corporation.

« Il est clairement important d’essayer de garder un équilibre, parce qu’il vaudrait mieux pour nous avoir la coopération de la Russie face à l’Iran et au Hamas, si possible », ajoute-t-il.

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut