Paris le 30 juillet 2000-Armenews-Le théâtre de ce véritable drame pour les défenseurs de la cause arménienne s’appelle Falls Church, en Virginie. C’est là, le 25 juillet, que l’industrie pétrolière semble avoir trouvé sa « dream team » susceptible de faire lever la résolution 907 interdisant tout aide directe américaine à l’Azerbaïdjan : Dick Cheney est devenu le candidat républicain à la vice présidence des Etats-Unis aux côtés de George Bush Junior, fils de son père et champion de la défense des intérêts turcs aux Etats-Unis. Par la même occasion, cette nomination semble avoir plongé les Arméniens américains dans la hantise de voir la prochaine administration américaine se tourner résolument vers l’Azerbaïdjan et ses réserves pétrolières. Pour Michael Mashdesian, président du comité de soutien à Al Gore, « les Arméniens du monde entier sont troublés, non par le fait que Dick Cheney représentait les intérêts pétroliers américains, mais avait une position pro-azerbaïdjanaise extrêmement agressive au dépends de l’Arménie et du Haut-Karabagh ». Cheney n’est pas un inconnu pour les Arméniens des Etats-Unis. Quand il était à la Maison Blanche, il s’est par deux fois opposé à des résolutions portant reconnaissance du génocide arménien. En tant que Secrétaire à la Défense du Président Bush, celui-là même qui a déclenché l’ignoble guerre contre le peuple irakien, il n’a pas hésité à demander des transferts massifs d’armements à la Turquie. Plus près de nous, après l’indépendance de l’Arménie, alors qu’il était consultant pour
l’industriel Halliburton Energy Services, il s’est beaucoup investi dans le lobbying en faveur de la levée de l’interdiction de l’aide américaine à l’Azerbaïdjan. Ayant visiblement joué le bon cheval, les autorités de Bakou et la Chambre de Commerce azerbaïdjanaise avaient décerné à Dick Cheney, en 1997, une récompense au cours de son banquet annuel de Washington pour services rendus. L’opposition résolue de Cheney en faveur du renouvellement de la section 907 trouvera un bon condensé dans l’édition du 13 juin 1998 du « Amarillo Business Journal ». Il y déclarera notamment qu’il « faut aller là où il y a du pétrole. Je ne suis pas spécialement effrayé par cette perspective. Le Congrès (américain) a prouvé qu’il pouvait être un obstacle encore plus grand pour les opportunités de développement de nouvelles affaires que les pays étrangers eux-mêmes. Certains suggèrent qu’il faille boycotter les Etats qui ne respectent pas les libertés religieuses. Je ne suis pas du tout d’accord avec cette manière de voir ». Les Arméniens et le Congrès, n’en doutons pas, auront apprécié les propos du personnage. En dernière instance, c’est de la diaspora, notamment américaine, que le salut viendra pour l’Arménie. Face à une pression de plus en plus grande des pétroliers sur le Congrès américain, il y fort à parier que la section 907 soit levée avant la fin du mandat de Bill Clinton. Par dessus tout, les Députés et Sénateurs américains, qu’ils soient Démocrates ou Républicains, détestent se mettre à dos un nouveau vice-président?
