Difficiles négociations entre responsables militaires russes, arméniens et azéris pour tenter de dissiper les tensions à la frontière arméno-azérie

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A l’issue de difficiles pourparlers ce week end, les hauts responsables militaires russes, arméniens et azéris ont dû admettre qu’ils n’étaient toujours pas parvenus à un accord permettant de mettre fin à la crise provoquée le 12 mai par l’intrusion de quelque 250 soldats azéris sur une portion de territoire arménien dans la province méridionale du Syounik. Le premier ministre arménien Nikol Pachinian n’a pas commenté les résultats de cette rencontre dans son intervention liminaire lors d’une réunion lundi 17 mai du Conseil de sécurité d’ Arménie à Erevan. « Les négociations continueront mercredi”, s’est contenté de déclarer le premier ministre en ajoutant : “Les négociations ont un seul objectif : les troupes azerbaïdjanaises doivent quitter le territoire arménien”. Les pourparlers avaient débuté peu après l’intrusion des troupes azéries dans le territoire du Syounik, où ils opéraient une percée de trois kms sans tirer un seul coup de feu. Placés devant le fait accompli, les soldats arméniens qui avaient été dépêchés sur les lieux n’avaient pu en déloger les Azéris, forts de leur « bon droit », garanti par d’anciennes cartes soviétiques manifestement tronquées à leur avantage. L’armée arménienne a fait état d’incursions azéries sur deux autres sections de la frontière arméno-azérie, un peu plus au nord, dans la province de Gegharkounik. Armen Khachatrian, un député de la majorité parlementaire arménienne représentant une ciconscription du Syounik, a désigné les pourparlers comme étant “plutôt productifs”, sans fournir plus de détails. « Les négociations continueront. Il y a encore des questions en suspens”, a ajouté le député, interrogé par le service arménien de RFE/RL.

A. Khachatrian a confirmé par ailleurs les informations selon lesquelles le général Rustam Muradov, commandant du contingent de forces de paix russes déployées dans le Haut-Karabagh en vertu des termes de l’accord de cessez-le-feu arméno-russo-azéri du 9 novembre 2020 qui mit fin à six semaines de guerre, avait participé en personne aux négociations. Selon N. Pachinian, la situation à la frontière reste globalement inchangée même si un certain nombre de soldats azéris se sont retirés depuis le 14 mai, des territoires qu’ils occupaient en Arménie. “Cela signifie que nous devons continuer à activer les mécanismes de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et continuer à œuvrer sur l’activation des mécanismes de l’alliance russo-arménienne”, a poursuivi N.Pachinian, en laissant clairement comprendre qu’une sécurisation de la zone frontalière reposait essentiellement sur la Russie. Peu après la réunion du Conseil de sécurité, N.Pachinian a écrit sur sa page Facebook que les tensions sur “certaines portions” de la frontière arméno-azérie étaient montées en puissance au cours des dernières heures en raison de l’“agressivité accrue des forces azéries”, sans donner plus de précisions. A la fin de la semaine dernière, l’Arménie en avait appelé officiellement à l’OTSC et à la Russie pour qu’elles l’aident à faire face aux incursions azéries et à restaurer son intégrité territoriale. L’Arménie avait demandé à l’alliance miitaire dirigée par la Russe qu’elle active l’Article 2 de son traitéfondateur en vertu duquel l’OTSC doit discuter les termes d’une réponse collective au cas où la sécurité de l’un de ses Etats membres est gravement menacée. Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a indiqué pour sa part lundi que Moscou restait en “contact permanent” tant avec Erevan qu’avec Bakou et déployait des “efforts énergiques pour dissiper les tensions et rectifier la situation”.

L’Azerbaïdjan, comme d’habitude, s’enferme dans le déni. Il a ainsi démenti avoir envoyé ses troupes traverser une frontière dont il conteste d’ailleurs le tracé, tout le problème venant de là : selon Bakou, ses troupes ne font que prendre position et consolider ces positions du côté azerbaïdanais de la frontière. Le président Ilham Aliyev a désigné l’appel de l’Arménie à l’OTSC – dont l’Azerbaïdjan n’est pas membre – comme “dénué de tout fondement”. “Il n’y a pas eu d’affrontements armés à la frontière, la situation est stable et les négociations suivent leur cours”, a ainsi déclaré I. Aliyev dans un entretien téléphonique avec Kasim-Zhomart Tokayev, président du Kazakhstan, membre influent quant à lui de l’OTSC. Le ministère azerbaïdjanais des affaires étrangères a déclaré, pour sa part, que Bakou et Erevan devraient régler cette crise frontalière par la voie de “contacts bilatéraux”, laissant ainsi clairement paraître son peu d’enthousiasme concernant une médiation russe. N.Pachinian a répliqué en soulignant que les deux Etats du Sud Caucase n’avaient pas de relations diplomatiques et qu’ils étaient tombés d’accord pour procéder à la démarcation et à la délimitation de leur frontière dans un “format trilatéral”, associant la Russie. Le premier ministre arménien avait affirmé à la fin de la semaine dernière que Bakou pourrait être tenté de “provoquer des affrontements militaires de grande envergure” six mois seulement après le cessez-le-feu auquel il avait souscrit avec l’Arménie sous l’égide de la Russie. Il n’avait pas manqué de mettre l’accent sur les importants exercices militaires dans lesquels est engagée l’armée azérie depuis dimanche.

Ce regain de tensions à la frontière arméno-azérie a aussi suscité les réactions inquiètes des Etats-Unis et de la France, qui coprésident avec la Russie le Groupe de Minsk de l’OSCE, et qui ont tous deux appelé l’Azerbaïdjan à retirer ses troupes des zones frontalières arméniennes. Le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian auraient discuté de cette crise dans une conversation téléphnique dimanche. Selon le Département d’Etat américain, ils auraient “discuté de leur coopération dans le cadre de la coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE en mettant l’accent sur la nécessité de parvenir à un règlement politique durable du conflit du Haut-Karabagh”. Il est vrai que la communauté internationale a le regard tourné sur une autre zone de conflit au Moyen-Orient, où l’on craint une nouvelle guerre israélo-palestinienne. Sans doute cette actualité brûlante n’a-t-elle pas échappé aux autorités azéries, qui ont mis à profit la résurgence de la crise au Moyen-Orient mettant aux prises leur allié israélien et les Palestiniens, pour renforcer la pression militaire sur l’Arménie.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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