Dilemme marseillais

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Les répercussions des grands enjeux politiques nationaux peuvent parfois entrainer de cruelles compétitions au niveau local. Il en sera notamment ainsi à Marseille. La première circonscription verra en effet se concurrencer, parmi une vingtaine de candidats, la valeureuse Valérie Boyer, députée LR sortante, qui a donné son nom à la proposition de loi anti-négationniste de 2012 ; et le non moins valeureux Pascal Chamassian, ex-président de la JAF Marseille, leader de la troupe Araxe-Sassoun, ex-Secrétaire général du CCAF, qui compte  depuis 30 ans au nombre des principales figures de la cause arménienne en France.

Entre deux personnalités si proches de leurs préoccupations, comment les Arméniens de cette circonscription, dont on prétend qu’ils représentent près de 10% de son corps électoral, vont-ils choisir ? Si tant est que de fortes convictions politiques ne les poussent pas finalement vers d’autres rivages ! Bien malin qui pourrait le dire. 

En tout état de cause, il semblerait à la lecture de quelques forums ou autres réseaux sociaux que certains Arméniens reprocheraient à Pascal Chamassian d’aller chasser, en quelque sorte, sur les terres de Valérie Boyer et de se montrer en cela bien ingrat envers elle. Comme il est hélas d’usage dans ces zones de débats anonymes, ces critiques ont donné lieu à de graves dérapages verbaux contre « l’impétrant » (soutenu par Yves Ternon) qui aurait osé défier la « madone » (soutenue par Jean-Claude Gaudin et Martine Vassal).

Pourtant, ce n’est rien retirer à Valérie Boyer que de reconnaitre le droit imprescriptible du citoyen Chamassian à être candidat pour donner au président Emmanuel Macron une majorité pour gouverner (puisque c’est bien là l’enjeu national), laquelle pourrait se décider à un député près… D’autant qu’il s’est déjà présenté dans cette même circonscription. Et ce n’est pas faire crédit à la candidate LR que de supposer qu’elle cautionnerait les attaques au ras du caniveau contre l’un de ses 21 adversaires, au motif que ses origines arméniennes impliqueraient une «reconnaissance de dette» politique à son endroit. 

Valerie Boyer a eu  certes l’honneur de déposer en 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy (battu à la primaire de la droite en 2016 par son champion François Fillon), une proposition de loi visant à pénaliser le «négationnisme des génocides reconnus par la France». Les descendants des victimes ne l’oublient pas. Comme ils n’oublient pas que 5 ans auparavant, Christophe Masse, qu’elle avait vaincu dans cette même circonscription, avait lui aussi proposé et fait voter en 2006 à l’Assemblée Nationale une loi pénalisant le «négationnisme du génocide arménien». Ainsi va la politique. Que les « non-ingrats» ou les « non-amnésiques » lèvent le doigt !

Bien que d’autres communautés fassent montre de moins de pudeur en ce domaine, on peut tout à fait comprendre et voire même préconiser que la solidarité  ne joue pas au profit d’un candidat au motif de ses origines. Réflexe républicain salutaire. 

En revanche on comprendrait moins qu’elle joue en sa défaveur, sauf à sombrer dans la haine de soi,  terrifiant complexe propre aux peuples dominés.  En serait-on encore là ?

LREM a en tout cas investi 4 Arméniens, Danièle Cazarian, Pascal Chamassian, Jacques Marilossian, Guillaume Kasparian, sans compter Nadia Essayan (Palestinienne chrétienne mariée à un Arménien)à l’issue d’une procédure visant à renouveler le personnel politique pour le rendre plus conforme à l’image du pays. En revanche l’ensemble de ses principaux rivaux réunis, LR, FN, France insoumise, n’en ont pas trouvé, ne fut-ce qu’un seul, digne de les représenter. Dommage !

Alors pour qui voteront les Arméniens de la 1re circonscription du 13 ? Si entre deux membres d’une même tendance, on peut supposer que le soutien à la « cause » peut constituer un critère de sélection, que faire lorsqu’ils sont sur ce sujet en position d’équilibre ? Est-ce l’appartenance partisane qui fera pencher la balance ? Plutôt qu’à trancher entre leur amie Valérie Boyer et leur non moins ami (tout de même !) Pascal Chamassian, vont-ils opter pour ce qu’ils estiment le meilleur pour la France – LR ou LREM ? – faisant abstraction au passage de la dernière prestation de « Les Républicains » au Sénat ( vote massif contre la loi « égalité et citoyenneté » qui permettait de pénaliser sous certaines conditions le négationnisme ) et oubliant que « La République En Marche » n’a pas de bilan en la matière, et pour cause ? 

Choix difficile – qu’on nous autorise à ne blesser personne -, même si d’autres, encore conditionnés par de vieux enjeux de concurrence inter-arménienne, voire d’anciennes querelles qui datent de la guerre froide, font preuves de moins de scrupules à cet égard…Fatiguant. Mais qu’importe… Au-delà de ce dilemme marseillais, une certitude devrait tout de même s’imposer : on attend que celui qui sera le moins bien placé a l’issue du premier tour se désiste au profit de celui qui sera le plus à même de garantir la victoire, dans la logique d’un front républicain. Ce qui serait la moindre des choses dans ce contexte. 

Ara Toranian
 

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Author: raffi

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