Discours 15 mars 2006 devant le consulat d’Allemagne à Marseille par Pascal Chamassian, Président du CCAF Marseille-Provence

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Chers amis,

Nous voici réunis devant le consulat d’Allemagne à Marseille à l’appel du CCAF Marseille Provence.
A la même heure d’autres rassemblements ont lieu à Paris et à Valence pour protester contre les manifestations prévues en Allemagne par des organisations turques en hommage à Talaat Pacha.

Le CCAF Marseille Provence tient d’emblée à remercier pour leur soutien et leur présence à nos côtés les élus, le CRIF Marseille Provence et son Président Isidore Argaones,
l’association Mémoire pour la Paix présidée par Clément Yana, la communauté assyro-chaldéenne de Marseille, et les nombreux militants associatifs du MRAP, du mouvement de la Paix….

Dans le reste de la France de nombreuses associations démocrates, éprises de justice et de liberté se sont jointes à notre mouvement.

Il s’agit de la Licra, du Conseil des Communautés Chypriotes de France, d’Europe pour la Mémoire, de Mémoire 2000, de J’Accuse, de l’Organisation des Assyro-Chaldéens de France, de l’UEJF, d’Ali Ertem, Président du SKD (Association contre les Génocides – Allemagne), et du Dr Tessa Hofmann, Présidente du Groupe de Travail Reconnaissance (AGA-Allemagne).

Du 15 au 19 mars à Berlin, des groupes ultranationalistes turcs, téléguidées par Ankara, commémorent la mémoire de Talaat Pacha, le « Hitler » turc, ordonnateur du génocide des Arméniens qui fit 1,5 million de victimes en 1915.
Ces manifestations en l’honneur de Talaat se déroulent en Allemagne, terre qui a su revenir sur son passé, reconnaître ses crimes et demander pardon au peuple juif.
Comment cette Allemagne qui a retrouvé sa dignité par l’aveu de ses fautes, comment cette Europe qui a été le témoin de la Shoah, peuvent-elle accepter que l’on se livre sur son sol à l’apologie d’un crime contre l’Humanité ? Que l’on célèbre sur son sol la mémoire Talaat comme on célèbrerait la mémoire d’Hitler ?

En 1915 l’Allemagne alliée de la Turquie était sur place, témoin de l’extermination du peuple arménien.

Ses quatre ambassadeurs, Wangenheim, Hohenlohe, Metternich et Bernstorff, tous ont régulièrement informé Berlin des atrocités commises au cours des déportations.

Les archives allemandes possèdent des centaines de documents écrits par les ambassadeurs et consuls allemands mais également par des missionnaires, des employés de chemin de fer, des directrices d’orphelinat, des médecins, des infirmiers, des professeurs, des aumôniers, des officiers, des correspondants de presse.

Le plus célèbre de ces témoignages est le rapport secret du Docteur Johannes Lepsius.

Tous les documents allemands disent que les Turcs avaient pour but « la solution finale de la question arménienne ». Le premier génocide du XXième siècle se déroulait malgré la présence de ces témoins.

Soucieuse de conserver ses bonnes relations avec la Turquie, l’Allemagne ne s’était contentée que de quelques protestations. L’Allemagne savait et aujourd’hui l’Allemagne peut, pour bâtir « l’Europe des consciences », dénoncer le premier génocide du XXème siècle.

Le 16 juin 2005, le Bundestag a voté à l’unanimité une résolution qui affirme que le gouvernement « Jeune-Turc » a détruit la quasi-totalité du peuple arménien. Dans cette résolution le Bundestag regrette également la responsabilité de l’Allemagne dans cette extermination.

« Le refus actuel du gouvernement turc de reconnaître le génocide commis contre le peuple arménien constitue un obstacle incontournable à l’examen d’une éventuelle adhésion de la Turquie à la communauté ». Tels sont les termes de la résolution votée par le Parlement européen le 18 juin 1987 et reprise par celle votée le 28 septembre 2005.

C’est au mépris de ces résolutions et plus généralement au mépris des valeurs européennes que du 15 au 19 mars est organisée à Berlin une série de manifestations pour commémorer la mémoire de Talaat Pacha, le chef du gouvernement « Jeune-Turc » de 1915, ordonnateur du génocide des Arméniens.

Ce criminel contre l’Humanité a servi d’exemple à Hitler qui déclarait pour convaincre ses généraux à la veille de l’invasion de la Pologne : « Qui se souvient encore aujourd’hui du massacre des Arméniens ? ».

La voix des citoyens européens que nous sommes est celle de la stupeur et de l’incompréhension.

Au nom de l’article 189 du code pénal condamnant « l’insulte aux morts », les autorités allemandes ont tout d’abord interdit une partie des manifestations. Hier soir, la cour de Berlin a contredit cette décision et légalisé les manifestations.

L’Allemagne subit les pressions de sa forte communauté turque soutenue par la Turquie.

Nous protestons contre cette inadmissible décision.

· Laisser faire ces manifestations c’est cautionner l’hommage à un criminel contre l’Humanité, alors qu’il faudrait exiger de la Turquie qu’elle le traite en tant que tel et non comme un héros avec son mausolée et les rues qui portent son nom.

· Laisser faire ces manifestations c’est se faire le relais de la propagande négationniste organisée par l’Etat turc au lieu de lui imposer le repentir.

· Laisser faire ces manifestations c’est bafouer les valeurs européennes et mettre en cause l’avenir de cette Europe prête à accepter en son sein un état génocidaire et négationniste.

· Laisser faire ces manifestations est une offense à la mémoire des 1.500.000 victimes arméniennes du premier génocide du XXème siècle.

· Laisser faire ces manifestations c’est accepter peut-être demain une statue d’Hitler à Berlin.

Les européens que nous sommes ne voulons pas de rues, de mausolée, de commémorations à la mémoire de Talaat pas plus que nous n’accepterons une statue pour Hitler.

L’Allemagne d’aujourd’hui est celle qui avec les autres Etats européens veut bâtir un avenir basé sur la justice et sur la paix.

Cet avenir ne peut se construire que sur le credo du « plus jamais ça ».

L’Allemagne en a été le précurseur et continue de prouver que cet avenir passe par l’acceptation du passé.
En ce sens elle doit servir d’exemple à la Turquie qui encore une fois prouve qu’elle est loin de comprendre ces valeurs.

Nous voulons au sein de l’Europe une Allemagne toujours prête à défendre les valeurs fondamentales européennes, une Allemagne qui s’oppose au chantage politico-économique de la Turquie, et qui, le moment venu, saura rester ferme pour faire respecter les résolutions du Parlement européen.

Cela passe d’abord par le refus des manifestations de la honte et de l’indignité.

C’est pourquoi nous demandons à l’Allemagne de faire barrage à la propagande négationniste turque et par conséquent d’annuler toutes les manifestations prévues à la mémoire du criminel Talaat.

Le CCAF demande aussi à tous les Etats membres de l’Union européenne, d’intervenir auprès des autorités turques pour qu’elles mettent un terme à cette campagne négationniste de grande ampleur visant – entre autres – à l’apologie d’un criminel contre l’Humanité, Talaat Pacha.

Enfin le CCAF demande à l’Union européenne de légiférer pour protéger les citoyens européens d’un activisme arménophobe fondé sur la haine et le déni d’un génocide impuni.

A quelques semaines de la 91ème commémoration du génocide des arméniens dans le monde entier, l’Etat Turc passe la vitesse supérieure en matière de négationnisme.

Au lieu d’avancer sur la route de la démocratie, et de la reconnaissance, la Turquie s’enferme dans son mensonge.

La communuaté Turque de France fomentée par Ankara s’apprête à manifester à Lyon contre l’érection d’un monument en la mémoire des 1500000 victimes arméniennes du génocide perpétré par la Turquie.

Tous ces évènements inquiètent la communauté arménienne de France. Le climat se détériore et nous laisse craindre le pire.

Les historiens qui demandaient il y a quelques semaines l’abrogation des lois mémorielles, dont celle du 29 janvier 2001, ont soudainement disparu de la scène médiatique.
Où sont ils les Nora, Vidal Naquet et consorts, qui clamaient que le Politique ne devait pas se mêler de l’Histoire ?
Que font ils pendant que Talaat Pacha est honoré en grandes pompes au cœur de l’Europe, sous le regard médusé des grandes démocraties ?
Nous aimerions les entendre en ces périodes de troubles.
Et bien oui messieurs les Historiens, le Politique doit se dresser comme un rempart face à de telles dérives fascistes et négationnistes.

C’est pourquoi là aussi le CCAF en proche concertation avec les élus de tout bord, travaille depuis des mois et des années pour ajouter un volet pénal à la loi sur le génocide des arméniens.

Aujourd’hui plus qu’hier il devient urgent d’aboutir, le vote par le parlement français de cette loi sera le meilleur bouclier, la meilleure protection que nous pourrons offrir aux 1500000 victimes de la barbarie turque, pour qu’enfin leur âme et leur mémoire ne puissent plus être bafouées impunément.

Mesdames et messieurs, dans les jours et les semaines à venir, le CCAF Marseille Provence en concertation avec ses homologues de la communauté arménienne de France et d’Europe, mais aussi avec le soutien des élus de la nation, de tous les mouvements démocrates qui sont déjà à nos côtés, appelle à la plus grande vigilance.

Le combat qui est le nôtre est juste, notre mobilisation doit être sans faille, et rien ne viendra ébranler notre détermination.

raffi
Author: raffi

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