En cette année européenne, je débuterai mon propos par les mots du poète Sylvain Tesson : « L’Arménie est une continuation de l’Europe, l’ambassade de nous-mêmes à la lisière turco-caspienne. Nos peuples se reconnaissent, ce qui est plus important que de se connaître. C’est une démocratie, une nation chrétienne. On y boit le vin. Les femmes n’y portent pas le voile islamique. On y vit libre. On y parle le français. On y rêve de liberté. On prie sous les églises. On respecte les droits de l’homme. Pour tout cela, nous voyons un miroir dans ces rochers. Il y a des choses du domaine de l’inexplicable et de l’intangible. Là-bas, la lumière à travers les tonnelles est de la même qualité que sur nos rivages. Nous pensions que jamais l’Europe ne laisserait mourir l’Artsakh.
En effet, l’Arménie est une continuation de l’Europe et pourtant l’Europe a laissé mourir l’Artsakh. Devons-nous pourtant baisser les bras et définitivement nous taire ? Non, car ce combat est celui de l’universel, de notre humanité. Même si nos regards sont aussi tournés vers l’Ukraine ou le Proche-Orient, plus que nul par ailleurs, notre humanité se joue aussi au Caucase.
C’est pourquoi, nous devons continuer à mettre la pression nationalement et internationalement notamment grâce à la résolution votée à la quasi-unanimité du Sénat le 17 Janvier 2024 condamnant l’offensive militaire de l’Azerbaidjan au Haut-Karabagh et demandant la garantie du droit au retour des populations arméniennes au Haut-Karabagh. Nous souhaitons aussi que l’Unesco, dépêche une délégation d’experts internationaux pour contrôler l’état de ce patrimoine multiséculaire, multimillénaire, qui appartient non seulement à la nation arménienne, mais à l’humanité tout entière. Aussi, ce soir, nous ne pouvons que manifester notre soutien aux prisonniers politiques actuellement retenus arbitrairement et illégalement dans les geôles de Bakou. J’ai une pensée toute parictulière pour Ruben VARDANYAN dont le fils nous fait ce soir l’honneur de sa présence.
Ce combat politique mené à Paris doit être aussi mené dans les instances européennes et à ce titre je ne peux que regretter que le Parlement européen n’ait pas voté la semaine dernière l’amendement demandant la suspension de l’accord gazier entre l’Europe et l’Azerbaïdjan. Chers membres du CCAF, vous devez profiter des élections européennes pour demander des engagements clairs et précis à chaque liste.
Ce combat n’est pas que politique, il est aussi culturel et humanitaire.
Culturel ce combat, la Région Hauts-de-France a eu l’honneur d’accueillir dans son hôtel de région l’exposition « Portfolio Arménie 2023 » de Lydia Kasparian et à ce titre permettez-moi d’avoir une pensée toute particulière pour son père le photographe Roger KASPARIAN qui nous a quittés il y a quelques semaines. Par ailleurs, la Région Hauts-de-France va renforcer son partenariat avec la Région de Vayotz Dzor, notamment avec une coopération économique, culturelle (et pourquoi pas sportive mon cher Joseph Oughourlian). La présence et l’investissement des collectivités territoriales françaises en Arménie constituent un rempart face à la menace toujours existante et existentiel que fait peser le régime de Bakou sur l’Arménie.
Humanitaire, car la Région Hauts-de-France votera un soutien financier à l’Association de soutien à l’Artsakh présidée par Nelly SERKISIAN afin de venir en aide aux Arméniens d’Artsakh réfugiés en Arménie, arrachés de la terre de ses ancêtres qui mène le combat de ce peuple qui ne veut pas mourir. Oui, comme il a pu exister par le passé, la France doit soutenir le Gouvernement en exil de l’Arstakh et les Hauts-de-France prendront leur part.
Pour conclure, je laisserai la parole à un autre poète en réponse à Sylvain Tesson avec les vers du poète Hovhannès CHIRAZ :
«Nous étions en paix comme nos montagnes, Vous êtes venus comme des vents fous. Nous avons fait front comme nos montagnes. Vous avez hurlé comme les vents fous. Éternels nous sommes comme nos montagnes Et vous passerez comme des vents fous ».
