Échirolles (Isère) : Une semaine de l’Affiche rouge en hommage au Groupe Manouchian

Se Propager
sans-titre1.png

Point d’orgue de la 8e Semaine de l’Affiche rouge d’Echirolles, les étrangers dans la Résistance, la commémoration solennelle du 76e anniversaire de l’exécution, par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944, de Missak Manouchian et des Combattants étrangers des FTP-MOI de la région parisienne, a réuni dimanche 23 février place de la Libération quelque 130 personnes à l’invitation conjointe de Renzo Sulli, maire, vice- président de Grenoble-Alpes Métropole et de Daniel Marandjian, président de l’Association des anciens combattants et résistants arméniens de l’armée française (AACRAAF).

On notait en outre la présence de Sylvette Rochas et Daniel Bessiron, conseillers départementaux, Martine Jullian conseillère déléguée et Bernard Macret adjoint au maire de Grenoble Éric Piolle, de nombreux élus ainsi que les responsables des associations d’anciens combattants, résistants, déportés et ami(e)s de la Résistance avec leurs porte-drapeaux et les représentants des associations arméniennes de l’agglomération grenobloise.

Après l’accrochage d’une gerbe sous la plaque de la rue Missak Manouchian, le cortège s’est rendu au Monument aux morts orné de chevalets présentant le portrait de Missak Manouchian et l’Affiche rouge.

Daniel Marandjian dans son discours très applaudi a salué la mémoire de « ces héros de l’ombre » que furent les combattants du groupe Manouchian. Il a réitéré avec force la demande, formulée depuis 2014, de transfert au Panthéon de la République des cendres de ces martyrs de la liberté qui attendent toujours dans leurs tombes du cimetière d’Ivry la reconnaissance suprême de la Patrie.
Aujourd’hui des voix plus nombreuses reprennent cette exigence, notamment après la disparition en 2018 d’Arsène Tchakarian dernier survivant du groupe Manouchian. C’est le cas du CCAF et de plusieurs parlementaires à l’occasion des récentes commémorations.

Jetant un regard sur la grande diversité d’origines des martyrs de l’Affiche rouge :
Espagnols vaincus par le franquisme, Juifs Polonais, Roumains, Hongrois fuyant l’oppression de régimes antisémites et xénophobes, Italiens pourchassés par le fascisme mussolinien, Arméniens rescapés du Génocide de 1915, il en a souligné les valeurs d’engagement au service de leur pays d’accueil : pour eux, la France n’était pas seulement une terre d’asile, mais le dernier refuge de la Liberté.

Puis il a rappelé le parcours de Missak Manouchian :
Orphelin, rescapé du génocide des Arméniens de 1915, poète, ouvrier assoiffé de culture française, il choisit en 1925 comme patrie d’adoption la France et sa devise Liberté, Egalité, Fraternité.

Le 6 février 1934, devant la montée du fascisme, il adhère au Parti Communiste Français. Il est de tous les combats : Front populaire, soutien à l’Espagne républicaine, Résistance avec la M.O.I., clandestinité, et enfin lutte armée. Il est très vite remarqué pour son courage et ses qualités d’organisateur.
Le Commandement des F.T.P. en accord avec le Conseil National de la Résistance le nomme Commissaire militaire pour la région parisienne le 1er juin 1943. Sous son autorité, l’action des F.T.P.-M.O.I. a redoublé d’efficacité.

Ils ont porté des coups terribles à l’ennemi. Leurs coups de mains toujours ciblés contre des installations militaires et de hauts dignitaires nazis, telle l’exécution de Julius Ritter, responsable du S.T.O. en France. Leur honneur aura été d’avoir toujours cherché à préserver les populations civiles. Ils ont installé la peur dans le camp de l’occupant jusqu’à ce qu’ils tombent après une longue traque dans les mains de leurs bourreaux des brigades spéciales du Commissaire « français » Fernand David en novembre 1943. Ce fut l’ignoble procès de l’Hôtel Continental les 19, 20 et 21 février 1944, monté par la Gestapo à seule fin de propagande : la mort comme seule sentence possible.
Et l’Affiche rouge, destinée à défigurer la noblesse de leur combat, leur désintéressement au service de la France pour en faire une « armée du crime » à la solde d’intérêts étrangers, devait au contraire les rendre immortels.

C’est ce parcours et ce sacrifice exemplaires qui lui ont valu cette citation du Général de Gaulle à la Libération : « Parmi les héros de la Résistance, Missak Manouchian restera l’une des plus nobles figures”.
Daniel Marandjian a rappelé l’origine et les buts de l’AACRAAF fondée en 1946 par des Arméniens réfugiés en France et mobilisés en tant qu’apatrides, des résistants et leurs aînés les engagés volontaires de la Guerre 1914-1918, pour défendre leurs droits, la mémoire et les valeurs d’engagement de ceux qui ont placé, jusqu’au sacrifice suprême, leur idéal de liberté, de justice, de solidarité et de paix si bien incarné par le programme émancipateur du Conseil National de la Résistance. Leur honneur aura été de servir sous le drapeau français sans en avoir la nationalité.

Un travail de transmission s’est traduit d’abord par l’inauguration à Échirolles en juin 1981 de la rue Missak Manouchian, sous le mandat de Georges Kioulou, puis dès 1983 avec Gilbert Biessy l’instauration de cette commémoration annuelle.
S’adressant au maire actuel, il a souligné : « Avec vous et vos municipalités successives, Monsieur Renzo Sulli, dont nous connaissons la
passion pour l’Histoire et ses enseignements pour le présent, cette action s’est poursuivie et amplifiée avec la création des « Semaines de l’Affiche rouge d’Echirolles, les étrangers dans la Résistance » que vous avez personnellement souhaitée, soutenue et accompagnée. Nous tenons à vous en témoigner toute notre reconnaissance, ainsi qu’à Jacqueline Madrennes adjointe à l’éducation, à la culture et au travail de mémoire.
Évoquant la 8e Semaine de l’Affiche rouge, il a remercié les partenaires réunis autour de l’AACRAAF : l’Amicale départementale des anciens F.T.P.F. et du Front National de la Résistance, l’A.N.A.C.R. 38 et ses Rendez-vous de la Résistance, le cinéma Pathé Échirolles, le Cercle Bernard Lazare de Grenoble, le Collège Jean-Vilar d’Echirolles, la Maison de la Culture Arménienne de Grenoble et du Dauphiné, la Ville d’Echirolles et le Conseil départemental de l’Isère.

Il en a rappelé les temps forts, outre cette commémoration solennelle :
1/ Vendredi 21 février au cinéma Pathé Échirolles, projection-débat de 2 films de Frank Cassenti, en présence du réalisateur et de Claude Collin historien. Programmation conjointe avec les Rendez-vous de la Résistance de l’ANACR.

Le 1er en séance scolaire « J’avais 15 ans » ; L’odyssée poignante d’André Kirschen, jeune étudiant communiste originaire de Roumanie, qui à l’âge de 15 ans, le 10 septembre 1941 tire sur un sous-officier allemand au métro Porte Dauphine.
Nous avons accueilli 5 classes de 3ème du collège Jean Vilar soit 120 élèves et leurs accompagnateurs.
Le 2ème en séance publique « L’affiche rouge ». Une reconstitution saisissante aux heures noires de l’occupation nazie et de la collaboration pétainiste, de l’action de ces résistants depuis leur entrée en clandestinité jusqu’à leur exécution.

2/ du lundi 9 au vendredi 14 mars, deux expositions au collège Jean-Vilar.

A/ « L’Affiche rouge, les étrangers dans la Résistance ». Réalisée par la Maison de la Culture arménienne de la Loire, elle décline, l’épopée glorieuse et tragique dans la France occupée de ces Etrangers sur le papier mais Français par le sang versé.
B/ « Votre sang qui chante sans frontières, la participation des étrangers aux combats pour la libération de la France ». Réalisée par le Musée de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne, elle restitue la grande diversité d’origines des hommes et des femmes venus du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Indochine, du Moyen-Orient pour contribuer à la libération de la France.
Les visites seront commentées par l’historien Claude Collin, avec la participation d’Alfred Roland ancien résistant F.T.P.F., Daniel Marandjian et Jean Forestier de l’AACRAAF.

Il a exprimé sa gratitude pour leur précieuse collaboration à Mme Monique Mary principale, aux professeurs et aux services du collège.
Tirant les leçons du passé, il a évoqué le présent dans un Monde, une Europe, une France où nous voyons à nouveau monter des
idéologies de rejet de l’autre, de xénophobie, de racisme et d’antisémitisme, ainsi que la crise fiscale, sociale, et institutionnelle importante que traverse depuis des mois notre pays, marquée notamment par l’abandon du principe de solidarité : “De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins” qui fonde notre système de retraites issu du Conseil National de la Résistance.

Ces derniers mois, c’est un déchainement de haine antisémite, islamophobe et xénophobe, citons :
1/ Plusieurs profanations par des croix gammées des tombes de cimetières juifs dans la région Grand Est. Les nostalgiques du nazisme sont encore à l’œuvre !
2/ L’attentat de la mosquée de Bayonne avec tentative d’incendie volontaire et fusillade faisant 2 blessés parmi les fidèles. L’enquête a révélé que l’auteur présumé avait été candidat du parti d’extrême droite lors des élections cantonales de 2015.
3/ La profanation le 6 décembre dernier du monument célébrant l’amitié Franco-Arménienne à Bandol recouvert des lettres TURK peintes en noir. A ce jour, les auteurs n’ont pas été identifiés mais cette signature illustre bien que nous sommes toujours victimes du négationnisme d’état de la Turquie.
Avec les associations de Résistants, porteuses de la mémoire des années noires du fascisme et du nazisme, qui ont toujours appelé au respect des valeurs démocratiques, humanistes, antiracistes pour lesquelles les résistants se sont levés, l’AACRAAF met en garde contre la tentation du tout sécuritaire porteur d’arbitraire et d’inégalités.

Daniel Marandjian a conclu son discours par cette citation de Lucie Aubrac : « Résister est un verbe qui se conjugue au présent ».

Moments d’émotions quand Vahé Manoukian et Mariam Sakunts, deux jeunes de la Maison de la culture arménienne de Grenoble et du Dauphiné ont respectivement incarné et fait vivre la dernière lettre de Missak à Mélinée et un condensé du chapitre « Un dernier jour, une dernière nuit » extrait du livre-témoignage de Mélinée Manoukian et quand Jean Forestier vice-président de l’AACRAAF et Jacques Simonian trésorier ont procédé à un Appel vibrant des 23 martyrs morts pour la France.

Le Chant des Partisans, Mer Hayrenik et la Marseillaise ont ponctué la cérémonie conclue par plusieurs dépôts de gerbes (Ville d’Echirolles, Ville de Grenoble, Anciens Combattants Arméniens et Comité de liaison des A.C.V.G.) et le salut aux 14 porte- drapeaux dont le fidèle Jackie Naoum.

Krikor Amirzayan

sans-titre1.png
sans-titre3-2.png
sans-titre4.png
sans-titre5.png
sans-titre6.png
sans-titre7.png

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut