Elif Shafak acquittée à l’ouverture de son procès ( toutes les photos)

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La cour d’Istanbul a acquitté jeudi la romancière turque Elif Shafak à l’ouverture de son procès controversé pour avoir insulté les Turcs dans un livre sur les massacres d’Arméniens sous l’empire ottoman, soulageant Ankara qui aspire à intégrer l’Union européenne.

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Le procès très médiatisé était considéré comme un test pour les efforts de démocratisation de la Turquie qui souhaite rejoindre les valeurs européennes et qui a entamé l’an dernier de difficiles négociations d’adhésion au club européen.

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Mme Shafak, 35 ans, risquait jusqu’à trois ans de prison pour avoir « insulté l’identité nationale » dans des propos de personnages fictifs de son dernier roman, « Baba ve Piç » (Le Père et le Bâtard), publié en mars en Turquie.

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Après 20 minutes d’audience seulement et sans même procéder à la défense, la Cour a estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves à l’encontre de l’écrivain qui n’était pas présente à cette première audience à Beyoglu, dans le centre-ville, car elle a accouché samedi d’un premier enfant, une fille.

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200 policiers environ étaient déployés sous la pluie aux abords du tribunal d’où une trentaine de manifestants ultra-nationalistes brandissant le drapeau turc ont été tenus à l’écart tandis que de nombreux intellectuels étaient présents pour soutenir la romancière.

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Une brève altercation a opposé des membres des deux parties devant la Cour poussant la police a intervenir. Deux personnes ont été interpellées.

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« Je suis contente », a dit la romancière à la chaîne d’information NTV au téléphone, affirmant que la disposition aux termes de laquelle elle a été accusée était beaucoup trop vague.

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Elle a rejeté qu’elle ait voulu insulter l’identité turque dans son ouvrage. « Tout au contraire, j’ai oeuvré au rapprochement des peuples arménien et turc », a dit l’auteur de plusieurs best-sellers et enseignante à l’université d’Arizona (Etats-Unis).

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L’écrivan a par ailleurs dénoncé l’émergence en Turquie d’une « culture du lynchage » contre des opinions dissidentes. « +Ceux qui ne pensent pas comme nous coopèrent avec l’ennemi+: cette idée m’inquiète », a-t-elle ajouté.

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« Je suis très heureuse de cette issue, mais seulement à titre personnel. Tant que l’article 301 restera en vigueur et interprété ou déformé comme c’est le cas, il y aura bien d’autres affaires similaires. Ce n’est pas la dernière », a-t-elle dit après le verdict.

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« J’ai eu davantage de soutien de la part du gouvernement, de l’Etat, la sécurité était bien meilleure et, en second lieu, le soutien émanant de la société civile, en particulier des médias, était plis fort », a-t-elle ajouté en établissant une comparaison avec le procès d’un autre écrivain turc, Orhan Pamuk, poursuivi pour des faits similaires et ayant bénéficié d’un acquittement pour faute de procédure.

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Elle est la dernière en date d’intellectuels poursuivis au titre d’un article controversé du code pénal, portant sur le « dénigrement de l’identité nationale » et dont l’UE réclame la modification de façon à respecter la liberté d’expression.

Le député européen Joost Lagendijk (Pays-Bas, groupe des Verts) qui a assisté à l’audience a réitéré que cet article devait être abrogé. « Seule l’abrogation de cet article satisfera l’UE », a dit aux journalistes le vice-président du comité parlementaire Turquie-UE.

La Commission européenne a également salué l’acquittement, tout en renouvelant son appel à une réforme de l’atricle incriminé.

L’article 301 a déjà servi de base à l’ouverture de poursuites, finalement abandonnées, contre notamment le célèbre écrivain Orhan Pamuk.

Personne n’a encore été emprisonné en raison de cet article, mais d’autres affaires sont en attente.

Le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül a récemment laissé entendre que l’article pourrait être modifié mais un amendement ne figure pas dans le cadre d’une série de réformes que le parlement débat actuellement et ce avant la publication par la Commission, le 8 novembre, d’un rapport crucial sur les progrès d’Ankara.

Les négociations d’adhésion euro-turques sont déjà en péril en raison du refus d’Ankara d’ouvrir les ports et aéroports turcs aux navires et avions chypriotes grecs, pourtant membre du bloc européen.

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A l’extérieur du tribunal d’Istanbul, des unités de police anti-émeutes sont intervenues pour tenter de mettre un terme aux échauffourées entre plusieurs dizaines de nationalistes et de gauchistes.

« Le juge était sous pression et le verdict couru d’avance, c’est pour cela que nous nous sommes retirés du dossier », a dit Ahmet Ulger, avocat des parties civiles qui a quitté le tribunal avant le verdict.

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