Elisecare sur le front de l’Arménie et de l’Artsakh

Se Propager


NAM : Qu’envisage Elisecare pour venir en aide à la population du Haut-Karabakh qui est placée sous le blocus depuis 3 mois ?

Elise Boghossian : L’ONG est présente depuis 2019 en Arménie et offre un accès aux soins à la population arménienne, à travers de multiples compétences médicales proposées par ses cliniques mobiles. Les cliniques mobiles sont composées d’une équipe complète avec un médecin, un pédiatre, elles nous permettent de structurer dans des conditions optimales et efficaces une mission dans des zones parfois devenues des déserts médicaux.

Durant la guerre des 44 jours en 2020 nous avons acheminé de l’aide médicale dans plusieurs villes en Artsakh comme Stépanagert, Martagert, Martuni, aidé en équipant des dispensaires accueillant les blessés de guerre. Nous avons financé deux ambulances et aidé des centres pour les brûlés

La situation actuelle dans en Artsakh est dramatique. Le blocus est un acte de guerre et la population d’Artsakh vient de traverser un hiver épouvantable sans électricité, sans nourriture ni médicaments. Elisecare a pu transférer une partie importante d’un container humanitaire via la Croix Rouge. La crise actuelle est politique. Tant qu’elle ne sera pas résolue, nous resterons dans la configuration de David contre Goliath. Car le dépeçage de l’Arménie n’est pas uniquement dans l’Artsakh. Plus au sud de l’Arménie, dans le Syunik, les Arméniens doivent faire face à des offensives répétées des troupes azerbaïdjanaises qui veulent découper cette région et assurer une continuité territoriale entre la Turquie et l’Azerbaïdjan. Là aussi, les populations ne peuvent donc pas accéder aux soins, et nous préparons actuellement une clinique mobile qui pourra circuler dans une quinzaine de villages.


NAM :Votre association a fêté cette année ses 10 ans, comment jugez-vous son évolution ? Correspond-elle à vos attentes ? 

EB : J’ai créé Elisecare en 2013, devant l’ampleur tragique des pertes humaines occasionnées par la guerre en Irak, et en Syrie, territoires qui font partie de mon histoire personnelle puisqu’une partie de ma famille y a été assassinée lors du génocide dirigé contre les Arméniens en 1915.
Je l’ai créée avec l’objectif d’aider les populations civiles exilées lors des conflits. Dès lors, je me suis totalement engagée pour soigner, et réparer la souffrance des rescapés. L’association s’est très rapidement développée et nous avons réussi à déployer des cliniques mobiles, à construire des centres de soins et d’accueil pour prendre en charge 100 000 victimes de tortures et de violence sexuelles, femmes et enfants confondus.

Plus tard, dès 2018, nous avons ouvert au Liban, en Ethiopie, en Arménie, et l’an dernier en Ukraine. Des dizaines de partenaires, de sociétés et de fondations d’entreprises nous ont rejoint et nos programmes s’inscrivent dans la durée pour accompagner efficacement des victimes de violence et de traite humaine. Des partenariats avec des institutions universitaires nous ont permis de former des experts, et d’améliorer leur niveau de compétences, notamment dans le domaine de la psychologie, de la chirurgie, du sauvetage au combat, etc .

NAM : Dans cette trajectoire, quels sont vos plus grands motifs de satisfaction ? 

EB : Ce sont dix années globalement heureuses qui se sont écoulées et je n’en attendais pas autant !
Nous avons accueilli des enfants en Irak, orphelins, victimes d’enrôlement et de trafic humain. Ces mêmes enfants, les meilleurs en classe aujourd’hui, sont une grande source de satisfaction.
Nous avons également des jeunes femmes issues des minorités chrétiennes et yézidies, arrachées à leur famille et vendues dans les marchés aux esclaves que nous avons accueillies et soignées dans nos centres des Survivants. Ce sont des femmes détruites que nous avons recueillies, victimes de la folie des djihadistes qui les ont exploitées sexuellement. Beaucoup d’entre elles revivent aujourd’hui, nous les avons accompagnées, jour après jour, parfois durant plusieurs années. Certaines sont retournées à l’université, d’autres se sont mariées, elles vivent avec leurs démons intérieurs certes et il est impossible d’oublier ces drames vécus, mais la flamme de vie en elles ne s’est pas éteinte.

NAM : Vos plus grandes déceptions ? 
EB :
Jeune ONG et en croissance rapide, nous avons pris de la place, trop certainement… soutenus dès le départ par les autorités locales en Irak et françaises, le tribunal du génocide et l’ONU, notre présence a suscité de la jalousie chez certains, présents depuis bien plus longtemps que nous, et qui ont voulu nous freiner dans notre élan, en ayant recours à tous les moyens possibles.

Deux articles de Libération publiés en mai 2019 ont essayé d’anéantir Elisecare et moi-même en prétendant que je me serais enrichie personnellement et que je couvrirais des actes odieux de viols. Tout ceci est évidemment faux et abject, et il n’y a jamais eu d’enrichissement personnel, ni d’actes de viol « couverts » par Elisecare.

Ces journalistes ont pourtant eu entre leurs mains tous les éléments démontrant ma bonne foi et mon intégrité totale. Je les leur ai transmis, en toute transparence parce que je croyais en leur objectivité. Ces mêmes éléments qui, transmis à qui de droit, ont permis très rapidement un classement sans suite par la justice française.

Avec le temps et l’expérience vient celui du bilan. Il y a des épreuves auxquelles nous sommes tous confrontés dans la vie. Celles que nous avons traversées nous ont permis de comprendre que notre engagement et notre foi devaient être encadrés de manière forte et structurante pour ne jamais être remis en question, nous y avons œuvré sans relâche toutes ces dernières années.

Ce qui est certain, c’est que mon engagement reste entier, ainsi que ma totale détermination à poursuivre notre action humanitaire à travers Elisecare.

NAM : Quels sont vos projets ? 
EB :
Nous ouvrons une mission en Ethiopie avec le réseau des sœurs de Mère Teresa. Un avion humanitaire va quitter la France dans quelques jours avec plusieurs dizaines de tonnes de matériel humanitaire. Cette opération se fait sous l’égide de l’ambassade de France et avec l’aide de groupes français comme Bolloré Logistics, Danone, Etam, Fragonard, Intermarché, Weleda, Bic etc ..
Cette première étape concerne un programme nutrition visant 50.000 enfants victimes de malnutrition.

Plus d’infos sur le lien plus bas.

capucine
Author: capucine

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut