Emeutes et arrestations sur fond de cessez-le-feu contesté

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Erevan, 12 nov 2020 (AFP) – Dix figures de l’opposition arménienne ont été
arrêtées jeudi pour leur rôle présumé dans des manifestations violentes
dénonçant la signature par le Premier ministre de l’accord consacrant une
victoire azerbaïdjanaise dans le conflit au Nagorny Karabakh.
Au terme de ce texte, après six semaines d’affrontements meurtriers,
l’Azerbaïdjan a reconquis de larges territoires qui étaient sous contrôle
arménien depuis le début des années 1990. Une « trahison », selon les opposants
au chef du gouvernement Nikol Pachinian.
Près de 2.000 soldats de maintien de la paix russes vont être déployés pour
garantir le respect de l’accord, mais aussi la survie de la république
autoproclamée arménienne du Nagorny Karabakh, amoindrie et affaiblie.
Parmi les opposants arrêtés jeudi, figurent le chef d’Arménie prospère,
Gaguik Tsaroukian, et des représentants de Dachnaktsoutioun, du parti
Républicain ainsi que du parti de la Patrie.
Selon le Service d’enquête du parquet, ils sont suspectés d' »organisation
illégale de désordres de masse violents », crime passible de 10 ans de prison.
Dans la nuit de lundi à mardi, le siège du gouvernement et le Parlement
avaient été envahis et partiellement saccagés par des centaines de
manifestants.

– « Poursuites politiques » –

Une manifestation, sans débordements grave a encore eu lieu mercredi et une
nouvelle est prévue jeudi après-midi, malgré l’interdiction des rassemblements
due à la loi martiale en vigueur depuis fin septembre et le déclenchement des
hostilités arméno-azerbaïdjanaises.
« Nous considérons cela comme des poursuites politiques », a réagi Lilit
Galstian, représentante du parti Dachnaktsoutioun, accusant une nouvelle fois
le Premier ministre de « trahison ».
Diverses formations d’opposition avaient donné jusqu’à jeudi minuit (20H00
GMT mercredi) à Nikol Pachinian pour démissionner, un ultimatum rejeté par le
pouvoir qui défend sa décision d’accepter sa défaite et une cessation des
hostilités au Nagorny Karabakh.
Selon Nikol Pachinian, cet accord « douloureux », signé à la demande de
l’armée et des responsables séparatistes, permet, malgré les pertes de
territoires, à une grande partie du Nagorny Karabakh de subsister.
Autrement, l’Azerbaïdjan, plus riche, mieux armée et soutenue par l’ennemi
ancestral qu’est la Turquie, aurait fini par reconquérir la totalité de la
province, faisant des milliers de morts supplémentaires.
Il a accusé aussi la contestation d’être pilotée par une oligarchie
corrompue issue de l’ancien régime, renversé en 2018 par la révolution
populaire qui a porté M. Pachinian au pouvoir.
Mardi, au lendemain des émeutes, il a pointé du doigt des « groupes
contrôles par les oligarques qui ont pillé notre pays, notre armée, nos
soldats pendant 20 ans ».
Avant le récent conflit et la pandémie de coronavirus, Nikol Pachinian
était crédité d’avoir réussi à relancer l’économie arménienne par des réformes
et son action anti-corruption.

– Russie et Turquie –

Sur le plan régional, l’accord de cessation des hostilités signé sous
l’égide de Vladimir Poutine permet à la Russie de conforter sa position dans
le Caucase du Sud, renforçant la dépendance de l’Arménie à son égard et
déployant pour la première fois des troupes en territoire azerbaïdjanais.
La Turquie, grand soutien de Bakou, a aussi gagné en influence et devra
jouer un rôle dans l’observation de l’application du cessez-le-feu, même si
les contours de son action reste à définir.
Une délégation russe est attendue vendredi en Turquie pour discuter de ce
contrôle conjoint.
L’accord signé en début de semaine ne prévoit cependant aucun mécanisme de
règlement durable de la question du Nagorny Karabakh, qui empoisonne la région
depuis la chute de l’URSS.
Le texte prévoit la rétrocession à Bakou de sept districts azerbaïdjanais,
sorte de glacis de sécurité entourant le Nagorny Karabakh. L’Azerbaïdjan garde
aussi des territoires conquis militairement dans le nord et le sud de la
république sécessionniste, notamment la ville stratégique et symbolique de
Choucha.
Les terres restant sous contrôle arménien seront reliées à l’Arménie par le
corridor de Latchin, une bande de terre de 5 km de large dont la sécurité sera
garantie par la Russie. C’est là que les premiers soldats de la paix russes
ont été postés mercredi.
Au total, 1.960 militaires russes seront déployés entre Arméniens et
Azerbaïdjanais.
mkh-im-alf/tbm/pz

La rédaction
Author: La rédaction

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