Tandis que l’Assemblée parlementaire votait, à 48 pour, 16 contre, et 3 abstentions, une résolution pour un accès libre sur le corridor de Latchine dont l’Azerbaïdjan s’était emparé pour exercer un blocus total depuis le 12 décembre 2022 sur les Arméniens d’Artsakh (Haut-Karabakh), tandis que l’ONU et les acteurs de la scène internationale pressent encore la dictature d’Ilham Aliev de lever ce siège meurtrier de la Route de la vie, la seule reliant la Province Autonome du Haut-Karabakh au reste du monde, l’Azerbaïdjan a littéralement, le même jour, à savoir le 22 juin 2023, érigé un mur de béton sur le corridor de Latchine. Même pas peur. Nananère…
C’était déjà le ghetto de Varsovie en Artsakh depuis plus de six mois, à présent s’y ajoute un mur de Berlin. Ce ne sont ni des métaphores, ni des hyperboles. C’est un double acte de guerre cependant que le calendrier du processus de paix “ progresse” dans la version Pax Americana tant que le Kremlin considérera que l’Arménie n’est pas assez vassale pour bénéficier de son impartialité à défaut de sa protection…
Les condamnations de la CEDH et de la CIJ n’effraient pas le tyran milliardaire, convaincu de pouvoir acheter sa tranquillité par la fourniture des énergies russes qui manquent à tous : Gaz wide shut ! Le pouvoir permet le crime, de facto.
La violence et la détermination d’Aliev pour régler la question arménienne ne sont plus un secret pour personne. À ce jour, plus de 500 vidéos de crimes de guerre (tortures, mutilations, ante mortem ou post mortem) ont été authentifiées par l’Ombudsman, Human Rights Whatch, comme par les ambassades.
Le blocus s’est resserré d’un cran chaque jour un peu plus autour de ces 120 000 Arméniens dont le quart est mineur. Ni la Croix rouge, ni les soldats de la Paix russes ne peuvent plus passer depuis 8 jours. Cette chape de béton tombant sur Latchine signifie que ce n’est plus la valise ou le cercueil mais le cercueil tout court après une période incompressible de prison à ciel ouvert. Encore qu’en prison, on puisse manger, boire, se chauffer, s’éclairer, se laver, étudier …
Si vis pacem, para bellum. Bakou n’entend rien au droit ou à la loi. Les résolutions civiques et diplomatiques amusent Aliev qui n’a toujours pas reçu la moindre sanction et contre lequel il n’y a toujours pas de mandat d’arrêt malgré pléthore de preuves de crimes contre l’humanité. Pour faire la guerre, un protagoniste hostile suffit. Pour faire la paix, il faut que tous les protagonistes y consentent, ce n’est pas le cas de la dictature héréditaire. Ceci n’est pas un processus de paix, ceci n’est pas un cessez-le-feu puisque l’Azerbaidjan ouvre le feu chaque jour aux frontières, ceci n’ira qu’en s’aggravant tant qu’Aliev ne se heurtera pas à plus fort que lui.
Les Arméniens n’ont plus besoin de déclarations d’amour, ils ne survivront que par des actes de force majeure. Aliev leur a forgé le panthéon de béton où ils pourront mourir comme des vestales impies.
Taline Kortian.
