Charbon contre forêt: le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement attaqué lundi les défenseurs de l’environnement mobilisés contre le projet d’extension d’une mine de charbon et mis en garde l’opposition contre toute exploitation politique.
« Les centrales thermiques au charbon sont devenues une source d’énergie importante pour les pays européens avec la crise déclenchée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine », a fait valoir le chef de l’Etat en citant « l’Allemagne et la France ». Dans la forêt d’Akbelen, au-dessus de Bodrum, station balnéaire de la Mer
Egée (sud-ouest), des villageois épaulés par les défenseurs de l’environnement se relaient depuis le 24 juillet pour tenter de barrer la route aux tronçonneuses, protégées par les gendarmes et des véhicules blindés.
Les autorités ont procédé à plusieurs arrestations de militants qui s’opposent à l’extension de la mine de charbon.
« La centrale thermique qui produit près des deux tiers de l’électricité utilisée dans la région égéenne rapporte près d’un milliard de dollars à notre économie » a encore affirmé M.Erdogan à l’issue d’une réunion de son cabinet.
« C’est un apport important pour le pays », a-t-il insisté ajoutant: « Nous ne prêtons pas attention à ces écologistes marginaux, faisons ce que nous avons à faire ».
Ces déclarations, les premières de M. Erdogan depuis le début de la mobilisation, interviennent à la veille d’une réunion extraordinaire mardi après-midi du parlement turc – actuellement en vacances – à la demande de l’opposition au sujet de la forêt d’Akbelen.
« Certains essaient en permanence de rejouer les mêmes scénarios avec des costumes différents, mais personne n’y croit plus » a accusé M. Erdogan: claire allusion au mouvement de contestation de Gezi en mai 2013.
A l’époque, il y a dix ans, les manifestations anti-gouvernementales avaient été déclenchées pour protéger un parc d’Istanbul voué à disparaitre au profit d’un projet immobilier: elles avaient progressivement gagné pratiquement toute la Turquie.
En 2020, le ministère des Forêts a accordé à la société YK Energy, propriété de la puissante holding turque Limak, réputée proche du président selon ses détracteurs, l’extension de sa mine de charbon dans la région d’Akbelen. Depuis, les recours se multiplient et la population ne désarme pas.
Le charbon – avec 37 centrales thermiques – fournit au pays un tiers de ses besoins en énergie primaire (selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2021) et un tiers de son électricité.
Istanbul, AFP