L’Arménie a signé des contrats de fourniture d’armes avec des entreprises russes dans le cadre de l’exposition militaro-industrielle Army-2021 à Moscou, a déclaré Dmitry Shugayev, directeur du Service fédéral russe pour la coopération militaro-technique.
Le responsable russe n’a pas donné de détails sur les accords.
« Parmi les pays qui ont signé des accords figurent nos partenaires traditionnels – le Kazakhstan, l’Arménie, la Biélorussie, l’Ouzbékistan, et, bien sûr, l’Inde, la Chine, le Myanmar », a déclaré Shugayev, cité par l’agence de presse russe RIA Novosti.
Auparavant, Alexandre Mikheyev, directeur de la société russe d’exportation d’armes, Rosoboronexport, avait déclaré aux journalistes que plus de 20 contrats d’une valeur de plus de 2 milliards d’euros (environ 2,4 milliards de dollars) avaient déjà été conclus dans le cadre de l’exposition Armée-2021.
Après avoir assisté à l’exposition à Moscou le 24 août au soir et rencontré les dirigeants des entreprises militaro-industrielles russes, le ministre arménien de la Défense, Archak Karapetian, a affirmé que l’Arménie cessera d’acquérir d’anciens types d’armes et commencera à acheter de nouvelles armes de haute qualité.
Fait remarquable, deux délégations arméniennes ont visité l’exposition d’armes de Moscou. Selon le ministère de la Défense, tout d’abord, le 22 août, une délégation dirigée par le ministre est partie pour la capitale russe afin de participer aux cérémonies d’ouverture de l’exposition Army-2021 et des Jeux internationaux de l’armée.
Le lendemain, le ministère a annoncé qu’une délégation conduite par le vice-ministre de la défense Karen Brutian participerait également à l’exposition Armée-2021, qui sera ouverte jusqu’au 28 août, au cours de laquelle il rencontrera les dirigeants de plusieurs grandes entreprises russes travaillant dans le domaine de la défense et signera des contrats.
« Nous bénéficions d’un soutien total. Je peux dire que je n’ai pas entendu un seul « non » ici. Et nous allons prendre des mesures concrètes pour développer notre coopération avec la Russie. Nous prévoyons d’obtenir des armes de haute qualité, nous prévoyons d’avoir de nouvelles armes, nous refusons d’acquérir d’anciens types d’armes, telle est notre politique. Il est préférable pour nous d’avoir moins d’armes, mais de haute qualité, pour être sûrs que ces armes fonctionneront », a déclaré le ministre Karapetian à Moscou.
Selon le ministère de la Défense, le 23 août à Moscou, M. Karapetian « a discuté de l’ensemble des questions de la coopération militaro-technique arméno-russe avec le directeur du Service fédéral russe pour la coopération militaro-technique, Dmitry Shugayev, et le directeur de la société Rosoboronexport, Alexander Mikheyev ».
S’adressant aux médias, Karapetian a déclaré que l’Arménie cherchera également à avoir sa propre production d’armes et qu’elle recevra le soutien en termes d’ouverture de coentreprises. « Nous allons le faire rapidement. En tant que nation, nous devrions être en mesure de produire nos propres armes », a déclaré le ministre arménien de la défense.
Il a ajouté que la troisième tâche pour lui est d’exclure les intermédiaires entre le ministère de la Défense et les entreprises de fabrication. « Je pense que si ces trois conditions sont remplies, nous aurons sans aucun doute une nouvelle armée modernisée, une armée répondant aux exigences du 21e siècle, et nous serons en mesure de faire face aux dangers auxquels nous sommes confrontés », a souligné M. Karapetian.
Après la guerre de 44 jours de l’automne dernier contre l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, au cours de laquelle l’Arménie a subi une défaite, et surtout après les élections législatives anticipées du 20 juin, le gouvernement dirigé par le Premier ministre Nikol Pashinian a annoncé à plusieurs reprises des plans pour moderniser les forces armées arméniennes et acquérir de nouvelles armes.
Selon le plan d’action 2021-26 du gouvernement dévoilé par Pashinian la semaine dernière, « la stratégie de réforme des forces armées est largement fondée sur l’analyse des leçons tirées de la guerre de 44 jours et de l’environnement sécuritaire formé après le 9 novembre 2020 [lorsque le cessez-le-feu négocié par la Russie a été signé dans le Haut-Karabakh]. »
« Le gouvernement définira les principales orientations, les questions de planification à long terme et les ressources sur lesquelles reposera le développement du système de défense de la République d’Arménie et de la boîte à outils de guerre de cinquième génération. Le gouvernement poursuivra le processus de modernisation des armements, des équipements militaires, l’acquisition de nouveaux types d’armes. Une politique plus ciblée sera mise en œuvre dans les sphères de la coopération militaire et militaro-technique avec les pays alliés et partenaires », indique le plan d’action du gouvernement.
Cependant, on ne sait toujours pas quelles armes particulières l’Arménie va acquérir.
Les contacts des responsables arméniens avec les représentants des principales entreprises russes de l’industrie de l’armement font suite à une réunion du 11 août entre le ministre arménien de la Défense, M. Karapetian, et son homologue russe, M. Sergey Shoygu, à Moscou.
Au cours de cette rencontre, Shoygu a déclaré que la Russie continuera d’aider l’Arménie à réformer et à moderniser ses forces armées. « Nous pouvons considérer que le processus de fourniture d’armes à l’Arménie a commencé », a déclaré le ministre russe de la défense en remettant une dague en cadeau à son homologue arménien.
Cette annonce a apparemment provoqué la colère de l’Azerbaïdjan, qui s’oppose à ce que la Russie continue à fournir des armes à l’Arménie.
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision CNN Turk le 14 août, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a fait valoir que si le peuple arménien et ses dirigeants « ont supporté la défaite » dans la guerre, continuer à armer l’Arménie semble « illogique ».
« Nous attendons que la Russie cesse d’armer l’Arménie, nous ne le voyons pas pour le moment », a déclaré Aliyev.
En réponse aux remarques d’Aliyev, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que la fourniture d’armes à d’autres pays était le droit souverain de Moscou.
Lors d’un point de presse à Moscou le 19 août, elle a rappelé que la Russie, qui a déployé environ 2 000 soldats de la paix dans le Haut-Karabakh après le cessez-le-feu, a fourni des armes non seulement à l’Arménie, son principal allié militaire et politique dans le Caucase du Sud, mais aussi à l’Azerbaïdjan.
« C’est le droit souverain de la Russie, et la partie russe tient toujours compte de la nécessité de maintenir un équilibre de la puissance militaire dans la région », a déclaré Zakharova.
L’analyste politique Ruben Mehrabian a déclaré que la guerre de 44 jours, en particulier, a montré que l’armée arménienne doit être fournie avec une nouvelle génération d’armes et qu’un système de gestion fondamentalement nouveau doit être mis en place.
« Nous avons besoin d’un changement radical de l’ensemble de notre système d’éducation militaire, afin que la formation du personnel réponde directement aux exigences fixées à l’armée et que les militaires puissent à l’avenir maîtriser tout ce dont l’armée sera équipée », a déclaré M. Mehrabian.
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