En visant l’Arménie et l’Artsakh, Bakou pourrait bien tomber dans un piège fatal

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L’appétit de la victoire de la « guerre de 44 jours » de l’automne 2020 en Artsakh semble donner des ailes à l’Azerbaïdjan. Mais comme le légendaire Icare, enivré par cette victoire -qui est avant tout celle de la Turquie qui organisa la guerre et fournissait armes et instructeurs- Bakou qui se « sent pousser des ailes » …va les brûler à vouloir toujours plus.

Les déclarations du dictateur Aliev bombant le torse et levant le poing vengeur à l’adresse des Arméniens qu’il appela à « chasser comme des chiens », pourrait bien lui être fatal !

Tout d’abord, le dictateur Aliev a tout misé sur Erdogan et sa doctrine « deux États, une nation » et calqué son objectif politique sur le Pantouranisme d’Erdogan qui passe par la continuation de l’action génocidaire de Talaat Pacha. Une haine anti-arménienne féroce qui fit nourrir par ses méthodes le nazisme d’Hitler copiant ses actions sur les criminels turcs de 1915.

Ensuite, lorsque le pétrole et le gaz qui vont immanquablement diminuer des réserves azéries dans quelques années, l’Europe et le monde se rendra compte que cette dictature pétrolière était aux antipodes des valeurs européennes ou occidentales.

Enfin, par le pacte entre Bakou et Tel Aviv, et l’accueil probable sur le territoire de l’Azerbaïdjan d’agents israéliens ou même de bases de la Mossad, face à l’Iran, Aliev a fait de l’Iran, le géant régional, un ennemi déclaré.

Téhéran ne supportera pas à ses frontières nord, la présence d’agents de l’Etat hébreu visant à la perte du régime des mollahs. Ainsi, l’Azerbaïdjan, en accueillant sur son sol les agents d’Israël est devenu un état dangereux pour l’Iran qui ne manquera aucune occasion de réagir avec force.
Les déclarations répétées de l’Iran à propos de la « ligne rouge » qui est le Zangezour arménien -la région du Syunik au sud de l’Arménie, frontalière de l’Iran- est une menace suffisamment claire envers Bakou. L’Iran n’autorisera pas les troupes d’Aliev à s’emparer de cette partie de l’Arménie à laquelle l’Iran tient plus que tout, tant pour sa propre sécurité que le fait que cette zone constitue une région-tampon séparant les deux Etats pantouraniens : la Turquie et l’Azerbaïdjan.

L’Empire Perse, va-t-il une nouvelle fois s’opposer à l’Empire ottoman à propose du Zangezour arménien ? Les spécialistes l’affirment. Car si l’ambition pantouranienne d’Ankara continue, l’ambition perse ou iranienne pourrait se manifester avec force, comme jadis, il y a près de deux siècles.
Ainsi, Aliev a pris le risque d’éclatement de son pays par l’Iran…sans évoquer les Russes qui pour l’instant sont bien occupés à vendre leur gaz à travers l’Azerbaïdjan, mais qui demain pourraient prétendre leurs nouvelles ambitions sur le Sud-Caucase.

Aussi le jeu du panturquisme d’Aliev et sa proximité avec Israël pourrait être mortel pour la dictature azérie. Car l’Iran est une puissance régionale avec ses 90 millions d’habitants et une armée forte, qui gagna la guerre contre l’Irak dont l’armée était jugée l’une des meilleures du monde. Aujourd’hui l’armée iranienne avec ses drones et ses missiles « made in Iran » est encore plus redoutable qu’hier. La Turquie le sait et compte sur ses partenaires de l’OTAN -ainsi qu’Israël- pour la soutenir en cas de conflit. L’Iran bénéficie de la complicité directe ou indirecte de la Russie, de l’Inde et de la Chine !

Autant dire que l’issue d’une confrontation directe turco-iranienne n’est pas garantie ni pour Ankara, ni pour Téhéran. Mais à n’en pas douter, Bakou sera la grande perdante…Mais le clan Aliev aura alors disparu bien avant…

Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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