A l’heure où la guerre menée par la Russie en Ukraine ressoude les rangs de l’Otan, qui est même amenée à s’élargir, la Suède et la Finlande étant décidées à l’intégrer, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a jugé utile de souligner les failles de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire créée par la Russie pour faire pendant à l’Alliance atlantique et dont l’Arménie est membre. A l’occasion d’une visite de travail à Moscou, le premier ministre arménien a réitéré ses critiques lundi 16 mai à l’encontre de l’alliance militaire russe composée de six ex-Républiques soviétiques, estimant qu’elle avait failli à ses obligations de solidarité envers l’allié arménien en refusant de prendre position en sa faveur dans le différend frontalier l’opposant à l’Azerbaïdjan, qui n’est pas membre de l’OTSC quand bien même son président Ilham Aliev entretient d’excellentes relations avec les dirigeants de la plupart des Etats membres de l’alliance militaire russe, à l’exception de l’Arménie. “Comme vous le savez sans doute, il y a un an, les troupes azerbaïdjanaises ont envahi le territoire souverain de l’Arménie”, a déclaré Pachinian lors du sommet de l’OTSC réuni à Moscou, en rappelant que l’“Arménie a alors appelé l’OTSC à activer ses mécanismes propres aux situations de crise. Hélas, on ne peut pas dire que les réactions de l’organisation ont été conformes aux attentes de l’Arménie”. L’Arménie en avait appelé à l’intervention de l’OTSC peu après que les troupes de l’Azerbaïdjan eurent franchi la frontière arméno-azérie en différents points, pénétrant de quelques kilomètres dans le territoire arménien, en mai 2021. Elle avait demandé à l’alliance des six ex-Républiques soviétiques d’invoquer l’Article 2 de son traité fondateur en vertu duquel les Etats membres sont tenus de discuter des modalités d’une réponse collective quand l’un des membres voit sa sécurité nationale menacée, ce qui était manifestement le cas pour ce qui concerne l’Arménie, qui n’avait pas manqué alors de se dire victime d’une agression azérie. La Russie et les autres Etats membres de l’OTSC avaient certes exprimé leur préoccupation concernant les tensions persistantes aux frontières de leur allié arménien mais celles-ci n’ont fait l’objet d’aucune déclaration commune en soutien à l’Arménie. Le secrétaire général de l’alliance militaire dirigée par la Russie, le militaire biélorusse Stanislav Zas, avait ainsi affirmé en juillet dernier que le différend arméno-azéri n’était pas assez important pour justifier quelque intervention militaire de l’OTSC. Dans une allusion évidente à la Russie, Pachinian a aussi critiqué, sans les nommer, ses alliés de l’ex-URSS pour avoir vendu à l’Azerbaïdjan des armes dont il a souligné qu’elles avaient été utilisées contre l’“Arménie et le peuple arménien” durant la guerre de l’automne 2020 au Haut-Karabagh. Dans le même temps, Pachinian a toutefois tenu à saluer le « rôle spécial » joué par le président russe Vladimir Poutine dans l’élaboration de l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020 qui mettra un terme à six semaines de combats meurtriers entre Arméniens et Azéris. Il a ajouté que Erevan se considérait toujours tenue par ses engagements contractés au sein de l’OTSC car l’Arménie tenait l’alliance militaire pour un “facteur clé de sa stabilité et de sa sécurité”, ainsi que pour celles de l’ensemble de la “région eurasienne”. Dans son allocution inaugurale du sommet, censé coïncider avec le 30e anniversaire de la création de l’OTSC, Poutine a pour sa part mis l’accent sur une autre guerre dans laquelle la Russie est cette fois directement impliquée, qui fait toujours rage depuis près de trois mois et qui devrait durer bien plus longtemps, mobilisant toute l’énergie de la Russie, celle qu’il a lancée contre l’Ukraine le 24 février. Il a informé les leaders de l’Arménie, de la Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirgyzstan et du Tadjikistan du déroulement de ce que la Russie persiste à désigner comme une “opération militaire spéciale” avant d’évoquer plus longuement le sujet lors d’une discussion à huis clos avec ses alliés. La Biélorussie est le seul pays membre de l’OTSC à avoir apporté publiquement son soutien à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en rétribution du soutien apporté par Poutine au président biélorusse Alexandre Loukachenko dans sa répression exercée contre les importantes manifestations de l’opposition qui revendiquait la victoire dans l’élection de l’été 2020, largement remportée par l’autocrate biélorusse au pouvoir depuis 1994 selon les résultats officiels de Minsk. Loukachenko a d’ailleurs critiqué ses alliés de l’OTSC pour leurs positions jugées trop prudentes et frileuses dans ce conflit et pour ne pas présenter un front uni face à l’expansion de l’OTAN vers l’Est. Pachinian aurait peut-être pu lui suggérer de revendiquer un tel front face aux efforts de la Turquie, membre influent de l’Otan, pour s’élargir à l’Est, mais au sud du Caucase, aux dépens de l’Arménie et au profit de l’Azerbaïdjan de son ami Aliev ! “S’il n’y a pas d’unité dans nos rangs nous pourrions ne plus exister demain » a mis en garde Loukachenko, qui a préféré ne pas relever les failles dans cette unité pointées par Pachinian. Signe que les mises en garde du président biélorusse n’ont pas été entendues, la déclaration commune publiée par les leaders des pays membres de l’OTSC à l’issue du sommet ne faisait pas mention explicitement du conflit en Ukraine, pas plus qu’il n’avait été fait mention du conflit arméno-azéri, pourraient rétorquer à Pachinian ses alliés de l’OTSC. Mais jusqu’à nouvel ordre, la Russie est de toute évidence l’agresseur dans la guerre qui déchire l’Ukraine, alors que dans le conflit arméno-azéri, c’est de toute évidence l’Azerbaïdjan l’agresseur !
En visite à Moscou, Pachinian réitère ses critiques contre l’OTSC
Se Propager
La rédaction vous conseille
A lire aussi
Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération
- by Jean Eckian
Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des
- by Krikor Amirzayan
Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»
- by Krikor Amirzayan