Entretien avec Artur Khojabaghyan, responsable du laboratoire AugmentAr de Goris

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Nouvelles d’Arménie Magazine : Artur, pouvez-vous nous présenter votre laboratoire et sa mission ? Vous êtes principalement axés sur la production d’imprimantes 3D ?

Artur Khojabaghyan : L’histoire a commencé en 2012 lorsque je travaillais pour Instigate, entreprise qui œuvre dans le domaine des technologies, de l’informatique et la robotique. On m’a alors proposé de travailler pour Instigate depuis Goris et j’ai immédiatement accepté. J’y ai été nommé directeur et trois ans après, nous avons décidé de nous fixer sur notre axe principal, la production d’imprimantes 3D pour toute l’Arménie dans le but de développer les technologies dans les régions. Pour cela, Instigate nous a aidé, et avec des amis nous avons concrétisé ce projet. Nous avons ensuite fondé le laboratoire AugmentAr en coopération avec Armath, plus grand réseau de laboratoires de technologie et de robotique en Arménie et qui œuvre dans les régions à travers les écoles. Après la fondation, nous avons conclu qu’il était possible de transformer du matériel juste en envoyant des données de Goris à n’importe quel point du globe par nos imprimantes 3D. Nous créons donc du matériel et mettons en œuvre des solutions qui peuvent être utilisables par tous. C’est un domaine qui se développe très vite et nous matérialisons nos idées sans nous déplacer, donc en favorisant le local. Nous imprimons actuellement à Goris certaines pièces pour le marché automobile et nous prouvons que l’Arménie a un fort potentiel et grâce à Armath, nous avons installé des imprimantes 3D dans de très nombreuses écoles d’Arménie où des groupes de travail s’activeront à la création de nouveaux matériaux.

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NAM : Qu’est-ce qui vous a poussé sur cette voie et que prévoyez-vous à l’avenir ?

Artur Khojabaghyan : Avant de revenir à Goris, j’étais responsable et professeur pour Instigate dans quelques villes d’Arménie comme Sissian ou Berdzor et même dans le Djavakhk où j’avais pour mission de préparer les gens à créer eux-mêmes des groupes de travail dans le secteur des technologies pour la création de startups. Avec l’inspiration des enfants et leur utilisation accrue des technologies, nous avons réussi à créer des matériaux facilement utilisables sur le marché. Actuellement, à côté de notre production d’imprimantes 3D et des matériaux créés, AugmentAr est en train de former des groupes de travail pour de la programmation web mais les débuts sont difficiles car le marché est restreint. Un autre grand projet qui nous tient à cœur est l’ouverture d’écoles spécialisées sous le label « Ecole réelle » (Իրական դպրոց) qui sont des institutions créées en coopération avec Instigate et l’Association des entreprises des technologies de l’information, où l’on forme les élèves durant 4 ans dans les domaines de la robotique et de la cybernétique, avec à la sortie une quasi-garantie de trouver du travail. Ces écoles, comparables à des lycées techniques, existent déjà dans quelques villes d’Arménie et bientôt également à Goris. Nous voulons également poursuivre la voie des groupes de travail dans les écoles et les formaliser sous des labels de « Technoparcs » qui se calquent vraiment sur les programmes scolaires dès la 2ème ou 3ème classe (équivalent du CE2 ou CM1).

Quels sont vos résultats actuels concrètement ?

Artur Khojabaghyan : Nous avons eu la commande de 300 imprimantes 3D par les laboratoires Armath qui les ont répartis également dans les écoles. Avec le projet « Ecole réelle » qui se mettra en place à Goris et sera financé par Armath, nous impliquerons également les écoles de la commune qui seront toutes équipées. Nous sommes actuellement à la recherche de nouveaux partenaires pour l’année prochaine afin d’atténuer nos coûts financiers. Pour parler des résultats encore plus concrets, depuis mon retour à Goris il y a huit ans, ce sont 50 spécialistes qui ont été formés ici par Instigate et 15 spécialistes l’ont été par AugmentAr. Avec le projet « Ecole réelle », nous prévoyons d’avoir plus de 500 élèves à Goris et nous cherchons donc plus particulièrement le soutien de l’état.

Quels sont les liens que vous entretenez avec les laboratoires Armath ?

Artur Khojabaghyan : Vous l’aurez compris, les liens que nous entretenons avec les laboratoires Armath sont privilégiés. Il s’agit du réseau éducatif le mieux accompli en République d’Arménie aujourd’hui. J’en fus le responsable pour la création de concepts et j’étais dans leur équipe dès leurs débuts avec les dix premiers centres, dont ceux de Kapan et Goris dans notre région. Il y a des compétitions tous les ans avec des enfants de toute l’Arménie qui concourent pour les domaines de la robotique et les imprimantes 3D sont également très représentées. Une fois, je me rappelle qu’il y avait un concours similaire à l’Université Américaine en Arménie et alors que j’y assistais, je vis un enfant de dix ans originaire d’Idjevan monter sur l’estrade et il commença à présenter le jeu PC qu’il avait créé comme un adulte en tenant un speech formidable jusqu’à présenter tous les codes informatiques en détails ! Si à dix ans, un enfant a déjà sa vocation, rien ne peut le dévier. Armath permet d’accueillir ces enfants dès le plus jeune âge. Nous voulons faire entrer l’Arménie dans le 21ème siècle. Lorsque les enfants voient du « Made in Armenia » ou du « Made in Goris », ils comprennent de façon indirecte qu’ils ne sont pas des simples consommateurs, mais des créateurs de valeur ajoutée. Armath est aujourd’hui un des principaux fournisseurs du « Made in Armenia » et reçoit des commandes qui sont réparties à travers les groupes de travail de différentes écoles d’Arménie.

Travaillez-vous avec l’étranger ?

Artur Khojabaghyan : Nous avons quelques petits clients mais nos rapports avec l’étranger se limitent plus fréquemment aux rapports avec nos fournisseurs qui nous envoient certaines matières premières nécessaires à nos opérations. Actuellement, nous rédigeons un plan de business pour entrer sur le marché international.

Et qu’en est-il de la coopération avec l’armée ?

Artur Khojabaghyan : Nous serions très heureux de pouvoir coopérer dans ce domaine avec nos imprimantes 3D par exemple. Rien que 30 imprimantes 3D dans une région peuvent résoudre des problèmes stratégiques de grande importance. Pour aider des opérations militaires de grande envergure, il faudrait pouvoir disposer de ces imprimantes dans toute l’Arménie.
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Enfin, j’ai une dernière question de grand intérêt, comment percevez-vous le rapport ou la cohabitation entre les traditions, la culture arménienne et les technologies ?

Artur Khojabaghyan : Je pense que la technologie change juste le quotidien mais pas notre culture profonde. Le risque serait bien entendu de bâtir une société dite « développée » de notre pays au détriment de notre culture, mais je dois insister que cela dépend de ce qu’on importe. Il y a aujourd’hui des formes de développement qui font entrer, via la technologie, des valeurs occidentales ou mondialistes qui sont à l’opposé de notre culture. Néanmoins, ces influences ou valeurs n’entrent pas dans le champ du développement des technologies mais viennent se greffer comme une sorte de « Soft Power ». Tout dépend donc de la façon d’utiliser la technologie. Pour l’Arménie, le but fixé est qu’elle doit nous servir à contribuer à la reproduction des générations car une bonne maîtrise de ces technologies peut aider à une société plus saine et sortir du chaos autour des informations. Notre culture est la façon dont notre peuple perçoit le monde et c’est ce qu’il a mis dans sa musique, ses tapis, ses maisons. Il y a des principes qui ne changent pas mais leur mode d’expression change. Arno Babadjanian, célèbre compositeur, disait : « Quoi que j’écrive, ça ressort toujours en arménien ! ».

Propos recueillis par Aram Kayayan

La rédaction
Author: La rédaction

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