Entretien du ministre des Affaires étrangères de la République d’Artsakh, Massis Mayilian au quotidien « Azat Artsakh» (Artsakh Libre)

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Q – Monsieur Mayilian, dans le contexte des derniers développements concernant le conflit entre l’Azerbaïdjan et le Karabakh, en particulier la déclaration scandaleuse de l’ambassadeur américain sortant en Arménie, vous avez réaffirmé la position de la République d’Artsakh dans le processus de paix du Karabakh, déclarant : les principes de Madrid sont dépassés et ne peuvent servir de base au processus de négociation. Vous avez également souligné l’importance de travailler avec les médiateurs afin qu’ils ne se basent sur une approche obsolète du règlement. Avez-vous exprimé ce point de vue aux médiateurs ?

MM – Lors de la dernière rencontre avec les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, nous avons exprimé notre position sur la nécessité de restaurer le format trilatéral du processus de négociation avec la participation à part entière de l’Artsakh et de réviser certaines approches du processus de négociation. Un échange de vues a eu lieu, au cours duquel nous avons souligné que notre position découlait de l’intérêt de faire avancer le processus de règlement ce qui permettrait de donner un nouvel élan aux négociations.

En ce qui concerne la déclaration du diplomate américain Richard Mills, il convient de noter que le conflit entre l’Azerbaïdjan et le Karabakh n’est pas territorial. Et ce n’est pas un hasard si, selon Mills lui-même, la société arménienne n’accepte aucune perspective liée à des concessions territoriales.

Au fil des ans, j’ai eu l’occasion de faire connaître à divers experts et diplomates internationaux les raisons pour lesquelles ce conflit n’est pas un différend territorial. En particulier, le problème est qu’en 1988, lorsqu’une nouvelle phase du conflit a commencé, le territoire autour de l’ex Région autonome du Haut-Karabagh (RAHK), voire l’un de ses districts, était sous le contrôle des Azerbaïdjanais. C’est-à-dire, malgré le fait que ces territoires fussent contrôlés par des Azerbaïdjanais, le conflit existait bel et bien. Par conséquent, il est illogique de croire qu’une concession territoriale d’Artsakh puisse résoudre le conflit.

Tout cela indique que la recherche des possibilités de règlement du conflit sur la base de concessions territoriales est sans perspective et ne reflète pas l’essence du conflit.
Comme le président de la République d’Artsakh l’a répété à maintes reprises, le droit du peuple d’Artsakh à la liberté et à la sécurité dans son pays d’origine devrait constituer le fondement du règlement du conflit.

Q – Stepanakert officiel continue de présenter une position inchangée à la communauté internationale, à savoir la restauration du format entier des négociations, avec la participation de l’Artsakh à toutes les étapes du processus de règlement du conflit. Nous voudrions attirer votre attention sur la déclaration faite à Erevan par John Bolton, conseiller national pour la sécurité auprès du président américain, aux termes de laquelle, après les élections législatives de décembre en Arménie, Nikol Pashinian aura très probablement un mandat fort, qui permettra de prendre des mesures décisives dans certaines directions, dont le règlement du conflit au Karabakh. Comment commenteriez-vous la déclaration du conseiller du président américain ?

MM- Les positions de la République d’Artsakh et de la République d’Arménie sur le règlement sont claires. Pendant de nombreuses années, les autorités de la République d’Artsakh ont constamment insisté sur la nécessité de rétablir le format trilatéral des négociations, avec une participation directe et à part entière de la République d’Artsakh à toutes les étapes, ce qui est essentiel pour faciliter un règlement pacifique et garantir l’efficacité du processus. Le règlement, à son tour, doit être fondé sur la reconnaissance de la réalité d’accomplissement par le peuple d’Artsakh de son droit à l’autodétermination. À cet égard, j’estime nécessaire de réaffirmer la volonté des autorités de l’Artsakh d’assumer de jure leur part de responsabilité pour garantir la stabilité et la paix dans la région.

Le Premier ministre par intérim de la République d’Arménie, Nikol Pashinian, a également souligné la nécessité de renvoyer l’Artsakh à la table des négociations, ce qui par ailleurs est également inscrit au programme du gouvernement de la RA.
Quant aux attentes de John Bolton concernant le règlement du conflit entre l’Azerbaïdjan et le Karabakh, elles ne sont pas réalistes, et cela pour diverses raisons.

Q – Les relations entre les deux Etats arméniens avec un pays voisin et ami, l’Iran, ont toujours été équilibrées. Dans le contexte des sanctions occidentales imposées à l’Iran, les positions des républiques du Caucase du Sud pourraient être différentes quant à la manière d’appréhender l’avenir de leurs relations avec ce pays. Est-il possible que ’Artsakh change de position à l’égard de l’Iran dans ce contexte ?

MM – Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre position sur la volonté d’établir des relations amicales bilatérales avec l’Iran. Considérant que nous avons une frontière longue de 138 km avec l’Iran, nous espérons que les différends entre les Etats-Unis et l’Iran auront une issue pacifique, et que l’évolution de la situation autour de l’Iran n’aura pas d’impact négatif sur les États arméniens.

Q- Dans l’une de vos interviews, évoquant la situation qui s’est formée après la guerre d’avril et en particulier le fait que Bakou ignore les appels en faveur d’un règlement du conflit exclusivement pacifique, vous avez souligné la nécessité de nouvelles mesures internationales politiques et diplomatiques pour dissuader l’Azerbaïdjan qui garantiront l’irréversibilité du processus de paix. Diriez-vous un peu plus à ce sujet ?

MM – Actuellement, nous assurons notre sécurité principalement par des moyens militaires, ceux-ci étant considérés comme éléments de la coercition ou « manière forte ». Cependant, nous sommes convaincus que, pour augmenter le niveau de sécurité, il est également nécessaire d’user de « manière douce » de convaincre, de moyens plutôt politiques et diplomatiques de contenir et dissuader l’Azerbaïdjan, y compris les mesures prises en vue de la reconnaissance internationale de l’indépendance de l’Artsakh. La reconnaissance internationale de l’Artsakh est l’une des priorités de notre programme de politique étrangère, et c’est elle qui garantira l’irréversibilité du processus de paix et de la sécurité régionale.

Stéphane
Author: Stéphane

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