Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a été acclamé samedi par des milliers de ses partisans à Erzerum, dans l’est de la Turquie, où il tenait son premier rassemblement public depuis que des élections législatives anticipées ont été convoquées sur proposition de son parti.
Au moins 80.000 personnes s’étaient rassemblées sur la place centrale d’Erzerum pour entendre le discours de M. Erdogan, qui inaugurait de nouvelles infrastructures dans cette ville, ont déclaré des responsables de son parti AKP cités par la chaîne d’information télévisée CNN-Türk.
« La Turquie est fière de toi », a scandé la foule, interrompant fréquemment le discours de M. Erdogan, transmis en direct à la télévision.
Sur proposition du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, le Parlement a décidé la semaine dernière que les élections législatives se tiendraient le 22 juillet, avec plus de trois mois d’avance, afin de sortir la Turquie de la crise politique entraînée par l’incapacité des députés à élire le nouveau président turc.
En boycottant les séances électorales du Parlement, l’opposition a empêché par deux fois, faute de quorum, l’élection du candidat unique présenté par l’AKP, Abdullah Gül, ministre des Affaires étrangères et bras droit de M. Erdogan. M. Gül a ensuite retiré sa candidature.
Le boycottage des séances du Parlement s’inscrivait dans une vigoureuse campagne de l’opposition contre la perspective que le représentant d’un parti d’origine islamiste accède à la présidence turque.
Des centaines de milliers de Turcs ont défilé dans les rues pour le maintien de la laïcité, et l’armée a menacé d’intervenir si ce principe fondamental de la vie politique turque était mis en cause.
Toutefois, deux sondages publiés cette semaine ont montré que l’AKP restait le parti le plus populaire de Turquie, avec une large avance sur une opposition notoirement divisée.
Dans son discours d’Erzerum, M. Erdogan est revenu sur la récente crise politique en critiquant l’attitude de ses opposants. « Nous savons tous comment les présidents étaient élus jusqu’à présent (…). Mais quand il s’est agi de M. Gül, ils ont dit non. Ils ont mené le pays au blocage », a-t-il déclaré.
« Mais si Dieu le veut, le peuple prendra à présent la meilleure décision », a poursuivi le Premier ministre. « Nous continuerons à nous tenir aux côtés du peuple contre ceux qui sous-estiment la volonté du peuple. »
Le Parlement, dominé par l’AKP, a adopté le 10 mai une réforme de la Constitution qui prévoit notamment l’élection du président turc au suffrage universel et non plus par les députés. Pour entrer en vigueur, cette série d’amendements doit encore obtenir l’approbation du président sortant Ahmet Necdet Sezer.