Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche au lendemain de l’exécution de Saddam Hussein que les Irakiens devaient « regarder vers l’avenir » et renoncer aux « sentiments de vengeance » afin de pouvoir se réconcilier.
Dans une première réaction officielle turque à la pendaison de l’ancien président irakien, M. Erdogan s’est déclaré très inquiet des conséquences que pourrait avoir cette exécution pour l’ordre public déjà très perturbé de ce pays voisin de la Turquie.
« Il y a actuellement une guerre civile en Irak (…) environ 650.000 personnes ont perdu la vie dans des violences. C’est bien-sûr une catastrophe », a-t-il dit à des journalistes à Istanbul, cité par l’agence Anatolie.
Il a exhorté la population irakienne à oeuvrer tous ensemble pour restaurer la sécurité dans le pays en abandonnant « les sentiments de vengeance ».
Il a aussi souligné que la question irakienne était devenue pour Ankara une affaire « beaucoup plus privilégiée » que le dossier de l’Union européenne que son pays souhaite intégrer.
L’opposition social-démocrate au parlement turc a de son côté dénoncé l’exécution du président irakien déchu. « On ne peut assurer la paix et la justice avec une pendaison, ce n’est pas possible et c’est faux », a souligné Deniz Baykal, le chef du parti républicain du peuple (CHP), principale parti d’opposition à l’Assemblée turque.
« Qu’un pays (Etats-Unis) occupe un autre pays (Irak) et exécute son leader. C’est dérangeant », a-t-il encore souligné.
Les journaux turcs, libéraux ou pro-islamiste, étaient unanimes dimanche pour dénoncer le fait que Saddam Hussein ait été pendu le jour de la fête musulmane d’al-Adha.
La photo de l’ancien dictateur, la corde passée autour du cou par ses bourreaux, fait la une de tous les journaux.
« Exécution à la far west », titrait ainsi à la Une le quotidien Aksam qui estime que ce « show », orchestré par les occupants américains, n’est pas digne des temps modernes.
La Turquie a aboli la peine de mort en 2002 dans le cadre d’une série de réformes démocratiques pour se rapprocher des normes de l’UE.