Que se passe-t-il à Ankara ? Dans son éditorial du Courrier de Californie,
daté du 26 juillet, le journaliste Harut Sassounian rapporte que le premier
ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, aurait publié un décret confidentiel
(N°2007-18) le 3 juillet dernier interdisant l’utilisation du terme « sozde »
(soi-disant ou prétendu) se rapportant au Génocide arménien.
La nouvelle de cette directive “secrète” a été rendue publique le 19 juillet
par la chaîne de télévision « Ulusal Kanal”, puis publiée par divers organes
d’informations.
Selon le décret d’Erdogan, le Génocide arménien devrait être dorénavant
décrit dans les rapports officiels et les discours publics en tant que
« événements de 1915 » ou « allégations arméniennes concernant les événements
de 1915. »
Dans l’agitation des élections la circulaire, voulue confidentielle par le
gouvernement, serait passée inaperçue. Son exécution est applicable à tous
les corps d’état et particulièrement au négationniste Ministre des affaires
étrangères, Abdullah Gül, abonné au terme “soi-disant” qualifiant le
Génocide arménien en Turquie.
Cette mesure aurait été appliquée sur la base d’une résolution adoptée par
le Conseil de l’Europe en février 2005. Probablement en référence à une
recommandation de plusieurs organisations non gouvernementales turques, en
février 2005, d’expurger la « xénophobie, le machisme et l’ultra-nationalisme
des manuels turcs.”
Reste à voir, comme l’indique Harut Sassounian, “si le premier ministre
Erdogan, faisant suite à la victoire de son parti aux élections législatives
de dimanche, sera beaucoup moins sensible aux accusations de ses
adversaires. De même que, ce nouveau décret interdisant l’emploi des termes
“soi-disant et prétendu” génocide arménien, pourrait être le signe
avant-coureur que le premier ministre se sent maintenant politiquement assez
fort pour prendre des positions plus libérales et plus audacieuses sur un
certain nombres d’aspects politiques locaux et étrangers épineux, y compris
le Génocide arménien.”
De là a céder Erzerum à l’Arménie, comme le prétend Erbaşar Özsoy, du Parti
du Peuple Républicain (CHP), qui accuse le premier ministre Erdogan d’ être
l’un des coprésidents du soi-disant « Grand Moyen-orient », il y a là un
improbable pas de géant que la Turquie ne saurait être prête de franchir
avant le prochain déluge…
Jean Eckian