Erdogan dit espérer voir la France « se débarrasser » de Macron « le plus tôt
possible »
Istanbul, 4 déc 2020 (AFP) – Le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan a
émis vendredi l’espoir de voir la France « se débarrasser le plus tôt possible »
du président Emmanuel Macron, sur fond de fortes tensions entre les deux pays
au sujet de nombreux dossiers.
« Macron est un problème pour la France. Avec Macron, la France vit une
période très dangereuse. J’espère que la France va se débarrasser du problème
Macron le plus tôt possible », a déclaré M. Erdogan à des journalistes à
Istanbul après avoir participé à la prière du vendredi dans l’ex-cathédrale
Sainte-Sophie transformée en mosquée en juillet.
« Sinon, ils (les Français) n’en finiront pas avec le gilets jaunes, qui
pourraient devenir des gilets rouges », a-t-il ajouté en référence au mouvement
de protestation de fin 2018 en France.
Les relations entre la Turquie et la France se sont progressivement
dégradées depuis l’an dernier, en raison notamment de désaccords sur la Syrie,
la Libye, la Méditerranée orientale et plus récemment le conflit entre
l’Azerbaïdjan et l’Arménie au Nagorny Karabakh.
Mais les tensions ont été exacerbées en octobre lorsque M. Erdogan a mis en
cause la « santé mentale » de M. Macron, l’accusant de mener une « campagne de
haine » contre l’islam pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète
Mahomet et pour son discours contre le « séparatisme » islamiste en France.
M. Erdogan a affirmé vendredi que la France, qui copréside le groupe dit de
Minsk chargé de favoriser un règlement au conflit entre l’Azerbaïdjan et
l’Arménie, avait « perdu son rôle de médiateur » après que le Sénat et
l’Assemblée nationale français ont adopté des résolutions favorables à une
reconnaissance du Nagorny Karabakh.
« Mon cher ami Aliev (le président azerbaïdjanais Ilham Aliev) a donné un
conseil aux Français leur disant que s’ils aiment tant les Arméniens, ils
n’ont qu’à leur donner Marseille. Moi aussi, je leur donne le même conseil »,
a-t-il ajouté.
Dans une apparente allusion aux actions du gouvernement turc et à leurs
conséquences, M. Macron avait affirmé en septembre que « le peuple turc, qui
est un grand peuple, mérite autre chose ».
Ankara avait vivement réagi à ces propos, qu’il a perçus comme une
tentative de dresser le peuple turc contre le président Erdogan.
La France agite depuis plusieurs semaines la menace de sanctions de l’Union
européenne contre la Turquie, notamment en raison des travaux d’exploration
gazière menés par Ankara en Méditerranée orientale dans des zones maritimes
disputées avec la Grèce et Chypre.
L’Union européenne a condamné vendredi la poursuite des « actes unilatéraux »
et la « rhétorique hostile » de la part de la Turquie, mais elle reste divisée
sur la manière de sanctionner ces comportements lors du sommet européen du 10
décembre.
L’UE avait adressé en octobre une proposition d’ouverture à Ankara,
assortie d’une menace de sanctions si la Turquie ne cessait pas ses actions
déjà condamnées par l’UE.
Mais plusieurs Etats membres, dont l’Allemagne, sont opposés à l’adoption
de sanctions, selon des responsables européens.