Erevan étudie les moyens de passer outre la question du Karabagh dans le processus de dialogue en cours avec Bakou

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Les autorités arméniennes ont annoncé le lancement prochain des travaux de construction d’une nouvelle route censée relier l’Arménie et le Haut-Karabagh, en contournant le corridor de Latchine, qui est redevenu le seul axe en usage depuis la défaite arménienne dans la guerre du Karabagh de l’automne 2020 et qui doit être restitué aux Azéris selon les termes du cessez-le-feu qui y a mis un terme le 9 novembre 2020, sous l’égide de la Russie. Ce chantier pourrait être la métaphore d’un autre chantier en cours, celui qui vise à trouver un terrain d’entente entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en « contournant » le lancinant conflit du Karabagh. Cette idée avait été avancée par le premier ministre arménien Nikol Pachinian qui a suggéré de séparer le processus de règlement du conflit du Karabagh de celui visant à normaliser les relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ; elle a été rappelée vendredi 29 juillet par le chef du Service de sécurité nationale d’Arménie Armen Grigorian, qui a proposé qu’une telle approche devait faire l’objet d’“actives discussions”. “Nous n’avons cessé de dire que la question du Karabagh n’était pas à nos yeux une question territoriale. Aussi, la sécurité et les droits des Arméniens du Karabagh sont pour nous fondamentaux”, a ainsi indiqué Grigorian dans une interview publiée par Armenpress, en ajoutant : “Dans l’une de ses allocutions devant l’Assemblée nationale, le premier ministre Pachinian avait avancé l’ idée consistant à séparer la question du Haut-Karabagh de celle des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Nous devons désormais activement discuter de cette option et décider comment procéder”. Grigorian a invoqué l’ « agenda de paix » proclamé par le gouvernement au titre d’une stratégie, et affirmé qu’une opportunité de normaliser les relations avec l’Azerbaïdjan existait bel et bien. “Cette possibilité devient même plus fondée si l’on considère que le gouvernement arménien—la majorité politique— engage sa responsabilité pour la mise en œuvre de l’agenda de pais, tout en réalisant que le chemin n’est pas aisé. Je pense que l’engagement du gouvernement arménien et de la majorité politique dans l’agenda de paix est un important facteur pour les propositions émanant de différentes plateformes internationales”, a indiqué Grigorian à Armenpress. Cette interview de Grigorian est un autre signe des efforts en cours du gouvernement en vue de prendre des distances avec l’Artsakh, en se retranchant systématiquement derrière les termes de l’accord du 9 novembre 2020, qui avait mis fin à l’agression de l’Azerbaïdjan mais au prix d’importantes concessions territoriales de l’Arménie. Début juillet, le gouvernement avait annoncé qu’en septembre, les forces armées d’Arménie se seront intégralement retirées de l’Artsakh. Le chef du Service de sécurité nationale est resté plutôt vague quand on l’a interrogé sur l’avenir de l’Artsakh et de sa population arménienne, indiquant seulement qu’il était possible qu’un accord de paix soit signé avec l’Azerbaïdjan, sans qu’un statut définitif soit décidé pour le Karabagh. Quant aux garanties de sécurité pour les Arméniens de l’Artsakh, Grigorian a affirmé qu’il y avait des “garanties internationales” sur place pour assurer la sécurité des habitants de l’ Artsakh, qui, a-t-il dit “relèvent de la présence de forces de paix de la Fédération de Russie. Nous devons travailler sur une meilleure application de cette garantie, mais la démilitarisation du problème du Haut-Karabagh est une idée importante”. Grigorian a ajouté que le gouvernement suivait une feuille de route en vue de faire progresser la normalisation des relations arméno-azéries, une feuille de route qui inclurait les processus de délimitation des frontières, ainsi que l’ouverture des routes de transit à la charge de deux commissions séparées. Il a annoncé que la commission pour la délimitation se réunira une nouvelle fois à la mi-août à Moscou. Pourtant, il a reconnu que l’Azerbaïdjan avait accusé l’Arménie de différer l’ouverture des axes de transit, tout en précisant que l’Arménie avait exprimé sa disposition à ouvrir les communications régionales. Quant à savoir si le traité de paix annoncé induirait la reconnaissance par l’ Arménie de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, Grigorian a indiqué qu’en 1991 l’Arménie avait déjà approuvé un texte législatif à ce sujet. “Nous avons tant de fois répété que l’Arménie et l’Azerbaïdjan avaient mutuellement reconnu leur intégrité territoriale et l’inviolabilité des frontières par l’accord sur la création de la CEI signé en 1991 et ratifié par la suite ! Et cela fait partie de législation de l’Arménie comme de l’Azerbaïdjan aujourd’hui. Cela devrait être exprimé aussi au niveau bilatéral. Et comme nous l’avons dit, il n’y a rien d’inacceptable pour nous dans une telle perspective, et l’Arménie, c’est vrai, n’a aucune revendication territoriale à l’adresse de l’Azerbaïdjan”, a indiqué Grigorian, en évoquant aussi l’aspect humanitaire de la guerre de 2020, pour affirmer que le règlement de ces questions “est une composante nécessaire de la paix. Y compris les questions liées à la préservation de l’héritage culturel”. “Toutes ces questions, bien sûr, doivent être posées. D’ailleurs, au cours des deux dernières années, l’Arménie a transféré les corps de 130 Azerbaïdjanais portés disparus depuis la première guerre du Karabagh contre l’Azerbaïdjan. Nous sommes prêts à coopérer activement sur cette question aussi et nous en attendons de même de l’Azerbaïdjan. La partie arménienne déplore plus de 770 personnes disparues depuis la première guerre du Karabagh. Et on compte 303 personnes disparues dans la guerre de 44 jours”, a ajouté Grigorian. Pour ce qui concerne la normalisation également en cours entre la Turquie et l’Arménie, Grigorian en a appelé aux accords conclus le 1er juillet entre les envoyés spéciaux des deux pays, concernant l’ouverture de leur frontière commune et de leur espace aérien aux ressortissants de pays tiers et au fret. “Il est clair que nous resterons tenus par ces accords, d’autant plus que la Russie, les Etats-Unis, la France, l’Iran, la Géorgie, et l’UE soutiennent le processus de normalisation des relations entre l’Arménie et la Turquie”, a conclu Grigorian.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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