Rappelée à l’ordre par les autorités russes, qui lui avaient reproché de ne pas suivre la procédure en vigueur dans l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC)concernant le remplacement de l’actuel secrétaire général de l’alliance militaire dirigée par la Russie, Youri Khatchatourov, qui avait été inculpé fin juillet à Erevan pour sa responsabilité dans la répression de mars 2008, l’Arménie a proposé un autre candidat à ce poste hautement stratégique. Après avoir essuyé les vives critiques de Moscou, pour avoir demandé à ses partenaires de l’OTSC de s’occuper lui trouver un remplaçant, de préférance arménien, tandis que la justice arménienne s’occuperait de Y. Khachatourov, qui était d’ailleurs remis en liberté contre caution le 27 juillet, contrairement à l’ex-président Robert Kotcharian, arrêté et emprisonné pour sa part pour des chefs d’accusation similaires, aggravés par la poste qu’il occupait à l’époque, ce qui a d’ailleurs exacerbé les tensions avec Moscou, Erevan s’emploie à calmer le jeu.
L’Arménie proposerait ainsi, pour le poste de secrétaire général de l’OTSC, en remplacement de Y. Khachatourov, qui avait été entre temps autorisé à quitter le pays pour reprendre ses activités à la tête de l’alliance militaire où il avait été élu en avril 2017, la candidature du Lieutenant Général Vagarshak Arutyunyan… à ne surtout pas confondre avec Mikael Harioutiounian, lui aussi ancien ministre de la défense, mais qui a fui l’Arménie et sa justice qui le poursuit, comme MM. Khachatourov et Kotcharian, pour sa responsabilité dans la répression de mars 2008. V. Arioutiounian, pour sa part, n’est en rien impliqué dans cette affaire puisqu’il a été ministre de la défense en 1999-2000, soit au tout début du mandat de R. Kotcharian, dont il a quitté l’équipe après la tuerie du Parlement arménien du 27 septembre 1999. Âgé de 62 ans, V. Arutyunyan a occupé plusieurs postes, dont celui de vice-ministre de l’intérieur, de chef d’état major adjoint du commandement central des forces coordonnées de la CEI, et d’ajoint au chef du quartier général de l’organisme en charge de la coopération militaire au sein de la CEI.
Cette expérience dans les hautes instances militaires de la CEI, créée sur les décombres de l’URSS en 1991, fait de V.Arutyunyan un candidat acceptable pour Moscou, même s’il a été dégradé du rang de major général à celui de lieutenant général, en même temps qu’il était limogé de son poste de ministre de la défense, une disgrâce attribuée à la brouille qui l’aurait opposé au président de l’époque, R. Kotcharian, après l’attaque terroriste contre le Parlement de Erevan en septembre 1999. Or l’emprisonnement de R. Kotcharian, accusé par la justice de Erevan de violation de l’ordre constitutionnel en Arménie en mars 2008, n’a fait qu’attiser les tensions avec Moscou, déjà vives depuis la mise en cause de Y. Khachatourov. Les autorités russes laissent ainsi entendre que le remplacement de ce dernier par un militaire arménien n’était pas acquis. Y. Khachatourov, qui a quitté Erevan pour regagner son bureau de Moscou et exercer son mandat de secrétaire general de l’OTSC, d’une durée de trois ans, reste théoriquement à la disposition de la justice arménienne.
