Ergenekon voulait provoquer un putsch

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Le groupe nationaliste turc Ergenekon, accusé par les autorités de préparer un coup d’État, comptait déstabiliser progressivement le gouvernement et susciter des troubles pour entraîner une intervention de l’armée, a affirmé la presse turque.

S’appuyant sur des documents saisis par les enquêteurs, elle précise qu’un plan en quatre points prévoyait le lancement à partir du 7 juillet de manifestations dans une quarantaine de provinces afin de provoquer des affrontements avec les forces de sécurité, une « stratégie de la tension » comparable à celle qu’a connue l’Italie dans les « années de plomb » dans les années 1970-1980. Les comploteurs présumés prévoyaient aussi de diffuser des documents falsifiés faisant état d’une inquiétante dégradation de la situation économique, ajoute le journal Sabah, proche du gouvernement AKP issu de la mouvance islamiste.

« Il restait quatre jours avant le chaos » titrait jeudi le quotidien pro-gouvernemental Sabah, affirmant que « le 7 juillet au matin, des manifestations non autorisées devaient avoir lieu simultanément dans 40 villes pour accroître la tension ».

« Trente hommes de main devaient organiser des attentats contre des personnalités connues pour semer le chaos et créer un climat favorable à une crise économique qui ferait chuter le gouvernement » poursuivait le journal, affirmant résumer un « plan d’action » saisi par les enquêteurs.

Sabah et le quotidien libéral Taraf ont désigné l’ancien chef de la gendarmerie, le général Sener Eruygur, arrêté mardi à Ankara, comme le chef du réseau.

Les deux journaux rappellent que le journal intime supposé d’un amiral, publié en 2007 par le magazine Nokta, avait décrit le général Eruygur comme le plus résolu des protagonistes d’une conspiration au sein de l’état-major, qui envisageait de lancer un coup d’Etat dès 2003-2004.

A sa retraite, l’officier a pris la tête de l’Association de la pensée d’Atatürk (ADD), une structure qui a joué un rôle important en 2007 dans l’organisation de manifestations contre le gouvernement et principal relais du négationnisme du génocide des Arméniens .

Parmi les suspects figurent aussi deux autres ex-généraux, un ex-amiral, plusieurs anciens officiers de rang moins élevé, le chef d’un petit parti nationaliste, un avocat d’extrême droite rendu célèbre par ses procès contre des intellectuels, un auteur de pamphlets, des mafieux et des journalistes.

Applaudie par les milieux pro-gouvernementaux et libéraux, l’enquête, qui a débuté en juin 2007 avec la découverte à Istanbul d’une cache d’armes contenant des grenades, a aussi de virulents détracteurs.

« Veut-on mettre fin à une ‘organisation terroriste’ ou veut-on liquider un bloc qui mène l’opposition la plus virulente contre l’AKP? » s’interrogeait jeudi l’éditorialiste Rusen Cakir dans le quotidien populaire Vatan.

Un doute ravivé par le fait que le dernier coup de filet de la police, mardi, coïncidait avec l’audition par la Cour constitutionnelle du plaidoyer du ministère public réclamant l’interdiction de l’AKP.

Deniz Baykal, le chef du principal parti d’opposition, le Parti populaire du peuple (CHP, social-démocrate), dénonçait pour sa part un « coup d’Etat » de l’AKP, comparant les vagues d’arrestations aux méthodes en cours dans l’Allemagne nazie et dans l’URSS stalinienne.

Le ministère public devait transmettre dans les prochains jours au tribunal un acte d’accusation de 2.000 à 2.500 pages.

« Il se peut qu’Ergenekon soit un groupe criminel, il est alors normal de le poursuivre, mais avec une organisation aussi déficiente et des vieillards aux commandes, on peut se demander si tout cela est vraiment sérieux », a déclaré Gareth Jenkins, un spécialiste des questions de sécurité installé à Istanbul.

Ces tensions ont fait baisser les marchés, inquiets de ce climat d’incertitude qui nuit en outre aux efforts de la Turquie d’adhérer à l’Union européenne.

« L’AKP était au courant des tentatives de coup d’État, depuis 2004, pourquoi avoir attendu jusqu’à aujourd’hui ?» demandait, mercredi, Ismet Berkan, dans le journal Radikal. Lors des précédentes tensions avec les militaires, le gouvernement avait plutôt essayé de trouver un compromis. « Les épées sont tirées, l’affrontement est cette fois-ci inévitable », estiment plusieurs chroniqueurs.

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Author: raffi

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