Excellente prestation médiatique du président Armen Sarkissyan avec l’agence d’information saoudienne, par Armand Nasir

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Premier pas en direction de l’Arabie saoudite : le déplacement du président arménien à Riyad
Le président Armen Sarkissyan s’est rendu en Arabie saoudite, pour participer au sommet annuel de l' »Inititive pour les futurs investissements » (Future Investment Initiative/FII), qui a eu lieu du 26 au 28 octobre 2021. Il a été accueilli à l’aéroport par Adel al-Jubeir, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, proche du prince héritier Mohammed ben Salman et l’homme-clé de la diplomatie saoudienne en dépit de son rang au-dessous du ministre des Affaires étrangères.
Le FII est une sorte de forum économique réunissant hommes d’affaires et dirigeants de pays pour débattre de l’orientation que les investissements doivent prendre à l’avenir afin de permettre le progrès et la prospérité. Ce sommet dont le siège se trouve dans la capitale saoudienne, est organisé annuellement en présence du prince héritier. Jusqu’à présent, ce forum n’a pas atteint sa vitesse de croisière, d’où peu de dirigeants étrangers présents.
Le bureau de presse du président arménien estime que cette visite constitue un « tournant » dans les relations internationales de l’Arménie et Le courrier d’Erevan, organe de la francophonie en Arménie, la qualifie d' »historique ». Nous avons signlé (voir NAM en ligne du 3 août 2021) que l’Arménie et le Royaume d’Arabie saoudite n’ont pas de relations diplomatiques.
Plaidoyer du président pour l’établissement des relations diplomatiques
A la suite de ce déplacement, ArabNews, l’agence d’information officielle d’Arabie saoudite a interviewé le président de la République (voir arabnews.com, le 28 décembre 2021).
D’emblée, M. Sarkissyan a regretté que l’Arménie n’a pas de relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite, « pays très important, très influent, … »). L’Arménie est un « petit pays », mais elle est « le premier Etat chrétien », tandis que « l’Arabie est le gardien des lieux saints de l’islam ». Cette précision subtile du président a rehaussé l’Arménie à un niveau de prestige comparable moralement à celui du royaume d’Arabie.
Cette absence de relations officielles n’a pas fondamentalement lieu d’être, a dit Armen Sarkissyan. Il convient donc d’ouvrir mutellement les portes pour une coopération non seulement diplomatique, mais aussi économique, culturelle et touristique et dans le domaine de la haute technologie, chère au prince héritier. A cet égard, l’élément décisif a été le roi Salman et les discussions sur l’avenir à envisager avec le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Adel al-Jubeir. Ce dernier a été invité, de même que le ministre des Affaires étrangères saoudien en titre, à effetuer une visite officielle à Erevan. Mais le président Armen Sarkissyan considère que « de facto, sa visite à Riyad (en octobre dernier) constitue un début d’établissement des relations diplomatiques ».
Préoccupations politiques saoudiennes à travers les questions du rédacteur en chef, Faisal J. Abbas
– la guerre du Karabagh et le positionnement de l’Iran. Le président a dit comprendre les préoccupations de Riyad au sujet de la situation dans le Golfe, au Moyen-orient et les menées de la République islamique. En réponse, il a souligné que l’Iran était le voisin méridional d’un pays enclavé dont deux des quatre pays limitrophes lui ont fermé la frontière (Turquie et Azerbaidjan). Cependant, l’Iran n’intervient dans les affaires arméniennes ni militairement, ni sur le plan sécuritaire;
– et la Turquie. En revenche, Ankara a totalement soutenu l’Azerbaidjan, dans la guerre du Karabagh;
– par ailleurs, l’Azerbaidjan a présenté cette guerre comme une guerre religieuse, opposant chrétiens et musulmans, alors qu’il n’en est rien. Le Pakistan, dont une communauté importante de travailleurs réside en Arabie, est proche de la Turquie et de l’Azerbaidjan. Il a soutenu également ce dernier. Le Pakistan n’a pas de relations diplomatiques avec l’Arménie, mais ceci ne empêche pas que celle-ci puisse parler avec ce pays. « Le facteur religieux n’est pas un obstacle ». Le président a tenu à remercier les pays arabes de la région, ce qui a retenu l’attention, pour l’accueil fraternel qu’ils ont réservé aux réfugiés arméniens suite au génocide de 1915.
***
Le processus de normalisation initié par l’Arménie s’est enclenché à point nommé. Le contexte moyen-oriental est marqué par la reprise de langue discrète entre Riyad et Téhéran, susceptible d’atténuer les tensions entre les deux capitales. Dans ces conditions, l’Arménie apparaîtrait moins « suspecte » de penchants pro-iraniens aux yeux des dirigeants saoudiens. Ces derniers entretiennent des rapports concurrenciels jalonnés par de fortes tensions avec Téhéran.
A cela s’ajoute également l’inquiétude persistante de Riyad que provoquent les prétentions d’Ankara à peser sur le monde sunnite (participation récente du président Erdoghan à la prière dans une mosquée au Nigéria, déclarations sans doute irritantes sur Jérusalem « ville jadis ottomane », tentative de débauchage des sunnites du Liban, traditionnellement sous protection saoudienne, …). Cependant, un contre-temps est à craindre, car le président Erdoghan qui compte se présenter aux élections, semble avoir l’intention de se rapprocher et de l’Arabie saoudite et de l’Egypte. En outre, l’Iran, inséré dans le format 3+3 (Russie-Turquie-Iran/Arménie-Azerbaidjan-Géorgie, -cette dernière continue de refuser d’y participer), l’Arménie sera enfermée dans un processus qui lui sera sans aucun doute nuisible.
En tout état de cause, saluons cette initiative des autorités d’Erevan. Le créneau choisi semble être approprié.
Cela étant, l’effort doit se poursuivre côté arménien, car Bakou, très probablement, ne restera pas inerte et actionnera ses leviers (financiers et religieux), pour convaincre le gouvernement saoudien de la nécessité d’une attitude réservée voire hostile à l’égard de l’Arménie.

La rédaction
Author: La rédaction

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