L’armée arménienne a mis en garde l’Azerbaïdjan contre l’intensification des tensions dans la zone de conflit du Haut-Karabagh lors d’exercices à grande échelle que l’armée azerbaïdjanaise organisera cette semaine.
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé en début de semaine dernière que les exercices de cinq jours impliqueraient environ 10 000 soldats, des centaines de chars et de systèmes d’artillerie ainsi que des dizaines d’avions de guerre et d’hélicoptères. Il avait organisé des exercices similaires en mars.
Dans un communiqué publié jeudi, le ministère arménien de la Défense a condamné la tenue de ces prochains jeux de guerre, affirmant qu’ils menacent «l’environnement de sécurité régionale». Il a accusé Bakou d’ignorer le récent appel du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à un cessez-le-feu mondial afin que le monde puisse se concentrer sur la lutte contre la pandémie de Coronavirus.
« Nous appelons la partie azerbaïdjanaise à faire preuve de retenue et à honorer ses obligations envers la communauté internationale », peut-on lire dans un communiqué.
« En même temps, nous notifions que toute tentative de déplacement de matériel et de personnel militaire près de la frontière arménienne ou de la ligne de contact avec le Haut-Karabagh serait considérée comme une provocation et aurait des conséquences appropriées », a-t-il averti.
Les violations de la trêve dans la zone de conflit ont considérablement diminué depuis que le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev se sont rencontrés pour la première fois en septembre 2018. Les deux dirigeants et leurs ministres des Affaires étrangères se sont entretenus régulièrement depuis.
Pourtant, il y a eu des signes de tension accrue sur les lignes de front ces dernières semaines. L’armée soutenue par l’Arménie du Karabagh a affirmé avoir abattu un drone militaire azerbaïdjanais le 21 avril et a assuré une semaine plus tard que les forces azerbaïdjanaises avaient tiré des mortiers sur ses positions de première ligne pour la première fois en près d’un an.
Rencontrant les hauts responsables de l’armée azerbaïdjanaise le 2 mai, le ministre azerbaïdjanais de la Défense, Zakir Hasanov, a affirmé que la probabilité d’hostilités avait considérablement augmenté en raison de ce qu’il a appelé les «actions provocatrices» arméniennes. Le ministre arménien des Affaires étrangères, Zohrab Mnatsakanian, a dénoncé cette déclaration.
Le ministère de la Défense à Erevan a annoncé mercredi dernier que des soldats azerbaïdjanais avaient tiré à l’aide de mitrailleuses lourdes sur un village frontalier de la province de Tavush, dans le nord de l’Arménie. Il a publié des photographies de trous infligés par des balles et d’autres dommages causés à l’une des maisons du village.
Les médiateurs américain, russe et français codirigeant le groupe de Minsk ont renouvelé leurs appels aux parties en conflit pour qu’elles respectent «strictement» le cessez-le-feu et «évitent les actions provocatrices dans l’environnement actuel» lorsqu’elles ont tenu une vidéoconférence conjointe avec les ministres des Affaires étrangères Mnatsakanian et Mammadyarov le 21 avril.
S’exprimant le 12 mai, Mammadyarov a accusé Erevan d’entraver les progrès dans les pourparlers de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. « L’Azerbaïdjan est attaché à un règlement politique du conflit, mais les négociations ne peuvent pas continuer sans fin », a-t-il prévenu.
Mnatsakanian a rejeté les «menaces d’utilisation de la force» azerbaïdjanaises et a insisté pour dire que la partie arménienne est prête à négocier un accord de paix basé sur des «concessions mutuelles».
