Hrant Markarian, haut dirigeant de la Fédération révolutionnaire arménienne (Dashnaktsutyun), a annoncé sa démission hier, plus d’un mois après l’échec du parti à remporter un siège au sein du nouveau Parlement arménien.
Markarian a fait cette annonce au début du congrès du Dashnaktsutyun, qui se tient dans le Haut-Karabagh.
Des représentants des sections du parti, aussi bien en Arménie et que dans d’autres pays du monde comptant des communautés arméniennes importantes, assistent à ce congrès qui dure une semaine. Ils doivent débattre de sa nouvelle stratégie à la suite de la « Révolution de velours » du printemps dernier qui a radicalement transformé la scène politique arménienne. Le congrès élira également le nouveau responsable du bureau du parti.
Markarian dirigeait le Bureau depuis 2000. Il a déclaré hier qu’il ne se présenterait pas à sa propre succession.
« Nous avons atteint un point où nous devons nous regrouper », a-t-il expliqué aux délégués du congrès du parti. « Ce regroupement nécessite également certains changements, et je propose de commencer ce premier changement en prenant moi-même cette décision. »
Markarian a fait cette annonce alors que des voix dissonantes se sont élevées dans son parti, en Arménie et en diaspora, après le score bas du parti lors des élections législatives anticipées du mois dernier. Ces dissidents auraient affirmé que la FRA avait payé le prix de ses liens étroits avec l’ancien gouvernement arménien renversé par la Révolution de velours.
Dans son discours, Markarian a critiqué l’opposition venue «de l’intérieur du parti», regrettant qu’elle ait violé les «traditions» et les «concepts moraux» du parti nationaliste, âgé de 128 ans. Mais il n’a nommé directement aucun de ses détracteurs.
Markarian a également critiqué le gouvernement actuel du Premier ministre Nikol Pachinian, affirmant que celui-ci «ne reflétait pas l’atmosphère du mouvement populaire».
« Il existe un risque extrêmement élevé de fusion des pouvoirs exécutif et législatif, et de renforcement du principe de toute-puissance d’un seul homme », a-t-il pointé du doigt. « Avec leur inexpérience, leur mauvaise gouvernance et leurs cadres médiocres, les autorités pourraient ramener le pays plusieurs années en arrière. »
Le Dashnaktsutyun devrait donc avoir pour objectif de contrer Pachinian et son équipe politique au pouvoir lors des prochaines élections, a ajouté Markarian.
Un autre dirigeant des Dashnaktsutyun, Armen Rustamian, avait été dans le même sens en novembre : pour lui, Pachinian tenterait peut-être de «remplacer les anciens monopoles politiques et économiques par de nouveaux».
La FRA avait rejoint un gouvernement de coalition formé par Serge Sarkissian immédiatement après son élection controversée à la présidence en 2008. Elle s’est retirée du gouvernement un an plus tard pour protester contre la politique de rapprochement de Sarkissian avec la Turquie. Elle a conclu un autre accord de partage du pouvoir avec l’ancien président en 2016.
Le parti, qui reste influent dans les communautés de la diaspora au Moyen-Orient, aux États-Unis et en France, a conclu un accord similaire avec Pachinian peu après son arrivée au pouvoir en mai. Le Premier ministre populaire a limogé ses ministres affiliés au Dashnaktsutyun en octobre, accusant leur parti de collaborer en secret avec le parti républicain de Serge Sarkissian.
Le Dashnaktsutyun a remporté moins de 4% des suffrages aux élections du 9 décembre, ne franchissant donc pas le seuil des 5% requis pour entrer au Parlement.
