Garegin Choukaszian : 23e jour de grève de la faim, par Myriam Gaume

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Son père fut l’un des directeurs du Matenadaran, la bibliothèque des manuscrits anciens d’Erevan. Il revient y poursuivre sa grève de la faim à l’ombre de la statue de Mesrop Machtots. Il s’éveille avant le jour et admire la vue sur la ville en repos, aspire la pureté de l’air saturé de verdure. « Je ne me vois pas quitter ce lieu, il y règne un microclimat, une spiritualité qui m’encouragent ».

L’heureux locataire d’un deux pièces de toile grise (comme il se plait à le dire en plaisantant) planté au pied du Matenadaran le 12 mai par les activistes du Parlement fondateur après sa conférence de presse et l’abri de toile font l’objet de visites de nombreux soutiens, hommes politiques, vétérans, Arméniens des quatre coins de la diaspora. Pas un visiteur qui ne l’entreprenne pour le convaincre de renoncer à poursuivre sa grève de la faim, laquelle, au 23e jour, n’en doutons pas, entre dans une phase préoccupante.

L’homme Choukaszian, attentif, écoute chacun, et lui confie en retour la tâche de diffuser son message sur la refonte du système carcéral qu’il appelle de ses vœux. Beaucoup viennent plaider pour leur propre prisonnier – un frère, un fils, un mari – comme on le ferait auprès d’un ministre de la Justice. Ces hommages nombreux n’empêchent pas certains visiteurs de s’étonner de le voir brûler sa santé plutôt qu’endosser la casquette de conseiller du nouveau pouvoir – que faites-vous, Monsieur Choukaszian, dans les marges de la révolution, vous qui vous en réjouissez ?

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Déjà, des pétitions circulent dans les prisons d’Arménie, pour rejoindre ses doléances en faveur d’une amnistie générale, faire tomber les Bastille du pays, assainir les conditions d’emprisonnement de citoyens jugés pour des faits fabriqués, injustement condamnés.

Des hommes politiques rejoignent ces conversations sur un banc : aujourd’hui, Raffi Hovannissian, leader du parti Héritage, lui rendait visite. La chanteuse Elena Yerevantsi avait apporté sa guitare pour improviser un récital très apprécié des touristes Chinois et Norvégiens. En reprenant les refrains, le gréviste de la faim se rassasiait de musique.

Ce matin, les infirmières d’une ambulance des secours d’urgence tentaient de le convaincre de se laisser ausculter. Peine perdue. « Je vais bien » répondait Chougaszian. La situation devenait comique quand, se ravisant, l’une des infirmières soumettait à sa signature un formulaire pour justifier son refus de soins…. Bureaucratie. A ce jour, l’ombudsman, défenseur des droits humains en charge de la condition carcérale, ne s’est pas joint aux visiteurs. Ce matin, Toros Séfilian, arrivé du Liban dans l’espoir de voir la libération de son frère Jirayr Séfilian, attend d’être reçu par Nikol Pachinian, et que s’ouvre la porte de la cellule de son frère : le nouveau Premier ministre n’a-t-il pas annoncé la libération des prisonniers politiques, en citant son nom à deux reprises ?

Au soir du 15 mai, Nikol Pachinian, de retour de Sotchi, s’exprime longuement via son habituel quart d’heure en ligne sur Facebook : il clarifie son approche et sa méthode en répétant en substance que le pays ne doit pas compter de prisonniers politiques, mais n’attendez pas de moi que j’aille ouvrir les portes des prisons et pas plus que comme par le passé, tel ou tel cabinet appelle un juge pour décider quelle sera la peine de tel ou tel prisonnier. Que le cas des Sasna Tsrer est particulier et que rien ne peut se résoudre hors des sentiers légaux, dans leur complexité : le dénouement doit être prononcé, mais doit attendre le réexamen des faits – et faire la part de ceux qui ont été forgés par l’accusation.

De même que les giboulées succèdent au soleil de mai sur la terrasse du deux-pièces de toile de Garegin Choukaszian, les nouvelles contradictoires qui circulent suscitent espoir et déception dans la communauté des soutiens à sa cause.

Myriam Gaume

raffi
Author: raffi

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