Ankara, 12 avr 2019 (AFP) – Une violente altercation au sujet du génocide arménien a opposé vendredi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu et la députée française LREM Sonia Krimi lors d’une réunion de l’Assemblée parlementaire de l’Otan en Turquie.
Cet accrochage est survenu au lendemain de la parution dans le journal officiel en France du décret instaurant une commémoration annuelle, le 24 avril, du génocide arménien de 1915.
La publication de ce décret a suscité une nouvelle salve de violentes critiques en Turquie contre la France et le président Emmanuel Macron, qui avait annoncé en février l’instauration de cette journée de commémoration, au grand dam de la Turquie.
Avec @senateurJGM, nous venons de quitter le séminaire parlementaire #OTAN en réaction aux propos inadmissibles du Ministre des affaires étrangères et du président du parlement turcs insultant la France du fait sa reconnaissance du genocide arménien. @JL_Reitzer @philippefolliot
— Sonia Krimi (@Sonia_Krimi) 12 avril 2019
A l’ouverture vendredi de la réunion de l’Assemblée parlementaire de l’Otan à Antalya (sud), le président du parlement turc Mustafa Sentop, s’est fendu d’une nouvelle attaque contre la France, l’accusant de « manipuler l’histoire » et lui imputant la responsabilité des massacres commis en Algérie à l’époque coloniale et au Rwanda.
Mme Krimi a alors pris la parole pour se dire « choquée » par les critiques turques et rejeter la version de l’Histoire « écrite par les vainqueurs« , selon des images de la réunion retransmises en direct.
Grave incident séance inaugurale de la réunion AP OTAN, face aux propos insultants pour la France du président de l’assemblée Turque et à la réponse du ministre des affaires étrangères à @Sonia_Krimi la délégation Française a du quitter la séance @JL_Reitzer @senateurJGM
— Philippe Folliot (@philippefolliot) 12 avril 2019
Son intervention a suscité une réplique du chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, qui s’en est violemment pris à la France et à M. Macron.
« En termes de génocide et d’histoire, la France est bien le dernier pays à pouvoir donner des leçons à la Turquie parce que nous n’avons pas oublié ce qu’il s’est passé au Rwanda et en Algérie« , a-t-il fulminé.
« Vous pouvez continuer à regarder les choses de haut mais nous continuerons à vous remettre à votre place de cette façon », a-t-il ajouté.
A la suite de cet accrochage, Mme Krimi et la délégation française participant à la réunion ont quitté la salle en signe de protestation.
Quand l’arrogant @MevlutCavusoglu se permet de vous donner des leçons en arrogance et politesse avec arrogance et impolitesse ! #24avril #genocidearmenien #devoirdememoire @natopapress @FranceOTAN
— Sonia Krimi (@Sonia_Krimi) 12 avril 2019
Affirmant ensuite que le chef de la diplomatie turque l’avait bloquée sur
le réseau social, Mme Krimi a ajouté: « Quelle belle leçon de démocratie et de
diplomatie! ».
Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a partagé sur
Twitter un article listant « les taches sombres de l’histoire de France »,
ajoutant que « ni leur passé colonialiste, ni leur présent égocentrique ne leur
garantit de supériorité morale ».
« Leur objectif n’est pas seulement de s’en prendre à l’histoire de la
Turquie, mais de condamner son présent et son avenir. Ils n’y arriveront pas »,
a-t-il insisté.