Les avocats américains de descendants de victimes du génocide arménien ont invité jeudi à la négociation deux banques allemandes accusées d’avoir conservé les avoirs déposés par des clients arméniens assassinés en 1915.
Les avocats Brian Kabateck, Mark Geragos et Vartkes Yeghiayan, eux-mêmes d’origine arménienne, ont appelé la Deutsche Bank et la Dresdner Bank à les rencontrer pour tenter de résoudre ce conflit à l’amiable, ont-ils affirmé lors d’une conférence de presse à Berlin.
Me Garagos, qui avec ses collègues a déposé en janvier 2006 en Californie une plainte en nom collectif (« class action ») contre les deux établissements bancaires pour leur rôle dans l’empire ottoman en 1915, a donné en exemple les assureurs américain New York Life et français Axa, qui, visés par des plaintes similaires, ont finalement accepté, après négociations, de verser des dédommagements.
« La Deutsche Bank devrait faire comme New York Life et chercher un accord, plutôt que de faire de l’obstruction juridique. Nous en appelons à la Deutsche Bank et à tous ceux qui font des affaires avec elle », a souligné Me Garagos.
Les trois avocats, reçus jeudi matin au ministère allemand des Affaires étrangères, ont accusé la Deutsche Bank d’avoir cherché à corrompre un des témoins qu’elle voulait faire citer, un historien spécialiste du génocide arménien.
Contactée par l’AFP, la direction de la Deutsche Bank à Francfort (ouest) a dit « rejeter l’ensemble de ces accusations ».
« Nous considérons que cette action en justice n’a aucune chance d’aboutir », a indiqué Ronald Weichert, un des porte-parole du groupe bancaire.
Un porte-parole de la Dresdner Bank, Martin Haluza, a également déclaré que la plainte ne peut aboutir, « car les plaignants n’ont aucune preuve pour les reproches qu’ils avancent ».
Selon les plaignants, la Deutsche Bank et la Dresdner Bank auraient conservé les actifs déposés par les Arméniens avant 1915, puis versé cet argent à l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne durant la première guerre mondiale.
En octobre 2005, le groupe d’assurance français Axa avait accepté de verser une indemnisation de 17 millions de dollars aux descendants de porteurs de contrats d’assurance-vie décédés lors du génocide arménien.
Cette décision était intervenue au terme d’une médiation menée en Californie entre le groupe français et ces descendants qui avaient également lancé une action judiciaire civile en nom collectif.
Un accord similaire avait déjà été signé avec la compagnie américaine New York Life en 2000 pour 20 millions d’euros.
