Les membres de la fédération Alevi Bektasi ont déposé mercredi 22 août 2007 une guirlande noire devant le bâtiment de l’Institut d’Histoire Turque (TTK) pour protester sur les propos de son président, l’historien Yusuf Halaçoglu, concernant les origines des Kurdes Alévis.
« Yusuf Halaçoglu doit démissionner de son poste », a dit le secrétaire général de la Fondation Turan Eser, dans une déclaration faite après la manifestation, ajoutant que les propos d’Halaçoglu avaient humilié les Kurdes, les Alevis et les Arméniens et violé leurs droits politiques et culturelles.
Turan Eser a précisé que ceux qui mènent des recherches historiques doivent baser leurs affirmations sur des données scientifiques, s’ils doivent présenter leurs thèses. Il a souligné que les propos de Yusuf Halaçoglu, loin d’être scientifiques, sont « une évaluation idéologique ».
« Cette approche qui essaye de diminuer la connaissance commune, la mémoire sociale collective et diverses des identités culturelles, mène à rien sinon à de la discrimination et du racisme. »
Yusuf Halaçoglu avait déclaré que beaucoup de Kurdes étaient d’origine turque tandis que les Turcs Alévis sont d’origine arménienne. Un large éventail d’associations Alévis, des députés du Parti au pouvoir « Justice et Développement » (AKP), ont réagi fermement et réclamé la démission de Yusuf Halaçoglu.
Mais ce dernier a souligné que ses propos avaient été mal compris et qu’il n’avait pas voulu dire qu’il n’y avait pas de communauté Kurde en Turquie.
« Aujourd’hui certaines familles qui se définissent comme kurdes sont recensées comme membres de tribus turkmènes » avait-t-il indiqué mardi d’une conférence de presse. Yusuf Halaçoglu avait poursuivi en affirmant avoir découvert que des membres de tribus anatoliennes ont été recensés non pas comme kurdes mais comme membres de tribus turkmènes, durant ses recherches dans les archives ottomanes.
En attendant, l’association de droits de l’homme (IHD) et l’association culturelle alévi Pir Sultan Abdal ont réagi aux rapports de Yusuf Halacoglu. L’IHD a indiqué qu’Halacoglu, en ignorant les racines ethniques des personnes habitant en Turquie, a montré une attitude raciste et a réclamé sa démission. « En tant que président du
TTK, il devrait être du devoir d’Halacoglu d’éviter le racisme et d’autres préjugés. Depuis qu’il est dans ce bureau, il a maltraité l’histoire afin de la modeler selon ses propres idées ». L’association a déclaré qu’elle enverra au Premier ministre Erdogan une lettre pour réclamer le renvoi de Yusuf Halacoglu.
L’association culturelle alévi Pir Sultan Abdal a dénoncé sa position comme un « acte d’hostilité envers la science » et a également réclamé sa démission : « avec ses commentaires sur la culture et les croyances Alévi et l’identité Kurde, Halacoglu a
commis le crime du séparatisme face à la réalité de la Turquie ». L’association a précisé que l’institut de Yusuf Halacoglu portait la responsabilité de l’objectivité :
« Quand on regarde la formation de cet établissement et sa recherche depuis lors, il est clair que l’Institut d’Histoire Turque (TTK) a eu une mission. Depuis le coup des militaires du 12 septembre 1980, ses études ont été loin d’être scientifiques. Il n’est pas du devoir des scientifiques d’interpréter l’histoire dans le cadre des lois écrites et d’être d’accord avec l’idéologie officielle, mais de défendre les vérités de l’histoire scientifique dans le cadre de la
loi universelle ».
Selon le journal « Gundem » le sociologue Ismail Besikci en liaison avec les propos d’Halacoglu a déclaré « les gens comme Halacoglu pensent que 2×2 égale 5 ».
L’écrivain arménien Mkrtich Markosian a dit qu’Halacoglu est un nationaliste affirmé et que donc que ses déclarations sont sans valeurs.
Selon « Radikal » le professeur Aktar pense qu’Halacoglu en déclarant que les Arméniens se sont tournés vers l’Islam en raison de la déportation, admet de-facto que les déportations de masse ont eu lieu en effet. Et le professeur Oran a déclaré au sujet d’Halacoglu « bientôt il déclarera qu’Adam et Eve sont Turcs aussi ».
Yusuf Halacoglu a été nommé à son poste le 21 septembre 1993. Les candidatures au poste de directeur de l’Institut d’Histoire Turque sont suggérées par le premier ministre et approuvées par le Conseil de l’Education » et le gouvernement pour une durée d’une année. Le premier ministre est autorisé à prolonger cette limite
tous les ans.
Espèrons que le Premier ministre turc Erdogan cette année prendra la décision de ne pas prolonger le contrat d’Halacoglu une fois de plus.
