Génocide arménien : non à l’instrumentalisation de la justice

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Tribune parue dans Libération le 10 octobre 2017 et verdict du 28 novembre 2017


Comme le dit Elie Wiesel, « le tueur tue toujours deux fois, la seconde par le silence » :le négationnisme est la continuation du génocide.

Si chaque génocide a ses spécificités, le négationnisme procède toujours de la même mécanique haineuse. Il représente à chaque fois une même insulte à la mémoire des victimes, une même provocation pour les rescapés et leurs descendants, une même atteinte à la dignité humaine.

Ainsi, lorsque le directeur du magazine Les Nouvelles d’Arménie, Ara Toranian, a comparé un négationniste du génocide des Arméniens au négationniste de la Shoah Robert Faurisson, à l’instar de Pierre Vidal-Naquet avant lui, il a eu pleinement raison. Aussi, le procès en diffamation qui lui est intenté pour ce motif et qui se déroulera le 17 octobre prochain devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, nous est insupportable. En effet, ce sont les défenseurs de la mémoire, de la vérité historique et de la dignité qui devraient se trouver sur les bancs de l’accusation et les négationnistes sur ceux des accusés, et non l’inverse.

L’état actuel de la législation française ne permet pas de poursuivre en justice les négationnistes du génocide des Arméniens. Faudrait-il qu’en plus ces derniers puissent éviter d’être désignés pour ce qu’ils sont, et qu’ils fassent condamner les descendants des victimes ? Cette grossière tentative de renversement des rôles et d’instrumentalisation de la liberté d’expression doit être dénoncée avec force. Protéger la liberté d’expression contre ceux qui tentent de la dévoyer avec perversité, protéger les légataires des victimes des persécutions des légataires de leurs bourreaux, ne pas entraver la transmission de la connaissance de la vérité historique, voilà les enjeux symboliques fondamentaux du procès qui s’ouvre le 17 octobre prochain.

Nous faisons toute confiance à la justice de notre pays pour être à leur hauteur.

Charles Aznavour, Bernard-Henri Lévy, Serge Klarsfeld, Beate Klarsfeld, Arno Klarsfeld, Michel Onfray, Pascal Bruckner, Alain Terzian (prés. de l’Académie des César), Franz-Olivier Giesbert (Journaliste), Yann Moix (écrivain), Charles Villeneuve (journaliste), Robert Guédiguian (cinéaste), Francis Kalifat (prés. du CRIF), Alain Jakubowicz (prés. de la LICRA), Benjamin Abtan (prés. du Mouvement antiraciste européen – EGAM, fondateur du Réseau Elie Wiesel de parlementaires d’Europe), Dominique Sopo (prés. de SOS racisme), Gérard Chaliand (géostratège), Frédéric Encel (géopolitologue), Jacky Mamou (prés. d’Urgence Darfour), Bernard Schalscha (sec. gén. de France Syrie Démocratie), Simone Rodan-Benzaquen (dir. France de l’American Jewish Committee-AJC), Raymond Kévorkian (historien), Yves Ternon (historien), Robert Kéchichian (cinéaste), CRIF Marseille-Provence, Didier Rebut (prof. de droit à Assas), Claire Mouradian (historienne, dir. de recherche au CNRS), Marc Knobel (historien, essayiste), Marcel Kabanda (prés. hon. d’Ibuka-France), Michaël Prazan (écrivain et réalisateur), Mohamed Sifaoui (journaliste, écrivain, réalisateur), Valérie Igounet (historienne, auteure de « Faurisson : portrait d’un négationniste »), François Heilbronn (vice-prés. du mémorial de la Shoah), Eric Marty (écrivain, universitaire), Valérie Toranian (dir. de la « Revue des deux mondes »), Hamit Bozarslan (historien, dir. de recherche à l’EHESS), Sacha Ghozlan (prés. de l’UEJF), Fethi Benslama (psychanalyste écrivain), Richard Odier (secrétaire général du Centre Simon Wiesenthal),Rudy Reichstadt (dir. de l’Observatoire du Conspirationnisme), Méïr Waintrater (écrivain), Erol Ozkoray (écrivain turc), Selim Eskiizmirliler (« Academia of Peace » de Turquie, prof. à Paris Descartes), Levent Sensever (porte-parole en Turquie de Durde ! « Dis stop au racisme et au nationalisme »), Ayse Gunaysu (porte-parole de l’Association pour les Droits humains de Turquie – IHD), Laurent Bouvet (politologue), Alain Chouraqui (dir. de recherche émérite au CNRS), Claude Mutafian (historien), Gilles Karmasyn (resp. de Pratique de l’Histoire et Dévoiements Négationnistes), David Khalfa (Prés. de RBF France-Forum de la Mémoire), Alain Gauthier, (prés. du CPCR- Collectif des partes civiles pour le Rwanda), Hervé Geogelin (historien), CCAF (Conseil de coordination des organisations arméniennes de France).

Cet appel est paru dans LIBERATION le 10 octobre 2017

Le 28 novembre dernier la cour correctionnelle déboutait Maxime Gauin de sa demande

Pour la justice, on peut dénoncer la négation du génocide arménien

Paris, 28 nov 2017 (AFP) – La justice a relaxé mardi au bénéfice de « la
bonne foi » le directeur du site des Nouvelles d’Arménie, qui était poursuivi
pour diffamation par un chercheur français, qualifié lors du procès en octobre
de « négationniste patenté » du génocide arménien de 1915.
Maxime Gauin, un chercheur français financé par un think tank turc, a
attaqué le directeur du site des Nouvelles d’Arménie, Jean-Marc Toranian, et
un contributeur à son site pour diffamation et injure publique par voie
électronique.
Le plaignant poursuivait trois séries de propos publiés en 2013 et 2014, où
il est comparé au négationniste Robert Faurisson (régulièrement condamné pour
nier la réalité de la Shoah) et qualifié de « véritable tâcheron au service du
fascisme turc », notamment pour avoir écrit que « les déportés étaient très bien
nourris et accueillis et au cours et au terme de leurs marches forcées ».
Le chercheur pouvait s’appuyer sur un paradoxe: la France a reconnu le
génocide arménien en 2001, mais le Conseil constitutionnel a censuré en 2012
la loi pénalisant sa contestation.
Le tribunal a estimé que les propos poursuivis présentaient un caractère
diffamatoire, mais a retenu « l’excuse de bonne foi ». Il a aussi jugé que
l’injure n’était pas constituée.
Pour Me Henri Leclerc, l’avocat de Jean-Marc Toranian, « ce jugement est
très satisfaisant. (…) Puisqu’on n’érige pas en délit le négationnisme des
Turcs, qu’au moins on puisse dire que ce sont des menteurs ». « Nier le génocide
est bien un mensonge », s’est félicité l’avocat.
Jean-Marc Toranian a salué « une victoire remportée contre un négationniste
notoire du génocide arménien ».
Lors du procès, le 17 octobre, Maxime Gauin, qui revendique des
publications dans plusieurs revues universitaires américaines, a pleinement
assumé contester la qualification de génocide contre les Arméniens.
Il a demandé à la justice de lui accorder réparation pour avoir été
« injurié », « blessé ». « Quoi de pire pour un historien que d’être comparé à des
faussaires comme Robert Faurisson? », a-t-il demandé.

La rédaction
Author: La rédaction

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