Demir Onger, directeur du Centre culturel Anatolie à Paris, dénonce le vote jeudi par les députés français de la loi permettant des poursuites pénales pour négation du génocide arménien de 1915.
« C’est une loi liberticide. On ne pourra plus exprimer son opinion sur ce sujet. Or la France est le pays des libertés et ça ne colle pas du tout », a-t-il dit à Reuters.
Demir Onger souligne les « contradictions » de Jacques Chirac et du président de l’Assemblée nationale Jean-Louis Debré, notamment. « Il y a eu une loi en France sur l’effet positif du colonialisme et sur le génocide algérien éventuel perpétré par la France. Or tous deux ont dit ‘ce n’est pas aux politiciens de faire l’Histoire mais aux historiens' », affirme-t-il.
Pour le dirigeant du Centre culturel Anatolie, un certain nombre des députés sont « en train de sacrifier les intérêts de la France » pour satisfaire des électeurs de leur circonscription.
Il s’interroge également sur la « réalité ou non » du génocide arménien, affirmant qu’il y a eu « des massacres de part et d’autre » et que la Turquie et l’Arménie ont décidé qu’un comité d’historiens se pencherait sur la question.
« Dans ces conditions, cette loi ne peut que saboter ces démarches de la Turquie avec l’Arménie », estime-t-il.
Citant le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, il estime que c’est un problème entre l’Arménie et la Turquie et suggère que la France ne s’y immisce qu’en raison de « sa mauvaise conscience ». « En 1919, elle figurait parmi les trois pays, avec l’Angleterre et la Russie, qui ont poussé les Arméniens à se révolter contre l’empire ottoman de jadis », avance-t-il.
Selon Demir Onger, la communauté turque en France est plus importante que la communauté arménienne (400.000 contre 300.000) mais son implantation est plus ancienne. Les Arméniens sont arrivés vers 1926 et les Turcs vers 1960″, dit-il.