Génocide kurde: le tortionnaire Hajaj continue de hanter les témoins

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La figure terrifiante d’un chef de camp de détention ouvert pour les Kurdes dans le sud de l’Irak, il y a 20 ans, a hanté de nouveau mardi le procès de Saddam Hussein à Bagdad, lorsqu’un témoin a décrit les tortures pratiquées par cet homme que les témoins appellent Hajaj.

« Un jour, Hajaj a attaché deux jeunes Kurdes à un poteau électrique, la tête en bas, et les a battus. Puis ils ont été jetés au sol, et les gardes les ont encore battus », a déclaré Moutalib Mohamed Salmane, 78 ans, le premier témoin de l’accusation appelé mardi à la barre lors de la 16ème journée d’audience.

Les uns après les autres, les témoins qui se sont présentés depuis le 21 août, date de l’ouverture du procès de Saddam Hussein pour génocide contre les Kurdes, ont évoqué ce personnage sinistre. Il dirigeait le camp de Nougrat Salam, dans le désert du sud irakien, et paraissait avoir toute liberté pour exercer des sévices contre les prisonniers entassés dans ce camp de la mort.

Des témoins ont raconté qu’il faisait venir chaque jour des femmes dans son bureau pour les violer, qu’il jetait les cadavres de prisonniers aux chiens, ou attachait des prisonniers à la cage de but du terrain de football de la prison pour les frapper.

Saddam Hussein, 69 ans, et ses six co-accusés, sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d’Anfal, en 1987-1988 dans le Kurdistan irakien, qui ont fait plus de 180.000 morts, selon l’accusation. Tous risquent la peine de mort.

Moutalib Salmane vivait dans un village montagneux du Kurdistan lorsque le drame a éclaté en mai 1988. Des colonnes de chars irakiens sont arrivés, l’obligeant à fuir, avec des voisins, vers une autre vallée où il a appris que des bombardements chimiques étaient en cours.

« Au bout de trois jours de bombardements aériens, nous avons été bloqués par l’armée dans une vallée. Nous étions alors 200 à 300 », a-t-il dit.

« Nous sommes revenus dans notre village qui était presque totalement détruit, et l’armée irakienne a alors enregistré nos noms », a-t-il poursuivi.

C’est ensuite la descente vers le sud que beaucoup de Kurdes ont connue, avec un premier arrêt dans le centre de détention de Tak Tak, dans le Kurdistan, où les personnes âgées étaient séparées des adultes et des enfants, et les hommes des femmes.

Enfin, c’est la prison de Nougrat Salam dans le désert brûlant, où Moutalib Salmane passe six mois. « On manquait d’eau et de nourriture, et la santé des prisonniers ne cessait de se détériorer. Nous comptions une trentaine de morts par jour chez les détenus », a-t-il affirmé.

« Un jour, j’ai compté vingt cadavres alors que je rendais visite à deux parents dans leur cellule parce que j’avais entendu dire qu’ils étaient malades. Lorsque je suis arrivé, ils étaient morts. Nous les avons enterrés à l’extérieur de la prison », a-t-il dit.

Au bout de six mois, sur le chemin du retour, il s’est arrêté quatre jours à la prison de Samawa (270 km au sud-est de Bagdad), où « les gardes nous ont donnés l’ordre de chanter et de danser dans la cour ».

La semaine passée, un autre témoin avait raconté qu’à Samawa les gardiens « avaient contraint les membres de son groupe à imiter les cri des ânes et des chiens ».

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Author: raffi

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