Les dirigeants européens réunis en sommet extraordinaire se sont dits déterminés lundi à condamner Moscou pour son offensive en Géorgie, mais semblaient partagés sur la nécessité d’être plus fermes à ce stade à l’égard d’un partenaire qui reste incontournable. Alors que de nombreux pays, présidence française de l’UE en tête, ont plaidé en faveur d’une réaction modérée à l’égard de la Russie, la Grande-Bretagne a appelé les Européens à « suspendre » les négociations qu’ils viennent d’engager avec Moscou sur un partenariat renforcé. En attendant un réexamen plus complet des relations UE-Russie, « nous devrions suspendre les négociations sur un nouvel accord de partenariat et de coopération », a déclaré le porte-parole du Premier ministre Gordon Brown, peu avant le sommet, qui devait débuter vers 15h30 (13H30 GMT). Le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski a lui aussi estimé juste avant le sommet qu’il serait « probablement difficile » de poursuivre ces discussions « tant que les forces russes seront en Géorgie ». La plupart des pays européens ont toutefois peu d’appétit dans l’immédiat pour une telle mesure, alors qu’une deuxième séance de pourparlers avec la Russie sur cet accord est prévue à Bruxelles les 15-16 septembre. La chancelière allemande Angela Merkel, tout en exprimant son « mécontentement » face au non respect du plan de paix par Moscou, a estimé qu’il ne fallait pas « rompre les fils du dialogue » avec la Russie mais lui « parler clairement », dès son arrivée au sommet. Lundi matin, le Premier ministre français François Fillon, dont le pays préside l’UE, avait réitéré l’opposition de Paris à des sanctions contre Moscou après la guerre éclair qui a opposé la Russie à la Géorgie en août. « La Russie est un grand pays qui compte, une grande puissance qui a été d’une certaine façon humiliée dans les 20 dernières années », a-t-il plaidé. Au diapason, le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a déclaré lundi que la Russie, qui fournit à l’Europe un quart de son gaz et de son pétrole, ne devait pas être considérée comme « un pays hostile ». Le chef de la diplomatie finlandaise, Alexander Stubb, qui préside l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), a encore estimé que « commencer à reporter (les négociations sur l’accord renforcé) ou tout autre accord maintenant serait un pas en arrière ». Il a appelé à la nomination d’un Haut représentant de la communauté internationale dans le Caucase, pour aider à résoudre le conflit en Géorgie. Alors que des manifestations se déroulaient contre l' »agression » de Moscou, à Tbilissi et dans plusieurs villes d’Europe, l’UE devrait au cours de ce sommet de trois heures essentiellement condamner une nouvelle fois avec fermeté l’intervention militaire russe. Elle devrait aussi « mettre sous surveillance » ses relations avec la Russie, dans l’attente de l’évolution sur le terrain en Géorgie, en exhortant Moscou à respecter le plan du 12 août qui prévoit le retour de ses troupes — toujours stationnées dans le pays — à leurs positions d’avant le conflit. Les Européens semblent majoritairement disposés à attendre jusqu’au prochain sommet UE-Russie prévu à la mi-novembre, avant d’envisager de véritables mesures de rétorsion. Dans un domaine plus consensuel, les dirigeants des 27 devraient approuver un renforcement de leur aide à la reconstruction de la Géorgie et confirmer leur volonté d’envoyer une mission civile d’observation du cessez-le-feu dans le pays, en plus de celle de l’OSCE. Cette mission serait chargée de veiller à l’application du plan en six points. Elle pourrait être prête à la mi-septembre. La Russie s’est dite pour sa part favorable à l’envoi d’une force de police internationale pour assurer la sécurité autour des républiques séparatistes géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie.
