L’opposition géorgienne, qui conteste la réélection annoncée du président Mikheïl Saakachvili, a réclamé mardi la démission du chef de la Commission électorale alors que le pays était toujours dans l’attente des résultats complets, trois jours après le scrutin.
« Démissionnez ! Sinon nous allons protester tous les jours ! », a hurlé le principal candidat de l’opposition Levan Gatchetchiladzé à l’adresse du président de la Commission Levan Tarkhnichvili lors d’une vive altercation dont des images ont été retransmises à la télévision géorgienne.
Cet échange est intervenu alors que le président sortant Mikheïl Saakachvili est donné réélu dès le premier tour, selon des résultats partiels. Mais le décompte des voix n’était toujours pas terminé près de 72 heures après la fermeture des bureaux de vote.
Selon les derniers résultats publiés sur le site de la Commission et portant sur les protocoles communiqués par 87% des bureaux de vote, M. Saakachvili a obtenu 52,1% des voix, suivi de M. Gatchetchiladzé (24,98%).
M. Tarkhnichvili a répété mardi que le retard dans la collecte des résultats était dû à d’importantes chutes de neige qui ont rendu inaccessibles certaines régions montagneuses de cette ex-république soviétique du Caucase.
« J’espère que nous arriverons à les avoir aujourd’hui (mardi) en utilisant des chevaux et des ânes », a-t-il plaisanté.
« Vous racontez des mensonges à toute la Géorgie », a pour sa part accusé M. Gatchetchiladzé qui devait rencontrer dans l’après-midi des diplomates occidentaux.
M. Tarkhnichvili lui a conseillé d’adresser ses plaintes aux instances officielles ou aux tribunaux, dénonçant « menaces et pressions » de sa part. « L’opposition a des représentants à la commission électorale à tous les niveaux. Ils ont tous les moyens nécessaires pour agir dans le cadre de la loi », a-t-il ajouté.
Zourab Marakvelidzé, représentant de l’opposition à la Commission électorale, a concédé que celle-ci avait huit jours, selon la loi, pour annoncer les résultats.
Mais il a dénoncé le fait que le chef de la Commission ait annoncé des résultats quasi-complets avant qu’ils ne soient publiés sur le site de la Commission. « C’est une violation du code électoral », a-t-il dit.
M. Tarkhnichvili a annoncé tard dimanche soir que M. Saakachvili avait, selon un décompte quasi-complet, remporté la présidentielle dès le premier tour avec 52,8% des voix. Il a ensuite expliqué que ces données lui avaient été dictées « au téléphone » et n’avaient pas de valeur légale.
L’opposition réclame un second tour et a menacé d’organiser des manifestations ce qui a éveillé de nouvelles craintes d’instabilité après des troubles en novembre qui se sont soldés par neuf jours d’état d’urgence et la convocation de la présidentielle anticipée.
Arrivé au pouvoir à l’issue de la Révolution de la rose aux mots d’ordre démocratiques, M. Saakachvili a vu son image ternie après une gestion musclée de la crise en novembre, critiquée par les capitales occidentales.
En perte de vitesse en Géorgie où ses ex-alliés l’accusent de dérives autoritaires et une partie des citoyens de ne pas avoir fait assez pour relever leur niveau de vie, il a présenté ce scrutin comme « un test pour la démocratie » et mené campagne sous le slogan « Géorgie sans pauvreté ».
Le scrutin a été jugé « valide » par l’OSCE et globalement salué par l’Occident, dont le soutien est capital pour M. Saakachvili, à couteaux tirés avec Moscou qui soutient deux républiques séparatistes géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.