Guerre des mots entre Pachinian et Vanetsian

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Le ton monte entre le premier ministre Nikol Pachinian et son ancien homme lige Artur Vanetsian, qu’il avait poussé à démissionner de la direction du Service de sécurité nationale (SSN) le 16 septembre. Si le premier ministre n’avait pas souhaité s’expliquer sur les raisons du limogeage de celui que l’on considérait comme le maître d’oeuvre de sa campagne anti-corruption à la tête du tout puissant SSN où il l’avait placé 2 jours seulement après avoir accede au pouvoir, en mai 2018, A.Vanetsian avait quant à lui lâché quelques critiques, reprochant en termes à peine voilés l’amateurisme et l’improvisation caractérisant selon lui le style de gouvernement de N.Pachinian, qu’il jugeait peu compatible avec son “honneur d’officier” dans un message écrit diffuse au moment même où le chef du gouvernement annonçait que ce départ relevait d’un “consentement mutuel” au terme de longues discussions. Le message d’A.Vanetsian avait pris de court N.Pachinian, qui n’avait pas caché sa colère en en prenant connaissance lors de cette même conference de presse. N.Pachinian répondra à A. Vanetsian par la voix de son responsable de presse, qui fera savoir qu’il avait décidé de le limoger car il était mécontent de son travail à la tête du SSN.

Lors d’une visite aux Etats-Unis où il a tenu un meeting monstre devant la communauté arménienne de Los Angeles avant de partir pour New York où il doit participer à l’Assemblée Générale des Nations unies, N. Pachinian a accusé dimanche 22 septembre A.Vanetsian à “faire preuve d’irrespect pour l’honneur de l’officier” en faisant une telle “déclaration contre son commandant en chef”. “Est-ce qu’un officier pourrait faire une telle chose?” a déclaré N.Pachinian lors d’une conférence de presse à Los Angeles en ajoutant : “Savez-vous ce que cela signifie? C’est comme si vous jetiez vos épaulettes à la poubelle!” “C’est irrespectueux pour les forces armées d’Arménie”, a poursuivi N.Pachinian, en comparant A.Vanetsian aux généraux soviétiques qui tentèrent un coup d’Etat contre Eltsine en août 1991.

A.Vanetsian a réagi en termes tout aussi vifs lundi, en déclarant que le premier ministre induit en erreur les Arméniens en s’entêtant à “ne pas penser aux conséquences de ses paroles”. “Imagine ce qui arriverait si je me mettais soudain à parler sans prendre la mesure des conséquences de mes propos”, a déclaré l’ancien chef du SSN dans des commentaires publiés par le quotidien “Hraparak”. A.Vanetsian affirme qu’après sa démission, N.Pachinian lui avait “envoyé des gens pour lui demander de garder le silence le temps que la situation se calme”. “Mais je constate maintenant qu’il a une fois encore rompu ses engagements et fait des déclarations incompréhensibles et, en essence, populistes”, a ajouté A.Vanetsian qui joint donc sa voix à celle des détracteurs de N.Pachinian, et pas seulement dans les rangs des représentants de l’ancien pouvoir, qui lui reprochent son populisme et sa démagogie. “Je le dis avec certitude: le temps dira qui et quoi finira à la poubelle”, a conclu cet officier de carrière âgé de 39 ans qui était il y a encore quelques jours l’un des hommes les plus puissants du pays.

Ces critiques plutôt violentes montrent en tout cas qu’A.Vanetsian n’entend pas s’astreindre à ce devoir de réserve auquel le rappelait N.Pachinian en le limogeant et qu’il est peu probable qu’il se contente du statut de président de la Fédération arménienne de football, auquel il avait été dit d’abord qu’il était décidé à se consacrer à plein temps. Signe d’un malaise à la tête de l’exécutif, cette démission fracassante présentée dans un premier temps comme le fruit d’un consensus, risque de raviver les spéculations sur les difficultés du premier ministre à s’entourer de professionnels, d’autant qu’elle intervient après une série de limogeages dans l’équipe de N.Pachinian, qui obtenait d’ailleurs deux jours après la démission du chef de la police, Valeri Ossepian, curieusement recasé au nombre de ses conseillers en matière de sécurité.

Dans le feu de cette guerre des mots qui l’oppose à A.Vanetsian, il se peut que N. Pachinian aille jusqu’à l’accuser d’être un élément “contre-révolutionnaire”, accusation majeure que le principal intéressé avait parée au lendemain de sa démission en précisant qu’il n’avait jamais collaboré avec l’ancien régime et en mettant en garde contre les tentations de certains de ses représentants de récupérer politiquement sa disgrâce. Mais N.Pachinian peut difficilement porter de telles accusations contre A. Vanetsian, qu’il avait placé à la tête du SSN 2 jours seulement après avoir été élu premier ministre le 8 mai 2018, sauf à admettre qu’il n’est pas en mesure de s’entourer de collaborateurs de confiance. N.Pachinian n’a pas encore exposé publiquement les raisons officielles du renvoi de A.Vanetsian, ni annoncé par qui il entendait le remplacer. Son porte-parole, Vladimir Karapetian, avait suggéré la semaine dernière que A.Vanetsian aurait pu avoir gardé secrètement des liens avec l’ancien pouvoir, s’attirant un ferme démenti de l’intéressé. Le procès en contre-révolution semble se profiler…

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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