Gül, président élu, s’engage à défendre la laïcité en Turquie

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Elu président de la Turquie mardi à l’issue d’un troisième tour de scrutin au parlement d’Ankara, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül s’est engagé à défendre la laïcité républicaine en chef d’Etat impartial, montrant ainsi le souci d’apaiser les tensions intérieures.

Gül est le premier dirigeant issu de la mouvance islamiste à accéder à la présidence de la Turquie, pays à forte majorité musulmane où l’armée se pose en gardienne du système laïque.

Le général Yasar Büyükanit, chef d’état-major des forces armées, a accusé lundi des « centres du mal » de chercher à détruire la république laïque, laissant ainsi entendre que les militaires ne resteraient pas passifs au cas où le principe de la séparation de l’Etat et de la religion leur semblerait menacé.

« Abdullah Gül, ayant obtenu la majorité absolue au troisième tour, est élu 11e président de la Turquie avec 339 voix », a annoncé le président du Parlement, Koksal Toptan.

Le troisième tour de scrutin se décidait à la majorité simple, alors que la majorité des deux tiers était requise lors des deux premiers. Le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir occupe 341 sièges sur 550. Deux autres candidats briguaient aussi la présidence de la République.

« Tant que je serai en fonctions, je rassemblerai tous nos concitoyens sans aucun préjugé », a déclaré le président élu dans son discours inaugural après avoir prêté serment.

Il a promis de défendre les principes de la laïcité, en notant qu’ils garantissaient aussi la liberté de culte, et a également dit que la Turquie devait poursuivre ses efforts sur la voie d’une adhésion à l’Union européenne.

SYMBOLE RELIGIEUX

Gül, diplomate dont la réputation s’est solidement établie depuis la victoire électorale de l’AKP en 2002, a contribué à l’ouverture de pourparlers d’adhésion avec l’UE.

Il entend parler au nom de tous les Turcs mais inspire de fortes réserves à l’armée, qui soupçonne l’AKP de nourrir secrètement un programme islamiste. Nombre d’observateurs pensent toutefois que Gül, qui a rompu en 1999 avec un parti islamiste, s’emploiera à éviter une épreuve de force.

« Il ne faut pas s’attendre à des initiatives radicales avec un président comme Gül. Ses adversaires, qui craignent cela de lui, seront surpris, et ceux de ses partisans qui tablent sur des mesures radicales seront déçus », selon l’universitaire Cengiz Candar.

La Commission et le Parlement de l’Union européenne ont salué l’élection de Gül en la jugeant propre à redynamiser les pourparlers entre la Turquie et l’UE. « Un nouveau gouvernement va arriver au pouvoir et pourra reprendre le travail avec un mandat populaire clair », a noté José Manuel Barroso, président de la Commission.

Le Premier ministre Tayyip Erdogan a indiqué qu’il soumettrait mercredi son nouveau cabinet à l’approbation du président élu. On s’attend à ce que le gouvernement accentue sa politique de réformes politiques et économiques.

L’élite laïque et les généraux turcs, qui ont renversé quatre gouvernements depuis 1960, se méfient du passé islamiste de Gül et s’inquiètent notamment de voir son épouse porter le foulard islamique au palais présidentiel de Cankaya.

Le foulard islamique est pour beaucoup un symbole provocant de l’influence religieuse éradiquée de la vie publique par Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la république moderne édifiée sur les ruines de l’empire ottoman.

MANIFESTATION DEVANT CANKAYA

« Ma mère n’ira pas (au Parlement) », a déclaré le fils de Gül, Mehmet Emre, selon l’agence anatolienne de presse. Propos qui laissent penser que l’épouse du nouveau président, Hayrunnisa, cherche à éviter la controverse.

Mais selon un sondage réalisé pour le journal Milliyet, 72,6% des personnes consultées jugent normal que l’épouse du président porte un foulard de tête, contre 19,8% qui en seraient gênées.

Par contraste avec les cérémonies d’investiture passées, le Parti républicain du peuple (CHP), première formation d’opposition, la haute hiérarchie militaire et une partie de l’élite laïque ont boycotté la prestation de serment de Gül.

Quelques centaines de partisans de la laïcité ont protesté devant le palais de Cankaya, placé sous haute surveillance, au cri de « la Turquie est laïque et le restera ».

A Kayseri, ville natale du 11e président de la République turque, des milliers de personnes sont en revanche descendues dans la rue pour manifester leur joie.

Quant aux marchés financiers, ils ont été malmenés par la faiblesse des places mondiales et la mise en en garde de l’armée. La livre turque n’a en revanche guère bougé après le vote du nouveau président de la République, reculant à 1,3290 pour un dollar.

La première tentative d’élection de Gül à la présidence avait été contrecarrée par l’opposition laïque en avril. La crise politique qui avait suivi a débouché sur des élections législatives remportées haut la main par l’AKP.

A Washington, le département d’Etat a salué mardi un « exercice de démocratie » favorisant le développement de la vie publique turque sur ce terrain.

L’accession de Gül à la tête de l’Etat parachève la conquête par l’AKP des postes clés de la hiérarchie politique turque.

raffi
Author: raffi

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