L’écrivain et prix Nobel de littérature allemand Günter Grass, au centre d’une polémique l’été dernier après qu’il eut révélé son passé dans les Waffen-SS, avait indirectement mentionné cet épisode dès 1968 sur une radio allemande, révèle Radio Bremen.
Interrogé par la journaliste littéraire Irmgard Bach, en 1968, dans le cadre d’une série d’émissions intitulée « Quand j’avais 17 ans », Günter Grass avait alors expliqué comment il avait été envoyé, début 1945, sur le front de l’Est, au sein d’une unité très hétérogène, dans laquelle combattaient notamment des Waffen-SS, a indiqué jeudi la radio publique, en se fondant sur ses archives.
« J’ai été envoyé au début 1945 sur le front de l’Est, qui était alors en Silésie, et puis à la fin j’ai été affecté à la zone de combat autour de Berlin », expliquait l’écrivain dans cet entretien.
« Cette unité, ou ces unités changeantes, dans lesquelles j’étais, c’était ce qu’on appelait des compagnies de marche (Marschkompanien, ndlr), dans lesquelles on avait mélangé des jeunes de 16, 17 ans, avec des vieux de 50 ou 60 ans, des restes du Volkssturm (troupes formées à partir de septembre 1944 avec des enfants, des vieillards ou des malades, pour combler les défaillances de l’armée nazie alors en difficultés, ndlr), et des appelés de la Waffen-SS », avait ajouté Günter Grass, selon des extraits de l’entretien que la radio doit rediffuser vendredi matin, 39 ans plus tard.
L’écrivain engagé à gauche, âgé aujourd’hui de 79 ans, avait admis en août dernier, dans son livre autobiographique « En épluchant les oignons », son enrôlement dans les Waffen-SS à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l’âge de 17 ans.
Cette révélation avait suscité un flot de critiques en Allemagne et ailleurs dans le monde, la plupart des commentateurs reprochant surtout à l’écrivain le caractère tardif de cet aveu.