Jeudi 22 avril, en début de soirée, invité à s’exprimer par Charjoum via Zoom sur la problématique de la reconnaissance du génocide arménien et ses réparations, l’éditorialiste américain Harut Sassounian, directeur de publication du California Courier, s’exprimant en français, a répondu à plusieurs questions.
En premier lieu il a rappelé les avancées américaines depuis 1951 sur la question de la reconnaissance du génocide, indiquant que si le président Biden le reconnaissait à son tour le 24 avril, cela encouragerait la Grande-Bretagne et Israël à le reconnaître également. Ronald Reagan avait prononcé le mot génocide en 1981. Mais cette fois cela pourrait mener à une loi fédérale. Puis il s’est attelé à démontrer que seuls des procès contre la Turquie seraient susceptibles de changer la donne.
« Il s’agit de revendiquer nos droits », a-t-il martelé. Selon lui la reconnaissance est une chose, mais il s’agit aujourd’hui et pour les générations qui suivent de « se concentrer sur les demandes en réparations économiques et territoriales ».
« Dans l’objectif de revendiquer nos droits », dit-il, « nous devons saisir les cours internationales et la Cour européenne des droits de l’homme avec le soutien d’experts en droit international.
A la question « Pourquoi l’Arménie n’a -t-elle pas engagée de procès contre la Turquie ? », Harut Sassounian s’est dit désolé d’observer que les leaders arméniens ne sont pas des experts en relations internationales. De plus « Ils ont au contraire voulu établir des liens amicaux avec la Turquie. Ce qui est incompréhensible à comprendre et inacceptable. » Mais il a également noté que l’Arménie a vécu plusieurs drames depuis 1991 qui l’ont probablement empêchée d’avancer », accorde-t-il.
Pour lui, et selon les experts interrogés, nous nous trouvons dans le même cas que pour la Shoah. « Il s’agit du même concept, même si le génocide s’est produit avant la Convention de 1948. »
Pour conclure, Harut Sassounian a lancé implicitement un appel à la jeune génération et aux suivantes, car « nous avons besoin de temps pour récupérer ce que nous avons perdu. » Raison pour laquelle le combat sera encore long. « Le monde n’est pas figé », dit-il. « La Turquie peu peut-être se renforcer, mais également s’affaiblir. »
Répondant à une question demandant quel rôle pourrait jouer les arméniens de la diaspora, Harut Sassounian, sans trop y adhérer lui-même, indique que chaque pays abritant des Arméniens pourrait évidemment harceler la Turquie par de multiples procès aux fins de la déstabiliser. Mais la légitimité d’engager une procédure internationale à l’encontre de la Turquie, revient, selon l’éditorialiste, à l’Arménie elle-même avec l’aide d’experts incontestés en matière de droit international, et dont les appointements seront à la hauteur de l’enjeu. « Il ne peut n’y avoir de faux pas », a-t-il affirmé.
Jean Eckian
Author: Jean Eckian
Ancien journaliste reporter d’images, Jean Eckian devient Directeur Artistique des sociétés discographiques CBS et EMI Pathé-Marconi. Il a par ailleurs réalisé de nombreuses photos de pochettes de disques. Directeur de Production de films publicitaires (Europe 1, Citroën) et réalisateur de films institutionnels et de reportages (Les 90 ans du Fouquet’s, l’Intégration…), il écrit ensuite pour la presse de la Chanson et anime sur MFM les émissions "Les Histoires d’Amour de l’Histoire de France" et un éphéméride du siècle passé en chansons (Alors Raconte). Co-organisateur du disque "Pour toi Arménie" avec Charles Aznavour et Levon Sayan, Jean Eckian est aussi l’auteur du livre "Vous êtes nés le même jour que…" Il écrit aujourd‘hui pour la presse de la communauté arménienne de France et de l’étranger et a créé le Mémorial Mondial du Génocide des Arméniens sur internet.
